Comment revitaliser une saga aussi légendaire qu’Alien, après quasiment un demi-siècle d’existence ? Surtout dans un style comme le cinéma d’horreur, dont les codes sont aujourd’hui bien connus du public ? Alien : Romulus répond à ces questions avec brio, en nous offrant un opus très solide, faisant honneur à la saga.
Depuis combien de temps n’avions-nous pas eu un bon film Alien ? Entre les catastrophes artistiques que sont Prometheus et Alien : Covenant, ainsi que les nanars Alien vs. Predator, les fans de la saga n’avaient pas eu grand-chose de bien à se mettre sous la dents ces dernières décennies. Pour retrouver un bon film de la franchise, il faut remonter à 1997, avec Alien, la résurrection, un épisode controversé, mais pourtant très maîtrisé. Ainsi, avec Alien : Romulus, le réalisateur Fede Alvarez avait de pain sur la planche pour convaincre un public passablement désabusé…
Entre tradition et innovation
Alien : Romulus est un véritable retour aux sources à de nombreux égards, et bon sang quel plaisir ! On y retrouve la mise en scène claustrophobe et poisseuse ayant donné à sa saga les lettres de noblesses. Une mise en images old-school salvatrice, associée aux technologies modernes, offrant au réalisateur tous les outils pour soigner sa réalisation. Ainsi, le xénomorphe a rarement été aussi glauque et aussi répugnant. Mais ce qui fait la force de ce nouvel opus, c’est qu’il ne se contente pas de recracher ses références pour juste faire « comme avant ».
Après tout, Fede Alvarez est un artisan de l’horreur très efficace, toujours à la recherche de bonnes idées de mise en scène. Il a ainsi pris un malin plaisir à torturer ses personnages, physiquement et psychologiquement, avec une créativité des plus appréciables. Il insuffle notamment à cet épisode une narration et une mise en scène très inspirés du jeu-vidéo.
Tous les aspects du film, de l’écriture jusqu’à la mise en scène, ne sont pas sans rappeler la construction d’un survival-horror. Nos personnages sont ainsi ballottés de niveaux en niveaux, gagnant en expérience et en armes au fur et à mesure du film. Le pinacle de cette inspiration est indiscutablement la scène de confrontation et de survie en gravité zéro, absolument terrifiante tant la situation paraît inextricable.
Véritable hommage aux quatre premiers films, ce nouvel opus ne se contente pas de régurgiter ses références juste pour le style. Alien : Romulus est à la fois un retour aux sources qui fait du bien, mais il est aussi bien plus qu’un bête hommage. En développant astucieusement son univers, ses thématiques et son imagerie, cet épisode insuffle un vent de fraîcheur à la licence, sans pour autant trahir ce que nous connaissons déjà de cette mythologie. Alien : Romulus s’insère ainsi modestement au sein de la saga d’origine, avec un équilibre parfait entre hommages et innovations.
On notera cependant quelques faiblesses de rythme dans la dernière partie du film. On sent que Fede Alvarez est beaucoup plus à l’aise dans l’horreur pure que dans les scènes d’action, rendant certains passages un peu moins maîtrisés dans le dernier acte, ainsi que des passages un peu longuets. Toutefois, il ne s’agit là que d’anicroches au sein d’un film particulièrement bien maîtrisé.
Alien : Romulus, quand la saga renoue avec les métaphores et la critique sociale
Il était temps de remettre enfin en avant la grande métaphore qui accompagne le xénomorphe depuis sa création : le viol. En effet, la sexualité a toujours été essentielle à l’imagerie de cette créature, la rendant véritablement terrifiante. Une métaphore quasiment oubliée dans Prometheus et Alien : Covenant, trop occupés à faire de la philosophie de comptoir au milieu d’une histoire abracadabrantesque (et ne parlons pas d’Alien vs. Predator, qui n’avaient clairement pas pour but de faire des métaphores…).
Il est donc salvateur de retrouver enfin cette thématique, inhérente à l’aspect horrifique de la saga. « Fellation » forcée, œufs « vulvaires » ou encore un Alien plus « phallique » que jamais… Rien n’est épargné au spectateur ! On en revient ainsi à l’horreur glauque, poisseuse et répugnante qui nous avait tant manqué dans la saga.
Mais ce n’est pas tout, puisque Romulus n’a pas hésité à s’embarquer dans une critique sociale très frontale, notamment dans son premier acte. L’ultracapitalisme, l’esclavage moderne, la colonisation spatiale sont abordés sans concessions, venant apporter encore plus de réalisme à cet univers. Une vision du monde désespérée et cynique, faisant de cet Alien : Romulus une critique acerbe et assez ironique, quand on sait que ce nouvel opus est produit par la Walt Disney Company, société ultracapitaliste par excellence…
Une équipe crédible, portée par un excellent casting
Il n’y a pas que la mise en scène et les métaphores qui fassent la force de la saga Alien… Il y a aussi les personnages ! Il nous fallait donc une équipe solide pour porter ce nouvel opus et là encore, c’est une réussite.
Si on les prend individuellement, ces nouveaux personnages n’ont pas grand-chose à apporter. Un défaut qui est d’ailleurs assez inhérent à la saga. Toutefois, la dynamique de groupe fonctionne parfaitement, rendant ces personnages assez solide pour porter le récit du début à la fin. Mention spéciale au duo de tête, porté par Cailee Spaeny (qui brillait déjà début 2024 dans Civil War) et par David Jonsson, (principalement connu actuellement pour sa carrière théâtrale).
Quel plaisir d’ailleurs d’enfin retrouver des personnages principaux qui ne sont pas des demeurés… Car oui, même si certains personnages de Prometheus et Covenant étaient intéressants, on ne va pas se mentir, c’était une belle bande de bras cassés. Ici, plus de scientifiques qui se comportent comme des ados attardés… Nous retournons aux sources de la saga, en suivant une bande d’ouvrier.e.s aussi terre-à-terre que débrouillards et cela fait un bien fou. Chacun a son rôle à jouer et le remplit parfaitement, rendant l’avancée du film parfaitement crédible. Si bien qu’à la fin, on se prend d’envie de voir leur parcours se poursuivre.
Alien : Romulus est sans conteste le meilleur opus de la saga depuis presque 30 ans. Une réussite quasi-totale, qui, on l’espère, donnera un mètre-étalon pour les prochains films de la saga. Le film est également la preuve que la Walt Disney Company est parfaitement capable de respecter les sagas qu’elle acquiert. Espérons donc qu’un traitement similaire sera apporté aux prochains films Star Wars…
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