Les trois grands combats de Gisèle Halimi

Les trois grands combats de Gisèle Halimi

Depuis le recul sur le droit à l’IVG aux USA, le nom de Gisèle Halimi revient sur toutes les lèvres. Il faut dire que la militante féministe est une des plus grandes figures du droit à l’avortement en France. Mais il ne fut pas son seul combat. Retour aujourd’hui sur trois grands combats de cette icône. 

Le droit à l’avortement 

Gisèle Halimi fut signataire en 1971 de l’emblématique manifeste des 343. Ces femmes y déclaraient avoir avorté (en toute illégalité) et réclamaient, par ce geste, un droit à l’avortement libre, doublé d’un accès à la contraception. Halimi fut alors la seule avocate à signer. Un fait qui n’est pas anodin, puisqu’elle était une représentante de la justice, ayant décidé de braver les interdits de son pays. Mais ce n’est pas la signature de ce manifeste qui sera son plus grand titre de gloire concernant le droit à l’avortement.

Un an plus tard, à l’occasion du célèbre procès de Bobigny, elle obtient du tribunal la relaxe pour Marie-Claire Chevalier, une jeune fille de seize ans qui avait avorté après avoir subit un viol. Les deux amies ayant aidé Marie-Claire furent également relaxées et sa mère ne fut condamnée qu’à une peine avec sursis.

Gisèle Halimi
Procès de Bobigny – Getty Image

Le procès de Bobigny ne fut pas seulement le procès de quelques femmes. Il fut une tribune nationale pour le droit à l’avortement. Ce procès permit une avancée sans précédent vers la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse. Celle-ci fut votée deux ans plus tard, en décembre 1974. Elle fut promulguée le 17 janvier 1975.

La (vraie) criminalisation du viol 

Si l’on regarde l’histoire Code Pénal, on constatera sans peine que le viol y est criminalisé depuis 1791… Mais Alors où était le problème ? Eh bien le fait est que dans les années 70, qualifier le viol est un véritable parcours du combattant.

En effet, la loi prévoyait à l’époque qu’un viol était constitué uniquement dans le cas d’une « pénétration vaginale, avec éjaculation, hors-mariage et avec violence ». Autant dire que l’immense majorité des viols n’étaient pas considérés comme tels… Au même titre que pour le droit à l’avortement, c’est un procès médiatique de Gisèle Halimi qui va changer la donne.

En 1980, l’avocate défend Anne Tonglet et Araceli Castellano, deux femmes victime d’un viol collectif. Le procès prend rapidement de l’ampleur et ravive les débats autour du viol. Ce procès mena à une condamnation de six ans pour le meneur du groupe et quatre ans pour les suiveurs. Mais les débats ne s’arrêtèrent pas là. Suite à ce procès, une prise de conscience eut lieu concernant la faiblesse de notre arsenal juridique face au viol. Ainsi, le 23 décembre 1980, une nouvelle loi fut adoptée. Celle-ci permit d’élargir la notion de viol, le définissant comme :

« tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte ou surprise »

Une avancée majeure, qui fut complétée au fil des décennies. Encore aujourd’hui, les débats sur le viol continuent de faire évoluer la législation. Cela fait notamment suite à l’affaire Weinstein, ayant mené à de nouvelles prises de conscience.

Gisèle Halimi prend la défense de Djamila Boupacha

Une chose moins connue sur Gisèle Halimi, c’est qu’elle était une fervente militante pour l’indépendance de son pays d’origine : la Tunisie. Ce militantisme s’étendait à une volonté d’indépendance de l’Algérie. Cela l’amena à défendre Djamila Boupacha, membre de FLN.

Accusée d’avoir déposé une bombe dans un snack-bar d’Alger, Djamila Boupacha fut incarcérée (clandestinement) en 1960. Les choses auraient pu s’en arrêter là et le procès aurait pu juste se dérouler… Mais non ! Durant un, Djamila subit des viols et divers actes de torture par des soldats français.

« On lui fixa des électrodes au bout des seins avec du papier collant Scotch, puis on les appliqua aux jambes, à l’aine, au sexe, sur le visage. Des coups de poing et des brûlures de cigarettes alternaient avec la torture électrique. Ensuite on suspendit Djamila par un bâton au-dessus d’une baignoire et on l’immergea à plusieurs reprises. »

Simone de Beauvoir pour Le Monde 

Djamila Boupacha
Djamila Boupacha – Photo : BRAHIM DJELLOUL Mustapha

Appelée par le frère de Djamila, Gisèle Halimi s’empare de l’affaire et assure sa défense. Elle axa notamment sa défense sur l’invalidité des aveux, puisque obtenus sous la torture. De surcroit, Djamila Boupacha décida de dénoncer les viols et porte plainte contre X. Pour la première fois dans un procès de ce genre, des gynécologues sont convoqués comme experts pour attester de la véracité du viol.

Condamnée à mort le 28 juin 1961, Djamila Boupacha fut finalement amnistiée suite aux Accords d’Évian. Elle fut libérée le 21 avril 1962. Il est à noter qu’en plus de Gisèle Halimi, ce sont Simone de Beauvoir et Pablo Picasso qui prirent la défense de l’accusée. La première dans les colonnes du journal Le Monde. Le second par l’intermédiaire d’un dessin, estimé aujourd’hui à 400 millions de dollars.

Encore aujourd’hui, Gisèle Halimi est considérée comme une des plus grandes figures du féminisme français. Mais elle fut d’abord et avant tout une militante, se battant pour des très nombreuses causes tout au long de sa vie. 

Sources : 

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