« Agatha All Along » : que vaut la nouvelle production Marvel sur Disney+ ? [critique ep. 1-2]

Le jeudi 19 septembre, deux mois après les retours de Deadpool & Wolverine, Marvel Studios a fait son retour sur nos écrans avec la série Agatha All Along. Cette fois sous le label Marvel Televisions, le studio fait revenir un autre personnage que nous avions déjà croisé : la sorcière Agatha Harkness. Attention spoliers !

Nous l’avions rencontré dans WandaVision. Agnès, le cliché de la voisine encombrante dans la sitcom créée par Wanda, était la seule habitante de Westview à entièrement jouer la comédie et à ne pas réellement être sous l’emprise de la Sorcière Rouge. À la fin du show, elle révélait sa véritable identité : une sorcière bannie par son clan qui cherchait à acquérir plus de pouvoir. Vaincue par Wanda, elle s’est faite ensorcelée par cette dernière, coincée dans son rôle de voisine envahissante.

Fin 2021, Marvel annonçait officiellement lors du Disney+ Day travailler sur un spin-off racontant les aventures d’Agatha. Après cinq changements de titre, ce qui est d’après Marvel un coup de com’ de leur part pour refléter la personnalité manipulatrice d’Agatha (on y croit ou pas), la série Agatha All Along a été lancée sur Disney+.

Agatha All Along : ça donne quoi ?

Ce spin-off prend place trois ans après WandaVision, toujours dans la ville de Westview. Agnès est lieutenant de police et doit enquêter sur une mort mystérieuse, tandis que de nouveaux personnages font irruption dans sa vie et vont la chambouler.

Ce qui est sûr après le visionnage des deux premiers épisodes, c’est qu’Agatha All Along tente une nouvelle approche en termes de ton ! Si Werewolf by Night en 2022 s’était déjà tenté à l’horreur en mode « old school », la showrunner Jac Schaffer (qui dirigeait l’écriture de WandaVision et a participé à celle de Black Widow) emmène Agatha dans une ambiance légèrement plus sombre que ce qu’on a l’habitude de voir.

Par exemple la scène des Sept de Salem dans l’épisode 2 installe un bon sentiment d’angoisse et d’urgence au milieu d’une scène de chant qui, si elle est un peu longue en vue de l’urgence justement, est plutôt bonne ! The Ballad of the Witches’ Road est répétitive mais participe à cette ambiance de magie noire. La B.O. de manière générale est dans cette veine, même si pour l’instant le Agatha All Along manque de thèmes marquants, ce qui est pourtant d’habitude un atout chez Marvel.

Côté réalisation, il n’y a pas vraiment de quoi être enchanté pour le moment. Les plans s’enchainent de manière logique et simple, se focalisent sur l’essentiel. Si l’idée du générique de l’épisode 1 dans la lignée de ceux de WandaVision est plutôt bonne, surtout dans la mesure où l’épisode reprend beaucoup de codes de séries policières classiques à la Esprits Criminels, ça aurait sûrement pu être creusé un peu plus.

Les choses vont peut-être un peu vite, le format 40 minutes oblige, ainsi les choses bougent très rapidement pour Agatha et ce de manière assez convenue… Faire durer encore plus le mystère autour du personnage de Rio Vidal aurait été bienvenu, surtout quand celle-ci débarque pile au même moment que le jeune homme capable de libérer Agatha. De même, il est assez sympathique qu’Agatha puisse trouver toutes les personnes dont elle a besoin dans un espace aussi restreint… Mais on peut trouver des sorcières à chaque coin de rue dans le MCU ?

Agatha All Along : clap de fin pour Wanda ? 

Agatha All Along ne laisse aucune ambiguïté sur le sort de Wanda, qui n’était pas forcément très clair à la fin de Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Oui, comme on dit chez Marvel, s’il n’y a pas de corps… Mais visiblement, on nous donne clairement le corps ici, la série scelle le destin de Wanda, du moins celle de la terre principale du MCU. Vous savez, par les temps qui courent, on n’est jamais à l’abri de croiser un variant ou deux… Mais le cadavre trouvé par la police de Westview est bel et bien celui de Wanda écrasé à la fin du deuxième opus de Docteur Strange, en témoignent les causes de son décès ainsi que le fait que le corps ait été déplacé.

Si on peut s’interroger sur la raison pour laquelle Herb n’a pas reconnu Wanda, alors qu’il a littéralement été en face d’elle trois ans plus tôt, on peut aussi se dire que le sort lancé par Wanda empêche Agatha d’avoir quelconque discussion à propos d’elle. En tout cas, le décès de l’Avenger est la raison pour laquelle tout bouge soudainement pour Agatha, mais encore une fois les évènements auraient peut-être pu survenir de manière un peu plus fluide. On peut apprécier l’icônisation dont Wanda est le sujet : celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a eu un véritable impact profond sur les habitants de Westview et cela se ressent.

En dehors de ça, Agatha All Along repose sur des procédés d’écriture assez classiques : le recrutement d’une équipe qui soit refuse au premier abord, soit n’a aucune idée de ce qu’il se passe, une adulte embrigadée dans l’aventure par un ado… En soi, de manière générale, la série ne se démarque pas trop pour l’instant, c’est plutôt au sein du MCU qu’elle apporte une volonté de ton assez nouvelle.

Au casting, Kathryn Hahn est fidèle à sa performance dans WandaVision : elle s’éclate, elle est à fond, mais peut-être parfois un peu trop. En effet le surjeu dont elle faisait preuve dans la série mère était un peu plus justifié par la nature de son personnage : une voisine qui en fait trop, puis une antagoniste. Dans Agatha All Along, comme son temps d’écran est doublé et qu’elle est censée être le personnage qu’on doit suivre toute une saison, il pourrait être plus agréable de la voir adoucir son jeu par moments.

Sans toucher à l’excentricité qui caractérise Agatha bien-sûr, mais parfois les mimiques trop appuyées et non nécessaires font un peu penser à Ian McDiarmid en pleine gymnastique faciale dans son rôle de Palpatine. Aubrey Plaza (Megalopolis) est dans un rôle taillé sur mesure, et Joe Locke (Heartstopper) s’amuse aussi, le mystère autour de son personnage est bien géré, les théories sur le twist qui va probablement arriver concernant son identité vont fuser. Une mère morte, une capacité à lever le sort qui possède Agatha et une impossibilité de révéler son identité à cette dernière ? Il y a fort à parier que cet ado n’est pas sans lien avec une autre sorcière…

Les autres membres du casting, à savoir le clan de sorcières, n’ont pas encore eu le temps de faire leurs preuves, nous verrons cela dans la suite, mais on peut d’ores et déjà s’amuser du retour de Debra Jo Rupp, la madame Hart du pilote de WandaVision, dont on peine à comprendre la pertinence du recrutement dans cette équipe pour l’instant, mais qui ajoute une touche d’humour bien placé.

Est-ce qu’on accepte de suivre la Route ?

Ce qui est sûr, c’est que vu l’angoisse installée vis-à-vis de cette fameuse Route des Sorcières, la série a intérêt à nous montrer quelque chose de vraiment périlleux et que n’importe quel personnage ne saurait pas vaincre. Marvel est abonné aux débuts prometteurs pour des fins décevantes (cf Secret Invasion et justement WandaVision) alors on peut légitimement être frileux quant à l’avenir du programme.

Ce qui peut générer un peu d’espoir, c’est donc ce nouveau souffle en termes de ton. Peut-être l’utilisation du label Marvel Television (vestige de la division qui nous a donné Agents of S.H.I.EL.D. ainsi que les séries Netflix Daredevil etc.) est aussi preuve d’une volonté de se démarquer des codes installés par les films (ce que voulait être Marvel Spotlight, mais Echo n’a pas réussi à se démarquer suffisamment) et peut-être que la firme se sentira plus libre d’aborder des thèmes aussi bien dans le fond que visuellement, qui permettront à Agatha d’embrasser entièrement le ton dans lequel elle semble vouloir s’engager.

On comprend la volonté de poursuivre l’histoire d’Agatha, personnage prometteur de la série mère, mais se concentrer uniquement sur elle est un pari risqué. On mentionnait Echo plus haut, et c’est en réalité précisément le même schéma de production : un spin-off sur un personnage antagoniste d’une série elle-même spin-off centrée sur des personnages connus.

Mais là où Echo avait le Kingpin de Vincent D’Onofrio, Agatha All Along ne puise pour l’instant que dans ses seules ressources, ce qui artistiquement est audacieux et honorable, mais est très risqué d’un point de vue commercial, le personnage n’ayant pas encore du tout la même place qu’un Kingpin ou une Scarlet Witch en termes de popularité. C’est donc bien la qualité de son scénario et de son ton qui, si elle est au rendez-vous, permettra à Agatha de s’élever et se faire une place dans cette gigantesque famille.

Alors, oui, on va traverser ce portail et suivre Agatha, mais on va y aller à pas de loups. Pas forcément confiants mais pleins d’espoir, on se dit que peut-être, Marvel va pouvoir enfin jouer la carte de la bonne surprise jusqu’au bout, cette fois. Agatha All Along est diffusé chaque jeudi sur Disney + pour un total de 9 épisodes répartis sur 7 semaines.

Agatha All Along – Bande-annonce

Casting d’Agatha All Along :

• Kathryn Hahn : Agatha Harkness
• Joe Locke : L’ado
• Aubrey Plaza : Rio Vidal
• Debra Jo Rupp : Sharon Davis
• Patti LuPone : Lilia Calderu
• Sasheer Zamata : Jennifer Kale
• Ali Ahn : Alice Wu-Gulliver