Le nouvel Hollywood est une période marquante de l’histoire du cinéma mondial, entre tradition et modernité. Loin de la période de l’âge d’or contrôlée par les majors et une élite de producteurs (du budget au réalisateur en passant par le scénario), le nouvel Hollywood, ce sont avant tout des cinéastes d’horizons plus variés, du théâtre toujours, mais aussi de la télévision ou des universitaires (les Movies Brats par exemple).
À partir de la fin du code Hays en 1966, beaucoup de films mettent a l’affiche de nouveaux héros plus sulfureux, sans foi ni lois, de vrais méchants. C’est le cas pour Bonnie and Clyde d’Arthur Penn sorti en 1967, film de gangsters iconique mêlant violence et sexe, se finissant sur une exécution sanglante des deux héros. Prendre des gangsters pour héros, c’est aussi ça le nouvel Hollywood.
Le premier film du nouvel Hollywood est Le lauréat de Mike Nichols, réalisé en 1967. On y retrouve Benjamin joué par Dustin Hoffman, un héros anticonformiste passif et sans ambitions particulières qui entretient une liaison secrète avec une femme beaucoup plus âgée que lui. Une thématique empreinte de l’influence du mouvement hippie de l’époque, symbole d’une jeunesse en crise identitaire.
Ce film est l’occasion de montrer qu’il ne faut pas un immense budget pour créer des films à succès. Pour preuve, il est aujourd’hui l’un des films les plus rentables du box-office américain. Ces nouveaux cinéastes semblent faire mieux et moins cher tout en offrant à ce public jeune des personnages auxquels s’identifier.
Une partie du cinéma de ce nouvel Hollywood est influencée par les différents assassinats, depuis celui de Kennedy en 1963, et par l’instabilité politique latente du milieu des années 60. Tous ces évènements font naître un cinéma du soupçon et de la conspiration avec des cinéastes comme Alan J. Pakula. La guerre du Vietnam est aussi dans toutes les pensées, c’est d’ailleurs avec Apocalypse Now que le nouvel Hollywood entamera son déclin dès 1979.
Easy Rider de Dennis Hopper, réalisé en 1969, marque le début d’un des genres emblématiques du nouvel Hollywood : le road-movie. On y retrouve deux bikers qui font symboliquement une conquête de l’ouest à l’envers pour explorer l’Amérique profonde, et font le constat de tous ces laissés-pour-compte/marginaux conservateurs et racistes, figures d’une Amérique peu glorieuse, loin des valeureux cowboys de Ford. Des thématiques et des personnages qui sont d’une manière une revisite des codes du western classique, permettant à cette période de se situer dans une continuité du classicisme Hollywoodien, tout en cherchant une forme de réhabilitation de la véritable histoire du pays.
C’est dans cette volonté de réhabilitation que la représentation des Afro-américains à l’écran et derrière la caméra prend une place grandissante. Les femmes afro-américaines ne sont toujours pas affranchies du regard masculin, montrées le plus souvent dans des rôles stéréotypés visant à les sexualiser. Sidney Poitier fait lui office de précurseur, il sera le premier acteur noir à avoir un oscar, il jouera dans des films cultes comme Devine qui vient dîner ce soir ?, Dans la chaleur de la nuit et d’autres.
L’ancienne génération et la nouvelle génération de cinéastes se mélangent pour former le nouvel Hollywood : Francis Ford Coppola et Stanley Kubrick côtoient Steven Spielberg, Brian de Palma ou bien George Lucas.
Nouvelle génération d’acteurs aussi : Dustin Hoffman, John Voight, Jack Nicholson, Robert de Niro, quintessence de l’acteur studio. Ils jouent des personnages marginaux, des nouveaux archétypes. John Voight dans Macadam Cowboy (encore une conquête de l’ouest à l’envers) joue Joe Buck, un cowboy hasbeen qui se prostituera pour vivre la grande vie. Ce film traite aussi d’homosexualité, de masculinité toxique, d’inceste. Le personnage marginal par excellence restera celui de Travis Bickle interprété par Robert de Niro dans Taxi driver, un personnage névrosé par la guerre, insomniaque et dépressif, qui peu à peu tombera dans la folie la plus violente.
La période du nouvel Hollywood voit aussi des icônes comme Meryl Streep aborder des sujets comme la charge mentale des mères de famille dans Kramer vs Kramer de Robert Benton. Elle a elle-même écrit ce monologue culte qui fait office de véritable plaidoirie pour toutes les mères de l’époque, prenant au passage part à l’écriture du scénario. Martin Ritt parle aussi de libération sexuelle de la femme et d’inégalités salariales dans Norma Rae avec Sally Field, incarnant une jeune mère de famille travailleuse, syndiqué et en lutte.
La période du nouvel Hollywood est extrêmement prolifique. Woody Allen revisite les comédies, William Friedkin sublime le film d’horreur avec L’Exorciste, Stanley Kubrick porte le film d’épouvante au Panthéon des arts avec Shining. Une catégorie émerge au vu des différentes évolutions techniques : la science-fiction, des films qui vendent du rêve et de la magie, des super spectacles a l’image du Magicien d’Oz de Victor Flemming, un film issu du classicisme Hollywoodien. Ridley Scott démarre la série Alien, et évidemment George Lucas réalise le premier Star Wars en 1977 (plutôt le 4e que le premier dans la chronologie). C’est le début d’une franchise mondialement reconnue.
Le nouvel Hollywood décline peu à peu pour prendre fin en 1980, les films petits budgets laissent place à l’ère des Blockbusters, les thématiques phares du courant ne font plus rêver.
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