L’homme a de tout temps emmené des animaux avec lui sur les champs de bataille. Le premier, presque évident, est le cheval qui lui servait de monture. Dans des gabarits plus petits, certains s’accompagnaient d’oiseaux ou de chiens. À l’inverse, Hannibal s’amusait avec des éléphants ! L’histoire que l’on va vous raconter ici sort un peu de ce cadre. En effet, le rapport traditionnel entre l’homme et l’animal est rationnel, et surtout fonctionnel. On ne ramène pas une bête au front si celle-ci n’a pas d’utilité. Il y a bien le cas des mascottes certes, mais ces dernières sont souvent plutôt « compactes ». L’histoire d’aujourd’hui va vous raconter les actes de bravoure d’un authentique soldat luttant contre le nazisme. Découvrez l’ours Wojtek.
La Seconde Guerre mondiale
En septembre 1939, dès le début de la guerre, la Pologne est envahie par l’Allemagne. Après avoir lutté comme un lion, l’armée polonaise est vaincue, non sans avoir lourdement saigné les troupes allemandes. Le territoire national est alors partagé entre l’Allemagne nazie à l’ouest et l’Union soviétique à l’est. Un gouvernement polonais provisoire, en exil, se forme alors en Grande-Bretagne. De plus, on établit un service de renseignements, ainsi que de nouvelles forces armées en dehors de la Pologne. Les Polonais s’investissent énormément aux côtés de l’Angleterre et des États-Unis, tout au long du conflit.
Avant l’occupation de son territoire, le gouvernement provisoire fait quitter le pays à une partie de ses troupes pour les convoyer vers la France. Là-bas, elles se réorganisent et préparent le match retour contre l’armée allemande. Défaites une seconde fois, les troupes sont exfiltrées direction la Grande-Bretagne au nord et l’Iran au sud. 80 000 hommes sont alors réunis au Moyen-Orient et passent sous commandement britannique. Dans les faits, c’est le général polonais Wladyslaw Anders qui les dirige.
Attendre les ordres
En Iran, les hommes s’entraînent et attendent leurs ordres. En effet, ils passent leurs journées dans des camps militaires temporaires, à proximité de villes iraniennes. Ainsi, en 1942, près de la ville d’Hamadan, un jeune garçon rencontre un ourson abandonné. Il embarque l’animal et l’emmène en ville. Les soldats stationnés regardent alors avec amusement ce petit ourson brun et proposent au jeune garçon de le troquer contre des conserves de viande. L’ours devient immédiatement une attraction, amusant civils et soldats. Il devient en quelque sorte la mascotte des troupes polonaises stationnées dans la région.
Wojtek, l’ours soldat
Devant la bonne humeur que semble apporter l’animal, on décide de l’intégrer officiellement à l’armée. Il est baptisé « Wojtek » (Wojownik « guerrier » + ciech « joie »). Ainsi, il devient soldat de la 22e compagnie de ravitaillement d’artillerie du deuxième corps d’armée polonais.
Dans ses jeunes années, l’ourson a du mal à avaler et on le nourrit au lait en bouteille. Lorsqu’il grandit, on se met à lui donner des fruits, de la marmelade et du miel. De plus, par mimétisme, l’ours reprend des comportements des soldats. Ainsi, il se met à consommer régulièrement de la bière et fumer (ou plutôt manger) des cigarettes. En tant que soldat, notre nounours couche sous les tentes avec les autres et participe à l’entraînement au corps-à-corps. Certains témoignent d’ailleurs que l’ours vous léchait le visage en cas de défaite, pour s’excuser de vous avoir heurté.
Des soldats du régiment témoignent de son affection, mais aussi de son utilité… En effet, l’animal ayant une carrure imposante (1,80 m pour 220 kg), il pouvait soulever seul des caisses de munitions que quatre hommes auraient dû porter.
Wojtek à la guerre
Le 22 août 1942, le général Anders rencontre Winston Churchill qui les envoie en Irak pour s’entraîner. Wojtek est évidemment du voyage ! Il traverse ainsi l’Irak, la Syrie, la Palestine, puis l’Égypte.
Début 1944, les troupes polonaises prennent la mer direction la côte italienne. Peu après le débarquement à Anzio, le conflit s’enlise. Débute alors la bataille de Monte Cassino, décisive pour percer une voie vers Rome. Wojtek fait preuve de bravoure exceptionnelle en transportant à pattes nues des obus de 11 kg pour les charger dans les canons. Cette image est forte et deviendra l’emblème du régiment. On nomme même Wojtek caporal pour ses états de service.
Après le conflit
Après la guerre, le régiment part pour l’Écosse. C’est d’ailleurs au zoo d’Édimbourg que Wojtek finira sa vie de héros, après avoir été démobilisé en 1947. Il décédera à l’âge de 22 ans en 1963. Une statue à son effigie trône aujourd’hui dans un parc de la capitale écossaise.
Voilà donc le récit exceptionnel d’un ours tout aussi exceptionnel. Wojtek, caporal de l’armée polonaise, fut un véritable héros de la Seconde Guerre mondiale.
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