Après l’excellent Mad Max : Fury Road, sorti en 2015, le cinéaste australien George Miller remet le couvert avec Furiosa. Prequel de Fury Road, ce long-métrage est le cinquième opus de la saga Mad Max portée par George Miller. Cette fois-ci, le récit se concentre sur une jeune Furiosa (incarnée par Charlize Theron dans Fury Road), interprétée par la talentueuse Anya Taylor-Joy.
Furiosa : l’anti Fury Road ?
C’était pratiquement impossible de faire mieux que Fury Road. Avec ce quatrième Mad Max, George Miller avait mis la barre beaucoup trop haut. Il faut dire que le blockbuster emmené par Tom Hardy est un véritable bijou d’action. Un divertissement spectaculaire, authentique, nerveux, qui s’impose comme l’un des, si ce n’est le meilleur blockbuster de ces dix dernières années.
Mais avec Furiosa, George Miller nous a proposé un divertissement particulièrement malin. Plutôt que d’entrer dans une surenchère attendue et excessive pour tenter de faire encore plus dingue que Fury Road, le cinéaste prend son public à revers. Avec Furiosa, il soigne davantage son scénario, et ne se contente pas de proposer un simple aller-retour conceptuel, propice à l’action, comme dans le précédent film. Non, avec Furiosa, George Miller découpe son récit en plusieurs chapitres.
L’idée, ici, est de raconter une histoire, une légende, et de créer tout un mythe autour de Furiosa. Exit Max (on n’en entend ici jamais parler), le but du long-métrage est de créer la mythologie de Furiosa. Et on peut dire que le metteur en scène s’en sort à merveille. En allant invoquer le découpage et l’identité de Trois mille ans à t’attendre, son précédent film, George Miller retrouve sa casquette de conteur et développe la fable passionnante de cette anti-héroïne, de sa jeunesse jusqu’à son apothéose dans Fury Road.
Plus détaillé, plus aéré, plus calme, plus écrit, Furiosa a la volonté de raconter davantage que Fury Road, et d’imposer un nouveau personnage, à la fois dans la saga, mais aussi plus largement dans la pop culture. S’articule alors une tragédie barbare, audacieuse, hallucinée et passionnante autour de cette nouvelle figure déjà culte.
Plus féministe que Fury Road (pas très compliqué en même temps), George Miller dépeint ici le combat d’une survivante. Une histoire d’héritage, d’appartenance, mais aussi de ténacité face à un passé perdu et surtout face à une horde d’hommes repoussants, obsédés, violents, et totalement tarés. Difficile, bien sûr, de ne pas voir un parallèle avec le mouvement MeToo. Ainsi, le récit de Furiosa s’étale sur plusieurs années et est découpé en plusieurs segments. Face à un montage parfois trop académique, la première partie a souvent des difficultés à décoller. Et on se surprend à attendre impatiemment l’apparition d’Anya Taylor-Joy, malgré la très bonne prestation de la jeune Alyla Browne. Miller fait durer l’attente, peut-être un tout petit peu trop.
Visuellement toujours aussi imposant
Finalement, lorsque Anya Taylor-Joy arrive à l’écran, le film s’accélère et propose notamment deux segments d’action totalement dingues. On retrouve les artifices et la maîtrise de Fury Road, notamment le temps de l’attaque d’un fourgon, absolument géniale, dans laquelle Miller nous propose un pastiche charismatique de Max. L’autre séquence impactante concerne un affrontement explosif dans une mine.
Deux passages totalement dingues, où la maîtrise de la mise en scène nous décolle encore une fois la rétine. En termes d’action George Miller est une fois de plus largement au-dessus de la mêlé. Le film est toujours d’une fluidité superbe dans sa représentation de l’action. George Miller gère parfaitement son espace, ses angles de vue, ses cadrages, ses mouvements, pour proposer toujours une action parfaitement compréhensible, parfaitement synchronisée et ultra rythmée. On revient en ces quelques instants en plein dans la fougue de Fury Road, et forcément, c’est du kiff total.
Comme dans le précédent opus, les mouvements de l’action et des personnages sont parfois légèrement accélérés (pour créer une ambiance épileptique propre à la saga), et l’esthétique des décors, très inspirées des comics, volontairement artificielle, à l’étalonnage totalement exagéré, presque bidon, doit beaucoup à 300 et Sin City.
Malheureusement, sur les plans larges, George Miller propose une performance visuelle moins poussée que dans Fury Road. Certains CGI font étonnement tâches, surtout sur les plans d’ensemble, lorsque des personnages tombent des véhicules. On perçoit le trucage, et on dirait même parfois, une cinématique de jeu vidéo. Un choix qui est peut-être conscient (ou alors symptomatique du système hollywoodien malade) mais qui réduit drastiquement la sensation d’épique et d’immersion du précédent volet.
Bref, tout ça pour dire que Furiosa est moins convaincant que Mad Max : Fury Road, notamment dans son traitement de l’action. La gestion de l’espace, mais surtout des CGI est moins maîtrisé. Les VFX et CGI prennent aussi davantage de place, ce qui décroît la sensation d’immersion du précédent opus. Reste évidemment une mythologie totalement dingue, parfaitement représentée ici, et un film largement au-dessus de la mêlée !
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