Eyam : le village qui a vaincu la peste grâce au confinement

Isalyne Marlier
Isalyne Marlier
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Au XVIIe siècle, une épidémie de peste bubonique sévit en Angleterre. La maladie emporte environ 75 000 morts à Londres, tandis qu’elle se propage dans les villages alentour. Eyam, un petit village situé dans le centre de l’Angleterre, a pourtant réalisé l’exploit de vaincre l’épidémie en instaurant, à l’époque, un confinement.

L’arrivée de la peste dans le village

L’épidémie se déclare au printemps de l’année 1665, surnommée la grande peste de Londres. Le village d’Eyam, situé dans le Derbyshire, est épargné par l’épidémie jusqu’à la fin du mois d’août 1665. Les 250 km séparant Eyam de la capitale n’auront pas suffi à préserver le village de la maladie.

La grande peste de Londres emporte 75 000 victimes et l'épidémie se répand dans l'Angleterre - Cultea
La grande peste de Londres emporte 75 000 victimes et l’épidémie se répand dans l’Angleterre.

La théorie est que la peste a été véhiculée par des puces contenues dans des tissus, commandés par le tailleur du village. Les lots de tissus provenaient sûrement de Londres. Ainsi, la peste se propage dans Eyam et fait des dizaines de victimes au fil des mois.

Les personnes les plus touchées par cette épidémie étaient généralement les familles nombreuses, tandis que les personnes vivant seules, comme des adultes, étaient plus épargnées.

Des mesures drastiques et novatrices

La peur s’immisce et les villageois cherchent à fuir vers des villages voisins. Le recteur de l’église de l’époque, William Mompesson, parvient à convaincre les paroissiens d’isoler la totalité du village. Une mesure qui permettrait de combattre la maladie. Les villageois s’isolent alors et évitent tout contact avec les autres.

Désormais, c’est le début d’une quarantaine. Une décision prise sans l’aide de la médecine ou de la science. Selon Mike Gilbert, le révérend actuel d’Eyam, ce sont l’instinct précurseur de William Mompesson ainsi que « la sagesse » des villageois qui ont sauvé le village.

« C’était avant la science et les progrès de la médecine. »

Mike Gilbert.

Eyam était en isolement total. De ce fait, les villages alentour lui venaient en aide et déposaient des vivres. Ainsi, un système pour ne pas risquer d’être infecté permettait des échanges avec l’extérieur, encore autorisés malgré le confinement. Tout matériel était désinfecté avec du vinaigre, le seul désinfectant connu de l’époque.

Des précautions qui ont porté leurs fruits

Plusieurs mois de confinement ont ainsi permis au village d’éradiquer la peste. Disparue en novembre 1666, Eyam a vaincu la maladie mais n’en reste pas moins sans séquelles. La peste a emporté avec elle environ 260 villageois d’Eyam, dont la population était estimée entre 350 et 800 habitants avant l’épidémie.

« Bien que le bilan ait été terrible, la plupart des gens ont survécu. Ils s’en sont sortis et la vie a recommencé. »

Mike Gilbert.

C’est également ce confinement qui a empêché la peste de se propager vers le nord de l’archipel. Le village d’Eyam est devenu un modèle de comportement collectif héroïque pour l’ensemble de la communauté britannique.

« Ils se sont sacrifiés et ça a marché. »

Joan Plant, descendante d’une des familles de survivants.

Eyam est désormais un mémorial de la peste, d’où ce qui lui vaut son surnom touristique de « village de la peste ». Tous les ans à la fin du mois d’août, l’église d’Eyam commémore l’autosacrifice dont ont fait preuve les habitants.

 

Sources :

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