Sorti dans l’indifférence générale, Unknown 9 Awakening tente de révéler son potentiel après la sortie du dernier jeu vidéo Dragon Ball, en vain. Un titre plein de promesses, mais qui arrive en retard… Beaucoup trop en retard !
Aviez-vous entendu parler d’Unknown 9 Awakening ? Seulement si vous êtes friands des productions de Bandai Namco, car toute la promotion du jeu s’est fait éclipser par celle de Dragon Ball Sparking Zero ! On se souvient de l’absence considérable de public pour découvrir le jeu lors de la Gamescom 2024, le monde préférant se balancer des Kamehameha aux côtés de Son Goku, Vegeta et toute la bande crée par Toriyama.
Bien que nous prévoyions nous aussi sortir le test de Dragon Ball Sparking Zero, nous étions très impatient de poser notre manette sur ce curieux Unknown 9 Awakening. Pourquoi un jeu aussi ambitieux que celui-ci résonne déjà comme un échec commercial et signait déjà sa condamnation en sortant en même temps que le mastodonte du genre de l‘arena fighter ? Du côté de la Paris Games Week 2024, les témoignages sont mitigés et le jeu n’attirait pas les foules dans le stand de Bandai Namco. Nous nous sommes procuré le jeu pour en avoir le cœur net.
Après plusieurs heures de jeu, le verdict sonne déjà comme une évidence : Unknown 9 Awakening n’a rien de très flatteur. C’est un gâchis énorme lorsque l’on connaît ses qualités que l’on finit par oublier…
Unknown 9 Awakening peine à sortir de l’ombre…
L’histoire démarre avec Haroona (Anya Chalotra, connue pour son rôle de Yennefer dans The Witcher), une jeune Questor, en compagnie de sa mentor Reika, à la poursuite du mystérieux Vincent dans des ruines anciennes. Le prologue se veut comme une introduction au gameplay, tout en posant les bases d’un univers terriblement complexe. Malheureusement, le résultat est plus que confus : dès la première heure de jeu, on se retrouve perdu entre le jargon spécifique et l’exposition lourde peine à nous embarquer pleinement dans ses enjeux. Le Revers, la dimension parallèle, reste une notion floue, et les motivations des personnages ne sont guère claires. La menace que représente Vincent est à peine esquissée, et l’émotion manque cruellement à l’appel.
Certes, on pourrait penser que Unknown 9 Awakening propose un début difficile d’accès comme le faisait Death Stranding ou Days Gone, mais ce ne sera jamais véritablement le cas. Le tout se révèle très peu attrayant et l’on retrouve cette désagréable sensation qui émanait de Forspoken avec un lore passionnant mais dont le jeu n’exploitera jamais à son meilleur. Pire encore, nous n’avons pas compris certains objectifs de l’histoire !
On retrouve bien cette atmosphère singulière à la Assassin’s Creed avec un soupçon de Lovecraft, mais l’histoire peine à capter notre attention. L’enjeu personnel de Haroona, centré sur la vengeance, ne suscite pas que peu d’empathie, même lorsqu’elle rejoint un groupe de résistants. Un sacré paradoxe, d’autant que l’on aime beaucoup cette héroïne.
Ce n’est pas faute d’essayer, mais le jeu multiplie les documents à collecter pour enrichir son univers. Seulement, voilà, le tout semble forcé et dispersé. Soyons sincères, on finit par se moquer complètement de ce que Unknown 9 Awakening tente de nous raconter. Pourtant, on sent que le jeu de Bandai Namco fait des efforts, et c’est son grand malheur !
Nota Bene : L’un des gros problèmes de ce Unknown 9 Awakening est qu’il s’inscrit dans un projet transmédia ambitieux de Bandai Namco, incluant bandes dessinées, podcasts, romans et jeu vidéo. L’idée est sympathique, mais le risque du transmédia est de se concentrer sur le grand récit au détriment d’une expérience unique à chaque support. Par conséquent, le jeu ressemble simplement à un fragment d’un ensemble plus vaste. Si l’on est néophyte de l’univers, c’est peine perdue pour s’impliquer pleinement.
Un jeu en retard
Heureusement, le jeu possède d’autres éléments qui pourraient le rendre intéressant auprès des joueurs. Visuellement, Unknown 9 Awakening se défend plutôt bien. Les panoramas sont superbes, les environnements colorés et l’on prend plaisir à admirer les décors. Les personnages sont bien modélisés et assez charismatiques. Cependant, cette beauté poétique cache une structure de niveau qui trahit son âge. Les zones sont cloisonnées, les chemins balisés, et les mécaniques de progression sont en retard de plusieurs années.
Nous sommes conscients qu’il s’agit juste d’un projet « double A » mais l’on s’étonne très régulièrement de ce retard abusif. Dans sa vieillesse prématurée, Unknown 9 Awakening s’accapare de défauts qui ternissent l’expérience dans sa généralité : les expressions faciales rigides, le ragdoll mal géré, les mécaniques datées, la structure de l’époque, l’écriture basique et du clipping fréquent.
Pour ne pas couronner le tout, nous devons mentionner le gameplay très archaïque du jeu, se concentrant principalement sur de l’infiltration, rappelant par moment l’excellente série A Plague Tale mais en fortement moins abouti. Les ennemis, bien que nombreux et variés, demandent de la prudence, finisse toujours par nous remarquer. L’approche discrète ne sert presque à rien. C’est regrettable puisque Haroona dispose de capacités intéressantes comme se rendre invisible, mais le jeu force régulièrement le passage à l’action directe.
Les combats manquent de précision et se montrent assez redondants, malgré les capacités de l’héroïne. Le système de possession temporaire des ennemis et les attaques spirituelles apportent de la variété plus que bienvenues, mais l’ensemble reste trop inégal. La difficulté augmente progressivement, mais la sensation de maîtrise n’est jamais au rendez-vous malgré toute la volonté du monde. Haroona n’est pas très résistante, et les combats deviennent épuisants. Au final, on s’ennuie beaucoup.
Une expérience presque insignifiante…
Notre jugement est sévère, mais si Unknown 9 Awakening s’était rendu disponible dans les standards de l’époque 2010, il aurait pu s’avérer marquant. Hélas, le projet de Bandai Namco souffre d’un sacré handicap qui l’empêche de briller face à tous les jeux du moment. Aucune de ses qualités ne saura nous offrir un souvenir impérissable. Pour finir, nous noterons que les messages d’inclusivité et de diversité du jeu, qui rebutent certains internautes excessivement bruyants, n’ont finalement que peu d’intérêt dans cette œuvre, tant le résultat est superficiel. Cela dit, nous préférons que cela soit ainsi plutôt que de se retrouver avec un produit maladroit comme Dustborn…
Remplacer Haroona par n’importe quel autre protagoniste n’aurait pas changé grand-chose, tant l’aspect culturel est à peine exploré. Lorsque l’on ressort de notre session, on se demande trop souvent pourquoi l’on joue avec cette héroïne. Une ultime preuve que Unknown 9 Awakening nous a propulsé dans l’indifférence…
Des éditeurs qui sortent leurs projets dans l’indifférence est toujours un signe d’inquiétude. Unknown 9 Awakening ne sera pas une exception à la règle malgré des ambitions qui pouvaient l’emmener parmi les meilleurs du genre. Ce n’est pas forcément une déception, mais le jeu s’oublie très vite une fois que l’on lâche la manette. Un jeu destiné à rester dans l’ombre, sans avoir la chance de pouvoir ravir la lumière… et ce n’est pas son contenu à venir qui le sauvera. Le jeu est disponible depuis le 18 octobre 2024 sur PlayStation 5 et Xbox Series.