« Batman Dark Age » : un justicier dans sa ville [critique]

« Batman Dark Age » : un justicier dans sa ville [critique]

Après avoir sorti en début d’année Superman Space Age, l’éditeur français Urban Comics nous propose en cette fin d’année la relecture du mythe du Chevalier Noir par Mark Russell et Michael Allred sous le nom de Batman Dark Age. Cette réappropriation du héros octogénaire arrive-t-il à offrir une nouvelle vision du personnage ?

Une relecture intéressante de l’histoire de Batman…

Ce qui frappe et nous intrigue durant les premières pages de Batman Dark Age est la manière dont est remaniée l’enfance de Bruce Wayne et la thématique mise en place autour de tout cela. À la mort de ses parents, le scénariste Mark Russell prend le temps de s’intéresser à ce Bruce Wayne qui a tout perdu ce soir-là et ce qu’il advient de lui à partir de ce moment crucial. Il est montré comme désabusé et finit par entreprendre des actions qui l’amèneront à des conséquences impactantes pour sa vie future.

Il est ainsi dépeint comme un jeune homme qui n’est pas maître de son destin et qui fait des choix maladroits aux conséquences décisives. Ce choix audacieux par rapport à ce que l’on a déjà vu par le passé le distingue des anciennes réinterprétations du personnage et n’est pas en inadéquation avec ce qu’il vit à ce moment-là de l’histoire. La suite de ses aventures sera liée avec les thématiques visées par Mark Russell.

En effet, comme son prédécesseur Superman Space Age, Batman Dark Age entend faire vieillir son personnage principal au fil des années, tout en y implémentant des moments fondamentaux de l’Histoire américaine. Cette fois-ci, le récit y sera directement impliqué en envoyant Bruce Wayne en pays Viêt-Cong durant la débâcle américaine de la guerre du Viêtnam.

C’est à partir de là que Mark Russell commence à y introduire la galerie de méchants composant cet univers foisonnant du Chevalier Noir. S’inspirant de ce qu’avait fait Christopher Nolan au travers de sa trilogie cinématographique, Ra’s Al Ghul redevient le mentor principal du super-héros en devenir. Le fait de rallier la guerre de Viêtnam et la Tête du Démon permet de valoriser toutes les caractéristiques ambiguës de ce méchant au sein d’un conflit où la frontière entre le bien et le mal est totalement grisée.

Ce choix narratif permet de définir ce que veut devenir Bruce Wayne une fois revenu à Gotham. C’est ainsi qu’à partir de là, tout le folklore peuplant Gotham City y fait un passage plus ou moins marqué. Même si des personnages connus de l’univers DC font un retour dans ce récit, on sent bien que le principal se déroule à Gotham.

… avec Gotham City en son centre…

Le monde du Chevalier Noir ne serait rien sans sa ville. Gotham City est clairement un personnage à part entière qui, parfois, devient le protagoniste principal du récit, comme sous la tutelle d’un Scott Snyder. Ici, c’est également le cas. Par le biais de Wayne Enterprises, la ville est mise en avant tout le long du récit et y connaît une évolution certaine. Soumise à la corruption, son potentiel futur est incarné par des grandes figures de la mythologie du super-héros. Tout d’abord par Batman mais aussi via le commissaire Gordon, Lucius Fox ou encore le couple formé par Barbara Gordon et Dick Grayson.

Cet espoir inhérent aux récits de ce microcosme est exacerbé par le passage du temps. Les personnages grandissent, certains nous quittent durant l’aventure et d’autres s’unissent pour perpétuer les espérances d’un lendemain meilleur. Le fait de passer par la décennie des années 70 et les années hippies permettent aux auteurs de mettre en avant ce message d’espoir.

Malgré les pertes subies aussi bien sentimentales que matérielles et la souffrance que cela produit, Batman n’abandonne pas et s’obstine à sauvegarder la seule chose importante à ses yeux : la ville qui l’a vu naître. Cette abnégation devient le fil directeur du récit jusqu’à sa conclusion qui nous permet de relier cette histoire à celle de Superman Space Age d’une bien belle manière.

… qui fait transparaître l’amour des auteurs pour cet univers

On le ressentait déjà dans le précédent récit du duo d’auteurs, la mythologie du super-héros le plus populaire de l’écurie DC est un univers qui les passionne. Le fait de leur permettre de le côtoyer le temps d’une mini-série offre un récit où la passion des auteurs se ressent à chacune des pages. Les personnages cultes sont ainsi utilisés habilement et sont incorporés de manière cohérente à l’ensemble du récit.

On sent également que cet univers a été assimilé par les auteurs pour nous offrir une histoire avec des tenants et des aboutissants marqués et en totale adéquation avec le passé du personnage. Superman Space Age était un hommage à l’univers DC avec à sa tête l’Homme d’Acier et Batman Dark Age est une lettre d’amour à Gotham City et aux personnages qui y vivent.

La question est de savoir maintenant si les auteurs ont fait le tour de ces récits anthologiques ou ont encore une autre idée en tête. Dans tous les cas, ces deux propositions nous auront permis de redécouvrir tout l’intérêt que ce pan des comics peut nous apporter en termes de message et de réflexion sur notre monde.

Batman Dark Age prouve une nouvelle fois que les auteurs Mark Russell et Michael Allred ont réussi à assimiler le passif et les fondamentaux d’un personnage majeur des comics tout en offrant une nouvelle vision d’un personnage qui pensait déjà avoir tout donné du haut de ses quasiment 90 ans d’existence.

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