Trois ans après son premier opus, Denis Villeneuve est de retour avec Dune : Deuxième partie, la suite de son chef-d’œuvre de 2021. Que les fans se rassurent, Dune 2 est meilleur que son prédécesseur en tout point. Le cinéaste canadien a rectifié les petites maladresses de son premier film pour signer tout simplement l’un des meilleurs blockbusters de tous les temps. Une œuvre de science-fiction intense et nécessaire dans le paysage hollywoodien, qui rappelle que blockbuster est parfois synonyme de grand film !
Dune 1 : on recontextualise
Déjà, le premier volet avait globalement fait l’unanimité. Denis Villeneuve a parfaitement pris en main le roman de Frank Herbert, réputé inadaptable. Le cinéaste avait proposé une première partie léchée, esthétiquement hallucinante, à la force visuelle impressionnante. Pour autant, l’auteur de ces lignes avait quelques réserves concernant le premier volet. Sa longueur de 2h30 se faisait parfois ressentir à cause d’un développement trop lent, d’une approche trop bavarde et inutilement explicative, qui s’enfermait dans des pérégrinations politiques ennuyeuses, et surtout d’un manque cruel d’émotion. Dune 1, c’était beau certes, mais dénué de toute implication émotionnelle…
De même, la musique omniprésente d’Hans Zimmer avait de quoi agacer, l’absence de rupture de ton faisait de Dune un film monolithique, et son excès de confiance dans son approche visuelle en faisait parfois une œuvre pompeuse, insolente et parfois même, paradoxalement, superficielle. Curieusement, malgré la durée de son œuvre, Denis Villeneuve ne laissait pas le temps aux spectateurs de réellement s’imprégner de son ambiance et de son visuel, laissant l’audience en témoin oculaire. Une longue marche, avec ses moments de bravoure bien évidemment, mais qui avait de quoi laisser les spectateurs sur le quai du train… Naturellement, on grossit ici les défauts du premier volet pour mieux souligner les qualités du second.
Dune 2 : tous les défauts sont gommés
Parce qu’avec Dune 2, Denis Villeneuve signe une œuvre proprement hallucinante. Le cinéaste parvient à supprimer les défauts de son premier volet pour emmener cette suite au firmament de la science-fiction moderne. Denis Villeneuve semble avoir appris de ses erreurs, et en a vraisemblablement gardé sous le coude pour cette suite d’une intensité rare. Si le film est plus long que son grand frère (2h46 contre 2h36), Dune 2 passe inversement plus rapidement.
Mieux rythmé, le long-métrage est ponctué de séquences d’action absolument dantesques. L’attaque contre les machines Harkonnen, le domptage du ver de sable par Paul, la colorimétrie unique de la planète Harkonnen, ou le combat rapproché entre notre protagoniste et Freyd-Raitha (Austin Butler totalement dingue)… Tout est maîtrisé de bout en bout. Les décors, le cadrage, la photo, les chorégraphies, tout est absolument parfait. Difficile de bouder son plaisir devant des séquences d’action aussi inédites dans le paysage cinématographique. Et l’esthétique de Dune va marquer durablement la rétine des spectateurs. C’est simple, on n’avait rien vu d’aussi beau depuis Mad Max : Fury Road (même si la comparaison est évidente).
Danis Villeneuve évite aussi de tomber dans une conclusion en surenchère, asphyxiante, trop longue, comme ce fut le cas dans le premier volet. Non, ici, ce qui est important, ce n’est pas la bataille finale, qui est pratiquement éclipsée, mais l’intimité de nos personnages, mieux développée que dans le premier chapitre. Mais ce n’est jamais un problème, tant Dune 2 est généreux en termes d’action tout au long de son récit.
La musique de Hans Zimmer est davantage utilisée avec parcimonie. L’esthétique est évidemment totalement dingue (on n’a rien vu d’équivalent !), la direction artistique parfaite. Et Denis Villeneuve nous propose même quelques ruptures de ton comiques, intelligentes et bienvenues, ce qui casse le sérieux rébarbatif du premier volet.
Surtout, l’émotion fonctionne enfin. C’était le gros point négatif du précédent volet : froid, calculateur, et totalement dénué d’émotion. Ici, Denis Villeneuve parvient à rectifier le tir, notamment dans une conclusion épique, profonde, impactante, pleine de thématiques passionnantes. Les frissons sont au rendez-vous, et permettent de placer cette conclusion comme l’une des meilleures de la pop culture moderne.
Des thématiques passionnantes
Aussi, Dune 2 évolue dans son approche thématique. Le long-métrage s’enfonce dans les affrontements idéologiques, existentiels et moraux de son protagoniste. Paul Atreides est devenu une figure plus ambiguë, écartelée entre ses origines et sa nouvelle vie chez les Fremen, entre son désir de sauver Dune mais sa peur de devenir un messie, entre ses convictions et son destin, entre ses croyances et son scepticisme, entre son amour et ses devoirs. Denis Villeneuve met en place un crescendo idéologique passionnant autour de la figure du messie, autour des dangers de la religion, autour de l’héritage, de l’appartenance et de la rébellion.
Film profondément moderne, Dune 2 questionne son spectateur sur la place de la religion dans la société contemporaine. Sur les dangers de l’idéalisation d’une figure dirigeante, et sur la place de la femme dans cette hiérarchie politique. Dune 2 est en effet aussi un film féministe, où les personnages féminins, que ce soient Zendaya ou Rebecca Ferguson, existent réellement et totalement.
Tout ça pour dire que Dune 2 est une œuvre nécessaire. Un blockbuster extrêmement important qui se place dans la droite lignée de chefs- d’œuvre du genre comme Alien, Star Wars ou encore Le Seigneur des Anneaux. On pèse nos mots, mais la saga Dune est en train de s’inscrire comme l’une des plus ambitieuses, réussies et imposantes de toute l’histoire du septième art. Une œuvre nécessaire, car elle rappelle que Hollywood peut produire des blockbusters ambitieux, qualitatifs, appliqués, bien loin des bouses que nous proposent actuellement Marvel Studios. Enfin, Dune 2 s’inscrit dans le club très fermé des meilleures suites de tous les temps avec Terminator 2, Aliens, L’Empire contre-attaque ou encore Le Seigneur des Anneaux : Les Deux tours.
6 Replies to “« Dune – Deuxième partie » est un film IMMENSE ! [critique]”