Qu’est-il décidément arrivé aux classiques d’animations Disney sortis entre les années 2000 et 2010 ? Pourquoi des films comme Bienvenue Chez les Robinson (2007) ne sont pas restés dans la postérité malgré leur potentiel ? Retour sur l’histoire de Lewis, un jeune orphelin de 12 ans qui pour retrouver sa mère se met en tête de créé une machine à remonter le temps.
2000 à 2008 : entre expérimentation et transition chez Disney…
Les années 2000 chez Disney. Quelle histoire ! Tout commence avec une ère d’expérimentation avec des films audacieux qui repoussent les limites de la morale estampillée Mickey et de ses grandes envolées lyriques. On peut alors citer : La Planète au Trésor, Atlantide : L’Empire perdu ou Lilo et Stitch ! De grandes fresques spatiales, familiales ou d’aventures qui ont su accompagner la splendeur et décadence d’un studio en perte de vitesse contre la concurrence de Blue Sky ou DreamWorks.
Mais les échecs successifs de La Planète au Trésor ou Atlantide marquèrent la fin de l’expérimentation chez Disney, pour le début d’une période de transition qui ne s’achèvera qu’avec la sortie de La Princesse et la Grenouille et (surtout) de Raiponce en 2010. Entre temps, le studio se cherche en se détachant de l’esthétique classique Broadway du Rion Lion, mise au placard par la 3D de Pixar ou le cynisme de Shrek. On tente ainsi plusieurs formules.
On renoue alors avec une animation 2D, trempée de l’humour gras du célèbre ogre avec La Ferme se Rebelle. On joue sur la nostalgie du Roi Lion avec Frères des Ours ou on lance une guerre ouverte à Pixar, qui cherche à l’époque à se détacher du poussiéreux Disney, avec le rentable, mais oubliable Chicken Little. Une série de films majestueux, enfoncés dans un gouffre financier, puis suivis d’une ribambelle d’œuvres plus moins rentables mais banales. Expérimentation, transition et action !
Bienvenue Chez les Robinson : les balbutiements de la 3D dans l’ombre de Chicken Little et du rachat de Pixar par Disney !
Il fut en temps où Disney et Pixar étaient deux entités bien séparées. L’histoire d’un jeune et novateur studio d’animation 3D symbolisé par une petite lampe, dont le premier film : Toy Story, coproduit et distribué par Disney, devint le film qui révolutionna le monde l’animation. Un accord de cinq films fut alors trouvé entre David et Goliath. Pixar, toujours à l’époque indépendant, devra sortir en partenariat avec Disney cinq œuvres originales : 1001 Pattes, Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles et Cars. Une série de cartons qui se brise en 2004 quand la lampe bleue et Mickey décident de se faire la guerre en raison d’un différend avec Michael Eisner, Directeur Général de Disney à l’époque.
Disney pour prouver sa supériorité, produit alors en réponse aux conflits avec Pixar son premier film entièrement en 3D qui devient une véritable réussite financière : Chicken Little ! Et Pixar de son côté trouve un accord avec le mastodonte du divertissement en 2005 après le remplacement d’Eisner par Bob Iger. Pixar et Disney finissent par s’unir vers 2006 avec à la tête de la flambante neuve division Animation des Walt Disney Studios : John Lasseter, papa de Woody et Buzz L’éclair ! De longues tractations qui impacteront définitivement la production de Bienvenue Chez les Robinson, qui entre temps, s’est construite par ses propres moyens.
Bienvenue Chez les Robinson est basé sur l’œuvre de William Joyce, Une journée avec Martin Robinson. Un projet animé qui à l’origine avait été prévu pour de la prise de vue réelle. Des allers-retours sur la manière de filmer ou dessiner qui plombent déjà le projet à peine né. C’est au début des années, 2000 que le studio décide enfin de se fixer sur le support du film.
Bienvenue Chez les Robinson sera un film 3D qui (à la place de Chicken Little à l’origine) devra écraser cet impertinent Pixar qui cherche à faire route seul ! On embauche alors Stephen Anderson, animateur pour Tarzan ou Kuzco, un empereur mégalo et on lance le projet qui se fait vite dépasser par l’ambitieux Chicken Little.
2006, John Lasseter devient le nouveau directeur de tous les bébés de la pouponnière Disney. Il découvre ainsi Bienvenue Chez les Robinson qui arrive alors dans sa phase de finitions. On visionne le film et c’est la catastrophe. Le nouveau directeur déteste le dessin animé et réclame de nouveaux changements. Une annonce que nous savons déjà de très mauvais augure. En 10 mois, on remanie plus de la moitié de film. On le boucle et on l’envoie en salles sans trop de convictions pour un bilan plus que mitigé. À sa sortie, le film ne rapporte que 169,3 millions de dollars de recettes brutes pour un budget de 150 millions. Un énième « mouais » pour Disney.
Bienvenue Chez les Robinson : un film merveilleux qui a su (encore mieux que Wish) rendre hommage à la philosophie de Walt Disney !
Qu’est-ce que ça vaut Bienvenue Chez les Robinson en 2024 ? Un film émouvant loin de la grandiloquence des œuvres des années 80 et 90 !
Bienvenue Chez les Robinson comble toutes les lacunes de son prédécesseur : Chicken Little. Un film simple, mais touchant qui à travers une sorte de remake de Retour vers le Futur dresse un portrait en toute subtilité de cette période trouble qu’est l’adolescence. Lewis est un jeune garçon tourné vers son passé traumatique, à juste titre, d’orphelin qui a dû supporter toute son enfance des entretiens d’adoption où il se voyait refusé comme on repose un fruit légèrement abimé dans les bacs d’un supermarché.
À travers sa rencontre avec le jeune Wilbur, celui-ci apprendra à se détacher de ses expériences en apprenant surtout à se faire confiance. Un film qui enseigne la belle leçon que personne n’est exceptionnel… Que même l’inventeur le plus talentueux du monde n’est fait que d’échecs pour une minuscule poignée de réussites.
Un fond émotif particulièrement dense, qui néanmoins se perd dans une narration légèrement décousue et une avalanche de personnages plus comics reliefs qu’autre chose. Un dernier point dont le film lui-même d’ailleurs se moque en toute bienveillance. Bienvenue Chez les Robinson est un film prodigieusement conscient de ses défauts qu’il n’hésite pas à extrapoler tout en se reposant sur sa plus grande force : la profondeur de ses personnages principaux. De son antagoniste au passé trouble et émouvant à ce duo étrange de deux amis issus de différentes époques qui apprendront à se dépasser mutuellement.
On y trouve également un grand hommage à la figure de Walt Disney. En enseignant à son public la douce et simple idée que personne n’est exceptionnel, mais seulement et divinement unique, Bienvenue Chez les Robinson dicte peut-être ce que le père fondateur s’est toujours évertué à dire : la curiosité comme la plus belle des qualités.
Loin des décors somptueux du Bossu de Notre-Dame mais plus proche de cette citation de Walt Disney sur laquelle le film se clôt : « Nous ne regardons jamais en arrière très longtemps. Nous continuons à aller de l’avant, à ouvrir de nouvelles voies et à tenter de nouvelles expériences… La curiosité nous entraîne toujours vers de nouveaux chemins. »
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