Controversé de nos jours car « homme d’une autre époque », le Général de Gaulle n’en demeure pas moins l’une des personnalités, si ce n’est la personnalité, qui a le plus marqué le XXe siècle en France. Militaire, homme d’Etat, père de famille… Cultea a choisi de retracer son parcours en dix points qui ont fait de lui l’homme qu’il était : Charles de Gaulle.
1 – La naissance et l’enfance de Charles de Gaulle
Pour la petite anecdote, Charles est né le même jour que son père : un 22 novembre.
Issu d’une famille bourgeoise vivant à Paris, il voit le jour dans la maison de ses grands-parents maternels en 1890, à Lille, comme le veut la tradition familiale. Cette maison, où Charles ira régulièrement tout au long de son enfance, est aujourd’hui un musée.
Issu d’une famille traditionnelle et catholique, Charles de Gaulle sera élevé dans l’amour de l’Etat et de la patrie. C’est donc en toute logique qu’il décide de faire carrière dans l’armée. Il postule à la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr et y est accepté l’année ses 18 ans. Il ira en tant qu’élève officier faire ses armes au 33e régiment d’infanterie d’Arras, dirigé par un certain colonel Pétain. Une fois ses études terminées, il retournera exercer ses fonctions à Arras.
2 – La Première Guerre mondiale
Celui que l’on appelle désormais le lieutenant de Gaulle est mobilisé dès le début de la guerre. Il sera blessé à trois reprises et fait prisonnier par les Allemands. Malgré ses nombreuses blessures, de Gaulle est un homme obstiné par la patrie et reviendra toujours au combat. Il est ainsi fait capitaine en janvier 1915.
Lors de la bataille de Douaumont, en mars 1916, il sera fait prisonnier par le camp adverse et envoyé en Allemagne dans une citadelle bien gardée. Toujours obstiné par l’idée de défendre son pays, il tentera de s’évader par cinq fois. Il ne retrouvera sa liberté qu’une fois l’armistice signée, le 11 novembre 1918.
Il recevra la légion d’honneur le 23 juillet 1919, ainsi que la croix de guerre pour son action lors de cette guerre de 14-18.
3 – Charles de Gaulle, mari et père de famille
Comme dans beaucoup de familles bourgeoises de l’époque, le mariage de Charles est un mariage arrangé. L’heureuse élue est Yvonne Vendroux, issue d’une autre famille de la bourgeoisie du Nord. Le mariage est célébré le 7 avril 1921. Malgré l’arrangement de départ, il s’avérera être un mariage d’amour et de tendresse entre les deux époux. De cette union naitront trois enfants :
- Philippe, né le 28 décembre 1921
- Elisabeth, née le 15 mai 1924
- Anne, née le 1er janvier 1928 et atteinte de trisomie 21
Il gardera avec sa fille Anne un lien très particulier. Toujours à l’affut pour s’occuper au mieux de cette enfant, il lui accordera beaucoup de temps.
Charles de Gaulle avait pour habitude de dire qu’il développait sa force et sa détermination grâce à sa fille, Anne. Elle était pour lui un modèle de résilience. Sa mort, en 1948, le marquera à vie d’une certaine tristesse et d’un profond manque.
4 – Une idée de modernité pour l’armée
Charles de Gaulle est persuadé d’une chose : si revanche il y a du côté de l’Allemagne, la guerre ne sera plus comme celle de 14-18. L’armée française doit donc se moderniser. Elle doit utiliser les nouveaux moyens technologiques émergents.
Il est affecté au secrétariat de la Défense Nationale en 1931, grâce notamment à l’appui de Pétain. Il se rapproche alors des affaires de l’Etat. Pendant ces années-là, il écrira plusieurs livres dont Vers l’armée de métier en 1934. Il y prône la nécessité d’utiliser les nouveaux blindés dans l’armée.
C’est d’ailleurs à l’occasion de l’écriture d’un livre qu’il se brouillera définitivement avec Pétain. Ce dernier n’était pas d’accord non plus avec son idée d’armement. Les deux hommes ne se reverront presque plus jusqu’en 1940.
De Gaulle ne sera que très peu écouté sur ce sujet en France. Pourtant, de l’autre coté du Rhin et malgré l’interdiction d’avoir une armée, une armada de blindés se prépare…
5 – Les débuts de la Seconde Guerre mondiale
Le 1er septembre 1939, lorsque la guerre éclate, Charles est colonel. Il dirige le 507e régiment de chars de combat de Metz. Il s’illustre à de nombreuses reprises grâce à ses blindés, démontrant ainsi qu’il avait raison de croire en cette technologie.
Malheureusement, il est trop tard pour que la France puisse s’armer face à l’Allemagne d’Hitler. Le combat s’annonce donc rude et inégal.
Il sera nommé général, titre sous lequel on le connait, le 1er juin 1940. Le général veut y croire, il est profondément attaché à son pays et refuse l’idée d’échec face à l’Allemagne. Cela va contre l’éducation patriotique qu’il a reçue.
6 – La fuite vers Londres et le combat pour la France Libre
Le 16 juin 1940, le général apprend la démission du président du conseil, la nomination du Maréchal Pétain et la demande d’armistice. Horrifié à l’idée que la France puisse se rendre, il part pour Londres et rencontre son futur grand allié : Winston Churchill. Le 17 juin, Pétain s’adresse aux Français pour annoncer l’armistice et demander de poser les armes.
Le général ne peut s’y résigner ! Le 18 juin, à son tour, il s’adresse aux Français pour la première fois et leur propose de le rejoindre à Londres afin de continuer le combat. Il multipliera les allers-retours entre Londres et l’Afrique pour s’assurer de nouveaux soutiens.
Mais son plus grand combat sera diplomatique : celui de garder une partie entière de la France dans le camp des alliés, grâce aux Forces Françaises Libres. Ayant des relations parfois tendues avec Churchill et Roosevelt, il fait tout pour conserver les intérêts de la France, même après une potentielle victoire.
En 1944, juste après le débarquement, il réussira à imposer aux Américains que ce soit un Français, le général Leclerc, qui libère Paris. Le 8 mai 1945, l’armistice est signé avec l’Allemagne, et la France fait bien partie des alliés vainqueurs.
7 – Après la guerre : Charles de Gaulle est-il toujours l’homme providentiel ?
Après la guerre, de Gaulle est considéré comme le dirigeant de la France. Un gouvernement d’unité nationale est institué le 9 septembre 1944, sous la présidence du général.
De Gaulle cherchera à moderniser la France, en accordant le droit de vote aux femmes par exemple. Il sera aussi poussé par ses collègues socialistes et communistes, à nationaliser de nombreuses entreprises comme la Banque de France et à mettre en place la sécurité sociale. Mais il est tombe très vite en désaccord avec cette assemblée constituante trop hétéroclite. Il claque donc la porte en 1946.
En 1947, il fonde un parti : le Rassemblement du Peuple Français (RPF). Il s’oppose à la guerre des partis, trop vive lors de la IVe République. De Gaulle souhaite moderniser la politique française. Il sera suivi par des amis résistants, comme Jacques Chaban-Delmas. Mais au fil des années, son influence s’affaiblira.
En 1955, le RPF s’efface peu à peu, après de mauvais scores aux dernières élections. De Gaulle se retire alors de la vie publique et politique. Il en profitera pour écrire dans sa maison, à Colombey-les-Deux-Églises, ses mémoires, sources précieuses pour les historiens d’aujourd’hui.
8 – Le retour triomphant du général
En 1954, la guerre pour l’indépendance de l’Algérie éclate. Il n’en faut pas plus à la IVe République pour vaciller définitivement. Suite à des tensions en Algérie, un comité de salut public est créé en mai 1958. À sa tête, le général Salan appelle le général de Gaulle.
Tout s’enchaine vite. Le 29 mai, René Coty, alors président de la République, fait appel « au plus illustre des Français ». Le 1er juin, il devient donc président du conseil. Il reçoit les pleins pouvoirs pour travailler sur une nouvelle constitution et en finir définitivement avec la IVe République. C’est ainsi que naitra la Ve République, acceptée par les Français par référendum la même année et encore en vigueur aujourd’hui.
Le 21 décembre 1958, il est élu premier président de la Ve République, mais au suffrage universel indirect. Il doit régler au plus vite la crise en Algérie et propose aux Français (encore par referendum) « l’autodétermination » de l’Algérie. Les Français diront oui, à 75%.
Pour le contrer, des hauts militaires tentent un putch en Algérie en 1961 : c’est un échec. Les accords d’Evian établissant l’indépendance de l’Algérie seront signés le 22 mars 1962. Suite à cela, de Gaulle échappe de peu à un attentat, dit du petit Clamart, en mai.
Cette même année, Charles de Gaulle instaure un système d’élection plus démocratique : au suffrage universel. Encore une fois, il fait appel aux Français pour ce choix et obtient plus de 62% de « Oui » à son référendum.
9 – Son dernier challenge
Charles de Gaulle a vécu pendant 22 ans pour la France et pour l’amour des Français. Alors même s’il laisse planer le doute quelque temps, il se présente à l’élection présidentielle de 1965. Il veut être élu par les Français. Il sera donc le premier président choisi au suffrage universel.
Le général est opposé au second tour à François Mitterrand. Il l’emportera avec 54,8% des voix. Il ne le sait pas encore, mais il va devoir faire face à une insurrection nouvelle en France, communément appelée « Mai 68 ».
Tout part des étudiants, qui sont très vite rattrapés par les syndicats et les partis de gauche, qui y voient une belle opportunité de s’opposer au président. Ils lancent une grève générale, largement suivie par les ouvriers et qui durera tout le mois de mai. En pleine période des « Trente Glorieuses », de Gaulle ne comprend pas cette crise et encore moins l’implication des étudiants.
La « nuit des barricades », du 10 au 11 mai, scellera de convaincre des milliers de Français qui se rallieront contre le gouvernement lors d’une manifestation le 13 mai qui suit.
Le général tente alors un coup de poker et s’en va sans rien dire à personne à Baden-Baden rejoindre son ami résistant, le général Massu. Personne ne sait où est le chef de l’Etat, c’est la panique en France.
Le général revient en France, fait un discours et annonce la dissolution de l’Assemblée. Choix risqué, mais qui lui sera profitable puisque la droite emporte 354 sièges sur 487 à pourvoir. Preuve est faite que les Français le soutiennent encore.
10 – La fin d’un destin lié à la France
Adepte des référendums, le général en met à nouveau un en place en 1969. Il y propose notamment de déconcentrer certains pouvoirs de l’Etat vers les régions. Il y met également sa place en jeu : si les Français disent « Non », il partira.
Le « Non » l’emporte par 52,4% des voix. Le président, alors âgé de 79 ans, tient sa parole et quitte le pouvoir pour se retirer à Colombey-les-Deux-Eglises aux côtés de sa femme, Yvonne.
Ayant tout donné pour la France pendant presque 30 ans, le général cesse toute activité liée à l’Etat. Le général de Gaulle est redevenu Charles. Il s’éteint ainsi dans son domaine, le 9 novembre 1970 à l’aube de ses 80 ans.
Charles de Gaulle sera, comme il l’avait indiqué lors de ses dernières volontés, enterré aux côtés de sa fille, Anne. Il ne souhaitait pas de cérémonie officielle avec des membres du gouvernement ou chefs d’Etat à son enterrement, ce qui privera son ami Georges Pompidou (qui lui avait succédé) d’assister à cette cérémonie.
Une messe sera toutefois organisée à Notre-Dame de Paris en son honneur, réunissant cette fois-ci les grands de son monde ainsi que 3 000 Français souhaitant lui rendre hommage. Quelques autres milliers s’étaient amassés devant le parvis de la cathédrale pour ce dernier adieu.
Voix porteuse d’espérance en 1940, homme victorieux pour la France en 1945 et président de 1958 à 1969… Charles de Gaulle aura marqué son temps et son époque, mais pas seulement. Aujourd’hui, il est entré dans la mémoire collective et est considéré comme l’un des personnages historiques les plus connus et populaires du pays.
Sources :
- Biographie de Charles de Gaulle
- Charles de Gaulle – Larousse
- Charles de Gaulle – Wikipédia
- Général de Gaulle – France Culture
- Charles de Gaulle : biographie du grand Charles de la guerre à Mai 68 – L’internaute
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