C’est avec son marketing provoquant que le Challengers de Luca Guadagnino a fait sensation à sa sortie en avril 2024. Mais le film est au final bien plus intéressant que sa promotion, tant il est une promesse enivrante et un sacré spectacle. Une œuvre où la tension ne redescend jamais et où le désir se mêle au tennis.
Une dynamique impressionnante
Challengers nous plonge dans une histoire qui se déroule sur plusieurs années. On retrouve Tashi, Patrick et Art. Leur monde tourne autour du tennis et les uns des autres. La magie du film repose sur leur dynamique de groupe. Tashi et Art sont mariés et ont un enfant, mais une décennie plus tôt cette dernière sortait avec Patrick. La compétition est présente à de nombreux niveaux. Si le tennis occupe une place si importante, c’est parce ce sont dans les matchs que se lient et délient toutes les tensions.
Dès la première minute du film, la tension est palpable et ne nous quitte plus. La dynamique entre les personnages est particulièrement fine à l’écriture et l’est tout autant au jeu grâce à un casting minutieux. Zendaya, Mike Faist et Josh O’Connor brillent ensemble comme individuellement. Ils en font tout juste assez pour nous convaincre avec une grande subtilité. Nous sommes, en tant que spectateurs, absolument suspendus à leurs lèvres.
Tout en finesse
Il n’y a pas que le casting de Challengers qui évolue en toute subtilité. C’est un film rempli de volupté. On nous promettait un film sous tension érotique, mais c’est en réalité bien plus que cela. C’est comme une toile d’araignée que l’on voit se tisser pendant deux heures. Et sans qu’on ne comprenne comment, l’araignée nous prend avec elle dans sa toile et nous voilà embarqués. Le tout en finesse, d’un naturel impressionnant.
La manipulation est au cœur du film et se joue aussi du spectateur. On ne sait jamais quoi tirer de Challengers, dans quelle direction on va nous mener. On se laisse aller et on en prend plein les yeux. Une véritable aventure moderne qui joue sur tous les tableaux.
Prouesse technique
Il n’est pas évident de filmer des matchs de tennis pendant la majorité d’un film de deux heures sans ennuyer son spectateur. Il faut dire que le tennis n’est pas le sport avec la plus grande diversité de plans quand il est diffusé, et qu’il fallait redoubler de créativité. C’est ce que fait Guadagnino avec brio. La caméra virevolte entre les filets, en rythme avec sa musique très présente et on parvient toujours à se renouveler.
On salue également l’entièreté de la direction artistique qui reste cohérente et qui fait très bien passer les nombreux sauts dans le temps du film. La mise en scène, vive et stylisée, se mêle à un montage impactant. Tantôt sobre, tantôt extravagante, la réalisation virevolte dans divers styles, mais reste homogène malgré tout.
Challengers est un petit bijou : de réalisation, d’écriture, d’interprétation… C’est une véritable leçon d’écriture sur la dynamique des personnages. Mais c’est aussi et surtout un spectacle enivrant.