La Révolution française est l’une des périodes de bouleversement historique les plus majeures de l’histoire de France. Elle fait frissonner les monarchies étrangères de l’époque qui ne savent pas comment réagir face à ce grand royaume en proie au soulèvement du « peuple ». En 1790, Louis XVI finit pourtant par approuver le texte de la première Constitution…
Louis XVI, le roi qui ne devait pas régner
Nous sommes en 1774, Louis XVI monte sur le trône. Le frère aîné de Louis XVI, le duc de Bourgogne est mort à neuf ans des suites d’une mauvaise chute, propulsant son petit frère sur le trône. Ce dernier n’est donc pas prêt à régner. Il n’a pas la bonne éducation politique, il complexe sur son physique dont on se moque et possède un caractère timide, préférant souvent se réfugier dans son atelier à faire des serrures plutôt que d’être à la cour… Les débuts de Louis XVI sur le trône sont donc compliqués.
Le jeune roi est vulnérable au milieu des 4 000 nobles de la cour. Il laisse par conséquent une large place aux coteries, des groupes de pression des courtisans.
L’opinion gronde contre les mauvais courtisans et contre Marie-Antoinette. Peu à peu, on ne l’appelle plus que l’« Autrichienne ». Elle a été élevée en Autriche avec des codes stricts, mais elle en a marre et se met à faire des promenades nocturnes, exprimant son désir de liberté.
Les caisses de l’État sont vides…
Mais Louis XVI fait fi des remarques qu’on lui assène. Il veut rompre avec l’image de l’ancien roi, mort détesté. Louis XVI choisit donc des ministres très réformateurs, comme Turgot, le contrôleur général des finances qui est l’incarnation même des Lumières. Mais il démissionne, la population gronde. Pas de chance pour les suivants : Necker, Calonne, Loménie de Brienne. Ils sont tous à la recherche de moyens pour alléger la dette de l’État et remplir ses caisses. Pour cela, il faut augmenter les impôts. Pour ce faire, le roi a besoin que le parlement enregistre ses édits. Mais ce dernier ne le fait pas.
Pour remplir les caisses de l’État, on peut aussi faire des emprunts, comme le décide Necker. C’est un protestant et un banquier. Il se sert de ça pour faire de nouveaux emprunts. Autre possibilité : réduire le train de vie de l’État, réduire le domaine royal et faire des économies sur la gestion publique.
Face à la fronde du parlement en 1788, hostile aux édits royaux, Louis XVI tente de reprendre le contrôle. Il exile certains parlementaires pour les « faire réfléchir », puis les rappelle. Le roi utilise ensuite le lit de justice. C’est une séance solennelle du parlement par laquelle le roi ordonne à cette assemblée d’enregistrer les édits et ordonnances qu’elle a contestés par l’usage de son droit de remontrance. Mais le parlement, cette fois, ne cède pas.
Le roi est alors contraint de solliciter les États généraux…
Les États généraux
En août 1788, Loménie de Brienne, principal ministre, convoque les États généraux pour le mois de mai suivant et les Français peuvent rédiger des cahiers de doléances. Cette convocation fait naître des espoirs démesurés. Tous les problèmes de la société sont évoqués dans les cahiers et ils attendent des reformes sur les impôts. Il y a une spontanéité d’expression et beaucoup de modèles de cahiers circulent depuis Paris, notamment depuis le Comité des Trente. Cette réunion de trente personnes se tient chez un noble libéral, Adrien Duport. On retrouve près de lui Mirabeau, Lafayette, Talleyrand, etc. À l’intérieur de ce comité, on réfléchit aussi aux reformes que l’on peut mettre en place.
On attend beaucoup de Louis XVI à l’ouverture des États généraux. Mais malheureusement, son discours déçoit… Il ne parle pas des reformes attendues.
Le serment du Jeu de Paume
Le tiers état se réunit au serment du Jeu de Paume le 20 juin 1789. Il jure de ne pas se séparer avant de faire une Constitution. Parmi cette réunion du tiers état, on trouve aussi le bas clergé comme l’Abbé Grégoire et une certaine noblesse. Les États généraux se transforment en Assemblée nationale constituante. Après le serment du Jeu de Paume, Louis XVI tente de reprendre la main le 20 juin et le déclare nul. Il ordonne aux trois ordres de siéger séparément. Il refuse aux députés le vote par tête…
Le roi essaie alors de faire des concessions en acceptant l’égalité fiscale, mais maintient les droits féodaux. On annonce la réorganisation de la justice et des douanes, ainsi que l’abolition totale du servage. Le roi dit également que les États généraux seront réunis pour voter le budget de l’État.
Mais les députés passent outre et jugent tout cela insuffisant. Le 9 juillet 1789 se proclame l’Assemblée nationale. Le 4 août, on abolit les droits féodaux, même s’il faut attendre 1793 pour que cela soit vraiment appliqué. Enfin, les députés adoptent la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le roi ne fait plus la loi, la première révolution a donc été une révolution constitutionnelle.
Entre fêtes et réformes
Des fêtes et actions symboliques et politiques vont suivre, comme la prise de la Bastille. Le peuple de Paris s’exprime, impose sa voix et s’attaque à un symbole de la monarchie française qui peut faire enfermer, grâce à des lettres de cachet, qui bon lui semble. C’est le symbole de l’absolutisme qu’on veut ainsi détruire.
Louis XVI vient alors à la capitale le 17 juillet pour dire « Je vous ai compris » à la municipalité parisienne, désormais dirigée par Bailly. Ce dernier accueille le roi et lui remet la cocarde. Le roi porte ainsi trois couleurs : Paris, Bleu et Rouge, et la royauté en Blanc. Louis XVI accepte la révolution municipale et partout des municipalités voient arriver des hommes nouveaux au pouvoir.
La révolution politique semble complète avec Paris, qui devient l’épicentre révolutionnaire. Le roi est relativement protégé de la critique comparé à ses ministres. Les députés, quant à eux, se veulent d’abord des représentants de leurs électeurs qu’ils appellent en 1789 des commettants. Ce sont ceux qui se sont exprimés dans les cahiers de doléances et continuent de le faire dans leur correspondance. Les députés sont en permanence en contact avec leurs électeurs.
Le vote de la Constitution civile
Il y a bien sûr des résistances. Les réponses du camp royal sont de deux sortes : ceux qui pensent que tout est perdu migrent dans d’autres pays, comme les frères du roi au lendemain du 14 juillet. La deuxième lutte est celle entretenue par la propagande dans les journaux.
En novembre 1789, les biens de l’Église sont nationalisés. Le clergé, par la voix de Talleyrand, propose cette solution pour combler la dette de l’État. En retour, l’Église ne peut plus financer les curés et la charité. En juillet 1790, les révolutionnaires votent la Constitution civile du clergé et révise la carte des diocèses et des paroisses. Ils font des prêtres des fonctionnaires payés par l’État, avec des salaires fixes pour les curés. On fixe les salaires des évêques, puisque l’Église ne peut plus se financer seule.
Certains se tournent vers Rome pour condamner cette Constitution civile. Mais entre temps, Louis XVI accepte le texte. Des lois sont bientôt votées contre le clergé réfractaire, mais aussi contre les émigrés. On interdit au roi de réunir des troupes autour de la capitale…
Le roi des Français
À cette période, il y a un changement de statut du roi. Le roi n’est plus dit « roi de France » mais « roi des Français ». L’existence du roi est donnée à la volonté populaire. Le 14 juillet 1790, à l’occasion de la fête de la Fédération, les députés jurent fidélité à la nation, à la loi et au roi, le nouveau triptyque de la monarchie constitutionnelle. Puis, le roi Louis XVI et la reine Marie-Antoinette prononcent également le serment de fidélité. Il y a un espoir d’unanimité. On semble croire, dans cette communion qu’il y a entre le roi et ses sujets, à la solidité d’un nouvel édifice.
Mais le 13 avril 1791, un décret du pape déclare la Constitution civile du clergé « hérétique et schismatique » ! Le roi Louis XVI, très pieux, prend peur et rompt son serment en fuyant avec sa femme et son enfant. À Varennes, on le reconnaît, on l’arrête…
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