La poésie : une ancienne discipline des Jeux Olympiques

La poésie : une ancienne discipline des Jeux Olympiques

La poésie, une discipline olympique ? Eh oui, d’après Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux Olympiques : un homme doué dans la poésie, mais aussi la musique et la littérature était un véritable Olympien. Mais vous l’aurez remarqué, aujourd’hui ces arts ne font plus partie des disciplines olympiques que l’on retrouve tous les 4 ans. Alors que les JO de Paris 2024 se sont clos, revenons sur cette ancienne épreuve. 

Le Pentathlon des Muses 

Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux Olympiques modernes, était un fervent défenseur de la communion de l’art et du sport. D’après lui, les talents musicaux et littéraires étaient aussi importants que les talents physiques, sport et art étaient similaires à l’addition corps et esprit. Il présente d’ailleurs dans ses Mémoires Olympiques écrites en 1931 cette relation comme « deux aspects de la civilisation humaine qui doivent se retrouver dans une parfaite harmonie ».

Cette idée se retrouvait dans les Jeux Olympiques antiques, puisque l’art et le sport étaient tous deux présents. L’art détenait cependant un rôle secondaire par rapport aux épreuves athlétiques. Néanmoins, les poètes recevaient des couronnes d’olivier et du prestige, renforçant leur influence dans le monde grec antique.

Ainsi, Coubertin qui souhaitait réintroduire cette dimension culturelle a bataillé pour atteindre son but. Et c’est en 1912 qu’il réussit à introduire sa vision en ajoutant 5 compétitions artistiques officielles : littérature, musique, peinture, sculpture et architecture. Ces 5 épreuves furent rassemblées sous le nom de Pentathlon des Muses.

Par ailleurs, Il est amusant de relever que la première poésie médaillée d’or, l’Ode au Sport, d’Hohrod et Eschbach était en réalité de Pierre de Coubertin lui-même, caché derrière un pseudonyme. 

« O Sport, tu es le Progrès ! Pour te bien servir, il faut que l’homme s’améliore dans son corps et dans son âme. Tu lui imposes l’observation d’une hygiène supérieure ; tu exiges qu’il se gare de tout excès. Tu lui enseignes les règles sages qui donneront à son effort le maximum d’intensité sans compromettre l’équilibre de sa santé. »

la poésie

La fin de la poésie et de l’art aux JO

Néanmoins, la poésie et les épreuves d’art ne rencontrent pas le succès voulu par Coubertin. Seule une trentaine de concurrents s’inscrivent aux épreuves du Pentathlon des Muses, dont moins d’une dizaine pour les épreuves littéraires parmi lesquelles se trouvent les fameux Hohrod et Eschbach.

À son pic, en 1928, le Pentathlon des Muses accueillait tout de même plus de milles inscriptions, avec une grande variation sur la qualité des œuvres soumises. Cependant, les artistes de renom ne semblent pas intéressés par les épreuves, les considérant comme trop « artisanales et secondaires » d’après Tony Perrottet dans le New York Times.

De plus, les enjeux politiques et la guerre ont aussi contribué au déclin de la présence de l’art aux Jeux Olympiques. En effet, aux jeux de 1937 à Berlin par exemple la politique nazie déteint sur les compétitions. Sur 9 médailles d’or attribuées, 5 d’entre elles vont à l’Allemagne Nazie.

En 1948, après la Seconde Guerre mondiale, les jeux de Londres actent la fin de la poésie et de l’art au sein de la compétition. Même si les différents conflits ont contribué à fragiliser la présence de ses épreuves artistiques, c’est le manque d’équité entre les concurrents (certains amateurs et d’autres professionnels) qui semble avoir poussé le Comité Olympique à annuler ces épreuves. Avery Brundage devenu président du Comité Olympique (CIO) trouvait d’ailleurs qu’elles étaient devenues trop obsolètes et qu’elles ne répondaient plus aux normes olympiques.

Bien que ces épreuves n’existent plus aujourd’hui, elles ont permis, pendant quarante ans, de distribuer au total 150 médailles. Pierre de Coubertin, mort en 1937, n’a jamais vu la disparition des épreuves artistiques. Il avait, néanmoins, partagé la difficulté de mettre en avant ces épreuves dans ses Mémoires Olympiques citant  » la peur du classique » comme cause. 

Sources : 

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