« Jojo Rabbit » : une comédie décalée et émouvante [critique]

"Jojo Rabbit" : une comédie décalée et émouvante [critique]

Après son excellent Thor : Ragnarok, le cinéaste Taïka Waititi est revenu en 2019 pour nous offrir une aventure pas comme les autres. Jojo Rabbit est un petit bijou d’humour, porté par un casting imposant notamment composé de Scarlett Johansson et Sam Rockwell.

Jojo Rabbit : Un second degré intelligent

La grande force de Jojo Rabbit réside évidemment dans ses ressorts comiques géniaux. Taïka Waititi est hilarant dans la peau d’Hitler, ami imaginaire du jeune Jojo. À grands coups de mimiques, d’une démesure gestuelle et d’un humour potache, il crève l’écran à chacune de ses apparitions. Le cinéaste campe un personnage extrêmement drôle dans sa manière d’évoluer avec le monde réel. Avec un jeu qu’il emprunte parfois aux expressions de Robert Downey Jr. et au burlesque de Chaplin, sa présence est explosive, ce qui crée un sérieux manque lors de ses absences. L’acteur/réalisateur est tellement imposant dans la première partie du film que, lorsqu’il n’est plus là, la dynamique perd parfois du souffle. D’ailleurs, la transition vers la seconde partie du long-métrage, qui voit le personnage relégué au second plan, souffre d’un léger ventre mou.

Il est aidé par des personnages secondaires parfaitement écrits. Scarlett Johansson est rayonnante, et offre une prestation presque inédite dans la peau d’une mère aimante. Figure maternelle solide, elle insuffle du rythme, qui permet de remplacer la force développée par le personnage de Taïka Waititi. Elle impose un style bien à elle et trouve la quintessence de son jeu quand elle doit à la fois jouer son propre rôle, mais également celui de son défunt mari, le temps d’une courte scène parfaitement maîtrisée. Elle est toujours très juste, à l’image du film, quelque part entre comédie et drame. Sam Rockwell n’est pas en reste, dans la peau d’un soldat nazi pas comme les autres. Homosexuel inavoué, excentrique, convaincant et surtout très altruiste, il est terriblement attachant. Comme souvent, il campe un personnage ambigu, qui évolue énormément au cour du long-métrage.

Évidemment, Jojo Rabbit est à prendre comme une satire. Taïka Waititi ne cherche pas à rendre Hitler sympathique. Au contraire, il veut mettre en avant, avec humour et décalage, les dangers de la propagande, en l’occurrence nazie, sur l’esprit de notre jeunesse. Il veut mettre en exergue la menace de l’endoctrinement infantil. Ici, Hitler est la représentation de l’esprit facilement influençable du jeune protagoniste. Le second degré est évidemment de mise pour la bonne compréhension de Jojo Rabbit.

Jojo Rabbit est une comédie parfaitement menée, s’inspirant parfois du cinéma de Wes Anderson. Notamment à travers des dialogues absurdes et des personnages secondaires intéressants. Les ressorts comiques sont créatifs, surtout grâce à ses infimes petits détails. Taïka Waititi a une vision passionnante de l’humour, qui mélange modernité et burlesque old school. Mais il ne délaisse pas l’émotion. Petit à petit, il offre une certaine transition, pour ne pas édulcorer la violence de la Seconde Guerre mondiale. Un réalisme dramatique qui crée ainsi une autre dynamique dans le dernier tiers. Grâce à ses personnages secondaires parfaitement écrits, il parvient à insuffler une énergie émotionnelle touchante.

Jojo Rabbit est donc une brillante comédie. Taïka Waititi est absolument génial dans la peau de ce faux Hitler. Il gère parfaitement ses ressorts comiques tous excellents et parvient à offrir quelques passages émotionnels intéressants. Malgré un léger ventre mou, c’est globalement génial. 

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