« Belle » de Mamoru Hosoda : un cadeau de fin d’année à découvrir au cinéma [critique]

Emeric Gallego
Emeric Gallego
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Belle, nouveau film du réalisateur Mamoru Hosoda, se présente dans les salles françaises après sa première projection au Festival de Cannes. Véritable moment de virtuose, cette réinterprétation somptueuse de La Belle et la Bête est à découvrir de toute urgence pour finir l’année 2021 en beauté !

Synopsis : Dans la vie réelle, Suzu est une adolescente complexée, coincée dans sa petite ville de montagne avec son père. Mais dans le monde virtuel de U, Suzu devient Belle, une icône musicale suivie par plus de 5 milliards de followers. Une double vie difficile pour la timide Suzu, qui va prendre une envolée inattendue lorsque Belle rencontre la Bête, une créature aussi fascinante qu’effrayante. S’engage alors un chassé-croisé virtuel entre Belle et la Bête, au terme duquel Suzu va découvrir qui elle est.

Belle, de Mamoru Hosoda

Un véritable bijou d’animation

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ressort de la salle de cinéma le souffle coupé. À peine commençons-nous l’écriture de ces premières lignes que l’on peut déjà vous dire que ce long métrage est un véritable bijou d’animation. Belle est une surprenante réadaptation de La Belle et la Bête sous fond de réseaux sociaux et de monde virtuel. Le film réutilise des thèmes chers au réalisateur Mamoru Hosoda. Ainsi, ce dernier dévoile l’une de ses meilleures œuvres à l’écran. Il est question de l’enfance et de ses rapports avec la société contemporaine ; comme c’était déjà le cas avec Les Enfants Loups, Ame et Yuki ou Mirai, ma petite sœur. Le tout est sublimé par une problématique importante de notre société : les nouvelles technologies, plus exactement le virtuel et Internet.

Un conte de fée au cœur des réseaux sociaux !

Internet, point central de l’intrigue de Belle, n’est pourtant pas une première tentative pour le réalisateur japonais. Ce dernier avait déjà traité des problématiques similaires avec Summer Wars – et même le long-métrage Digimon dont il était co-réalisateur – bien qu’il privilégiait l’action tout au long de son œuvre. Cette fois, ce sera l’émotion qui sera davantage mise en avant dans Belle. L’intrigue prend place dans U, un monde virtuel où tout le monde peut devenir ce qu’il veut. Le film permet d’aborder tout ce qui fait le charme, mais aussi les problèmes de l’informatique.

Tout spectateur saura reconnaître sa relation avec les réseaux sociaux. Ces réseaux sont fréquentés par des milliards d’utilisateurs et prennent souvent le pas sur le monde réel. Derrière chaque avatar peut se cacher une histoire à raconter. Entre Suzu et la Bête, c’est cette découverte de l’autre qui est au cœur du récit. On retrouve, grâce à ces deux personnages, le conte revisité de La Belle et la Bête. Ici, Belle est adulée par tout le monde sous son avatar ; un statut qui la rend anonyme dans le monde réel et permet de construire miraculeusement bien le personnage de Suzu. La Bête, elle, est redoutée et crainte de tous, bien que tout le monde voudrait la démasquer.

Ainsi, l’identité de chacun va permettre au film d’évoquer un sujet extrêmement important et que l’on n’attendait pas forcément ; prouvant encore une fois la force de cette œuvre pleine d’humanité. On a rarement été aussi ému.

Une bande son portée par Louane

Toutefois, le monde de U tel qu’il est façonné par la direction artistique est tellement vecteur de songes que l’on aurait aimé voir tellement plus tout au long de l’œuvre. On regrettera quelques facilités dans le scénario, notamment dans les intrigues secondaires ; ce qui est heureusement très peu avec tout ce que le film a à offrir.

Que dire également des chansons ? Nous avons découvert le film en version originale, dont la voix française est portée par Louane, et cela marche très bien. Les chansons sont magnifiques et l’une d’elles saura offrir son véritable lot de frissons et de larmes aux spectateurs. Vous serez en droit d’applaudir. Les chansons et les situations situées entre le réel et le monde de U permettent de parler de l’acceptation de soi, du passage à l’âge adulte, de l’amour, mais également de bien d’autres choses. Mamoru Hosoda aime ses personnages, et il aime aussi le classique des studios Disney tant certaines scènes en sont un hommage flagrant !

Il existe encore tellement de sujets dont on aimerait vous parler à propos de Belle, mais ce serait prendre le risque de vous gâcher la surprise. Vous l’aurez cependant compris, Belle est une nouvelle pépite de l’animation japonaise et du studio Chizu. C’est sans conteste une œuvre à découvrir en ces fêtes de fin d’année. Mamoru Hosoda est en passe de devenir le digne successeur de Hayao Miyazaki.

Découvrez la bande-annonce de Belle (2021) :

 

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Photographe et réalisateur indépendant. Certains de ses films ont obtenus une soixantaine de sélections en Festival à travers le monde. Rédacteur chez Cultea, ses écrits sur le Traumatisme abordé dans le jeu vidéo sont publiés sur le site !
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