Resident Evil 4 Remake est sorti sur les consoles next-gen courant 2023. Œuvre culte, le jeu original sorti en 2005 a bouleversé le média vidéoludique en inspirant la nouvelle génération de titres à venir. Mais pourquoi Resident Evil 4 est-il aussi populaire ?
Avant d’être le monument que tout le monde connaît, Resident Evil 4 semblait incertain. Le précédent volet Nemesis avait très vite montré ses limites et la licence devait resplendir et correspondre à une nouvelle génération de jeux vidéo. L’une des premières idées de ce quatrième opus entraîne Leon dans un château aux confins du surnaturel. Le prototype ne fonctionne pas. Mais il est repris plus tard et l’ensemble de ses idées donne naissance à de nouveaux projets de Capcom : Hauting Ground (spin-off de Clock Tower), mais surtout la franchise beat’em up Devil May Cry, qui voit le jour en 2001 sous la supervision de Hideki Kamiya, game designer du premier Resident Evil sorti en 1996.
La naissance du projet Resident Evil 4
Après plusieurs essais, Resident Evil 4 reprend son développement à zéro. Shinji Mikami, à la tête du projet, doit le proposer comme une exclusivité pour Nintendo Gamecube, la nouvelle console rivalisant avec la PS2 et Xbox. Il faut dire que cette génération est synonyme de dynamisme dans des titres innovants, comme Metroid Prime et le concept du FPA (First Person Adventures) sur Gamecube et God of War sur PS2.
Il fallait donc que Capcom surfe sur cette vague de changement, tout en frappant un bon coup sur l’avenir de Resident Evil. Finalement, l’idée de transformer Resident Evil 4 en jeu d’horreur et d’action se concrétise. Si l’idée de Shinji Mikami n’avait pas fonctionné, cela aurait pu être la fin de la licence de Capcom.
« J’étais sous la pression de Capcom. Si le jeu ne s’était pas bien vendu, la série aurait été interrompue. » (Shinji Mikami pour le site Gamepro à propos de Vanquish)
Résultat ? En plus d’être le meilleur épisode de la saga, le jeu a marqué sa patte dans l’Histoire vidéoludique ! 96/100 sur Metacritic, considéré comme le Jeu de l’Année par de nombreux magazines. Capcom met fin au contrat d’exclusivité avec Nintendo pour sortir le jeu sur toutes les consoles qui suivront ! 6 millions d’exemplaires vendus !
Après les incidents cauchemardesques survenus à Raccoon City, Leon S. Kennedy est un autre homme. De survivant, il est devenu un agent spécial du gouvernement envoyé en mission de sauvetage. L’objectif est de retrouver Ashley, la fille du président des Etats-Unis, enlevée par une mystérieuse secte utilisant un parasite appelé Las Plaguas. Commence alors pour le joueur une nouvelle virée entre l’action pure et l’horreur. Un tournant décisif pour le survival-horror !
Un gameplay poussé vers l’avenir
Avant, Resident Evil faisait avancer le joueur dans des endroits oppressants au travers d’une caméra fixe. Cette fois, Resident Evil 4 proposait un système de déplacement en 3D, avec une vue de visée à l’épaule (déjà utilisée dans le passé comme dans Splinter Cell, mais perfectionnée ici). Ce changement radical marque une rupture considérable avec la saga, mais aussi un grand changement dans le jeu vidéo.
Dorénavant, il est possible de cibler précisément l’endroit que l’on veut de l’ennemi ou de l’environnement. Jamais des gunfights et autres affrontements n’avaient atteint une telle nervosité et dynamique grâce à ce procédé. Ainsi, dans le titre de Capcom, le joueur se retrouve confronté à des adversaires par dizaines, agressifs, capables d’esquiver les tirs et particulièrement dangereux. Une solution doit alors être trouvée au plus vite pour se sortir d’un mauvais pas. On peut se mettre à couvert, survivre à des embuscades, bloquer des portes et traverser des zones remplis d’ennemis à véhicule ou à pied. Aujourd’hui, tous les titres comme Gears of War, Batman Arkham Asylum, Uncharted ou The Last of Us reprennent ce gameplay initié par Resident Evil 4.
Renouveler le survival-horror
Toutefois, qu’en est-il du sentiment de peur persistant dans les précédents volets de Resident Evil ? Ce quatrième opus jouait avec les nerfs à sa manière. En effet, les ennemis pouvaient surgir de n’importe où et en grand nombre. Malgré les objets de soin et les munitions en pagaille, l’insécurité était omniprésente. La moindre erreur pouvait entraîner la mort pour Leon, mais aussi pour Ashley, la demoiselle en détresse extrêmement fragile et cible de nombreuses attaques. Jouons avec la nostalgie. Si le joueur est armé jusqu’aux dents, il y a de fortes chances que sa rencontre avec le Dr Salvador et sa tronçonneuse au début du jeu l’ait poussé à s’enfuir au plus vite !
Si les premiers Resident Evil incitaient à l’économie des munitions, avec un inventaire limité, et à la prudence face aux moindres angles de caméra suspects, Resident Evil 4 renouvelle le genre. La nouvelle « peur » vient de l’instinct de survie ! Le joueur doit rester prudent, mais il doit aussi penser vite, agir comme si sa vie en dépendait et être très précis dans ses tirs. Beaucoup de jeux d’horreur, dont Dead Space (2008) et Alone in the Dark (2008), s’empareront ensuite de l’aspect « survival » plus accentué que l’horreur pure.
Resident Evil 4 : un jeu rempli de moments d’anthologie
Finis l’Umbrella Corporation et son virus transformant la population en zombie. Resident Evil 4 pousse la contagion par un parasite mystérieux et une secte diabolique. Bien évidemment, le scénario de ce jeu ressemble à un bon gros nanar cinématographique. Cependant, jamais un jeu d’action horrifique n’avait autant enchaîné les moments marquants.
Que ce soient la fuite dans le village, la statue géante, la traversée du lac ou tout simplement la présence des Regenadores (on souhaite leur retour dans le remake), Resident Evil 4 ne manque jamais d’idées et renouvelle ses phases de jeu en permanence pour surprendre le joueur. Chaque séquence de jeu se retrouve alors dans d’autres titres clairement influencés par l’ambiance du titre de Capcom. Notons aussi les cinématiques de mise à mort avant le Game Over, très nombreuses et très diversifiées. Enfin, il faut souligner la durée très conséquente pour un jeu d’horreur.
Mentionnons enfin que Resident Evil 4 a permis l’accessibilité par sa difficulté. Bien que l’on puisse choisir entre « Facile » et « Normal », le jeu prend en compte les compétences du joueur et ses difficultés à progresser. Le titre de Capcom deviendra alors bien plus méchant si le joueur comprend parfaitement les mécaniques de jeu. Bien évidemment, cela ne marche pas en « Professionnel ».
Les plus grands jeux vidéo du moment n’auraient peut-être pas été les mêmes sans ce Resident Evil 4 au succès phénoménal. Il reste un plaisir à jouer sur n’importe quelle console, que cela soit sur PS2, Gamecube, Wii ou au casque VR, malgré son aspect un peu obsolète désormais.
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