Le Batok, tatouage traditionnel des Philippines, va-t-il disparaître ?

Le Batok, tatouage traditionnel des Philippines, va-t-il disparaître ?

Les Philippines sont un pays d’Asie du Sud-Est, à l’ouest du Pacifique. Ses 7 000 îles paradisiaques regorgent de coutumes ancestrales artistiques. Passant des jeepneys au tinikling, le Batok (ou tatak), tatouage traditionnel des Philippines, en fait aussi partie. Cet art, pratiqué depuis des millénaires dans la région de Kalinga au nord de l’archipel dans la communauté Butbut, est cependant sur le point de disparaître. 

Le Batok, le tatouage traditionnel des Philippines par Apo Whang-Od.
Une personne courageuse se faisant tatouer par Apo Whang-Od aux Philippines.

Qu’est-ce que le Batok ?

Le Batok est né dans le nord des Philippines, il y a plus de 1 000 ans. Les guerriers et les femmes de la tribu Butbut se faisaient tatouer des symboles tribaux. Ces tatouages devaient leur porter chance dans le mariage ou les batailles.

La technique n’est pas sans douleur ! Il faut faire pénétrer du charbon sous la peau avec une épine de calamondin sur une tige en bambou. Pour préparer l’encre, on doit récurer de la suie et la mélanger avec de l’eau dans une noix de coco. Puis, on martèle le liquide avec un tubercule de patate douce pour que le mélange soit le plus fin possible. On utilise ensuite une tige avec un grain de riz pour tracer le motif. Vient le moment de piquer la peau en tapotant sur la partie du corps souhaitée à une grande vitesse. Âme sensible s’abstenir ! 

Le Batok, le tatouage traditionnel des Philippines par Apo Whang-Od.
Apo Whang-Od est la gardienne de la technique ancestrale du Batok.

Pourquoi cet art est-il menacé ?

Depuis plus de 70 ans, Apo (mot qui signifie « grand-mère » de manière plus respectueuse en tagalog) Whang-Od, âgée de bientôt 104 ans, est la dernière personne de la région à pratiquer le Batok aux Philippines. Elle tatouait les guerriers et les femmes du peuple indigène de Butbut à Buscalan, Kalinga, depuis l’âge de 15 ans. Mais ces guerriers, qui protégeaient les villages en tuant des ennemis, n’existent plus.

Malgré cela, Apo Whang-od continue de pratiquer son art traditionnel sur les touristes qui visitent Buscalan. Les mambabatoks (tatoueurs) ne peuvent enseigner leur art qu’à l’un de leurs descendants, et comme elle n’a pas d’enfants, Apo Whang-Od pourrait être la dernière mambabatok dans la province Kalinga.

Le Batok, le tatouage traditionnel des Philippines par Apo Whang-Od.
Apo Whang-Od et ses tatouages traditionnels, photographie de l’exposition Tatoueurs tatoués au Quai Branly.

L’histoire d’Apo Whang-Od

Apo Whang-Od a appris son métier à l’adolescence par son père, considéré comme un maître du tatouage dans la région. Coutumes ancestrales artistiques ayant une ascendance particulière dans le tatouage coutumes ancestrales artistiques. Elle fait exception à cause de son talent et du potentiel que son père a vu en elle. Plus tard, les apprentis sélectionnés par Apo Whang-od se composaient uniquement de femmes. Elle rompt ainsi la tradition pour la première fois dans l’histoire de Kalinga. Ce que sa communauté accepta. À chacune de ses créations, il y a une symbolique forte autour de la culture mambabatok. Et comme tous les tatoueurs traditionnels de sa région, lorsqu’elle s’exerce sur un membre de sa tribu, elle prédit également l’avenir de la personne. Ce qu’elle ne fait pas pour les touristes.

Son art fut mis en avant en 2013 dans l’émission Tattoo Hunter, diffusée sur la chaîne Discovery Channel et présentée par Lars Krutak. Apo Whang-Od a également été présentée durant l’exposition Tatoueurs tatoués au musée du Quai Branly – Jacques Chirac, il y a quelques années.

Qui prendra la relève d’Apo Whang-Od ?

Outre les apprentis qui ne sont pas membres de la tribu, Apo Whang-Od a également initié sa petite nièce Grace Palicas à l’art ancestrale du Batok. Depuis l’âge de 10 ans, elle reçoit une formation approfondie pour apprendre les archives des dessins anciens, et a établi une alliance indispensable entre coordination et technique, afin de pouvoir effectuer les 100 petits traits nécessaires à un tatouage.

Mais bonne nouvelle également du côté de l’Île-de-France. Si vous souhaitez vous faire tatouer le Batok, le tatouage traditionnel des Philippines, Jay Sampaguita, tatoueuse parisienne, est spécialisée dans cette technique. 

 

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