Les trois plus grands ratages de la propagande sous l’Allemagne des années 30

Les trois plus grands ratages de la propagande sous l'Allemagne des années 30

S’il est une chose à laquelle le régime nazi a fait attention dès la prise de pouvoir d’Hitler, c’est bien la propagande. Parmi les exemples tristement célèbres de propagande nazie, on retrouve bien évidemment les campagnes anti-juives, ou encore le film Le Triomphe de la Volonté, réalisé par Leni Riefenstahl. 

Pourtant, malgré un ministère de la propagande dirigé d’une main de fer par le sinistre Joseph Goebbels, des ratages monumentaux ont été essuyés par le régime hitlérien. Revenons donc ensemble sur trois échecs retentissants d’une propagande pas si bien rodée que ça…

Le musée des « arts dégénérés » fut un grand succès

Le terme « art dégénéré » était l’expression officielle du régime nazi pour désigner l’art moderne. L’objectif était ici de le discréditer au profit de ce que le régime appellera l’« art héroïque ». Cette façon de hiérarchiser l’art était une des pierres angulaires de la propagande nazie, qui souhaitait calibrer tous les médias, y compris artistiques.

L’art héroïque était ainsi le symbole d’une race pure et de la libération. A l’inverse, l’art dégénéré était considéré comme une déviance de la beauté telle que voulue par le IIIème Reich. Ainsi, une exposition fut montée en 1937 dans le but de dénigrer l’art moderne et ses diverses œuvres.

Le musée des « arts dégénérés » - cultea
Le musée des « arts dégénérés »

Seulement voilà… Cette exposition fut un succès monumental, accueillant plus de deux millions de visiteurs. Les plus de 730 oeuvres disposées pour montrer la perversion de l’art moderne se sont retrouvées à avoir bien plus de succès que l’art dit « héroïque ». Une humiliation pour Joseph Goebbels, qui finira par faire fermer le lieu et détruire de nombreuses œuvres au passage.

Les Jeux Olympiques ratés 

Les Jeux Olympiques d’Allemagne de 1936 sont probablement l’exemple le plus célèbre d’une propagande qui tourne au fiasco !

Pour rappel, Hitler est au pouvoir depuis maintenant trois ans et beaucoup doutent sur sa capacité à organiser un événement aussi massif, compte tenu de sa propension à ostraciser tous ceux qui ne cadraient pas à l’idéologie aryenne.

Toutefois, le führer est bien décidé à organiser des JO grandioses. Ceux-ci doivent en effet être la vitrine de la réussite de l’Allemagne nazie. Mais surtout, ces Jeux doivent démontrer au monde la supériorité de la race aryenne.

Sur le papier, on serait d’abord tentés de croire que c’est une réussite. En effet, l’Allemagne termine en tête du classement avec 89 médailles, dont 33 médailles d’or. Mais cette réussite fut éclipsée par un seul athlète. Un athlète afro-américain du nom de Jesse Owens ! 

Jesse Owens - Cultea

En effet, ce sprinteur américain fut le grand héros de ces jeux, en étant le seul sportif de toute la compétition à gagner 4 médailles d’or. Le tout en humiliant les coureurs Allemands, censé représenter l’honneur de leur pays et la race « pure ».

En gagnant toutes ces épreuves, Jessy Owens mit à mal les thèses nazies sur l’infériorité des noirs à lui tout seul devant le monde entier. Si bien qu’aujourd’hui, malgré la victoire allemande lors de ces jeux, on ne retient que l’humiliation subie par le régime nazi…

Quand les acteurs de propagande sont juifs…

Pour terminer, on vous propose deux ratages pour le prix d’un !

Alors que la propagande nazie est réputée pour être une des plus minutieuses de l’histoire, deux campagnes mirent en scène des personnes d’origine juive. Mieux encore : ces instruments de propagande étaient censés représenter l’idéal à atteindre pour le peuple allemand. Le premier exemple (et probablement le plus connu) est celui du bébé aryen.

Le « parfait bébé aryen »

Un magnifique bébé aux joues bien rondes et aux grands yeux expressifs… Voilà de quoi faire une belle affiche de propagande nazie non ? C’est en tout cas ce que s’est dit Joseph Goebbels en sélectionnant personnellement cette photo, sans savoir que le bébé représenté était une petite fille juive. Mais comment diable a-t-il pu commettre une erreur aussi monumentale ? Pour cela, il faut remonter quelques mois plus tôt.

Le "parfait bébé aryen" était juif - Cultea

En 1935, Pauline Levinson se rend chez le célèbre photographe Hans Ballin pour y faire photographier son nourrisson : Hessy. Jusqu’ici tout va bien, mais quelques mois plus tard, Pauline découvre la photo de sa fille en couverture de Sonne ins Haus. Ce magazine très populaire est dirigé par un proche d’Hermann Göring, le tristement célèbre créateur de la Gestapo.

Effarée, elle demande des explications au photographe. Celui-ci avoue alors avoir soumis la photo de Hessy à un concours organisé par le parti nazi pour dénicher le « parfait bébé aryen ». Hans Ballin n’ignorait pas les origines juives de Hessy et, dans une optique de provocation, envoya la photo… Cela aurait pu rester au stade de blague, si cette photo n’était pas devenue un instrument de propagande diffusé dans tout le pays.

Paniquée à l’idée que son enfant soit identifié, Pauline cache son enfant, le temps de fuir l’Allemagne en 1938. Après moult péripéties, la famille s’installera aux Etats-Unis en 1949. Interrogée des années plus tard, Hessy déclarera :

« Maintenant je peux rire de cette histoire, mais si les nazis avaient découvert ma véritable identité, je ne serais pas là aujourd’hui… »

Le « parfait soldat aryen »

Puisque faire une énorme gaffe une seule fois ce n’est pas drôle, le régime nazi réitéra avec le « parfait soldat aryen » qui était également d’origine juive. En effet, Werner Goldberg était un soldat allemand ayant servi brièvement durant la Seconde Guerre mondiale.

A ce titre, il fut choisi pour figurer sur une affiche de recrutement pour la Wehrmacht (armée régulière allemande de l’époque). La photographie du jeune soldat est apparue donc dans le journal Berliner Tagesblatt avec la légende suivante : « Le soldat allemand idéal ».

Le parfait soldat allemand était juif - Cultea

Cependant, Goldberg  ne restera pas ce soldat idéal très longtemps. En effet, il sera identifié comme juif et renvoyé de l’armée en 1940. Il manquera par la suite d’être déporté, mais son habileté lui permettra d’échapper à Auschwitz et à sauver son père de la déportation du même coup. Ces deux hommes seront les seuls de la famille à survivre à la guerre. Werner s’engagera par la suite en politique pendant une vingtaine d’années.

Si certains instruments de propagande nazie restent tristement célèbres pour avoir révolutionné le genre, il n’en demeure pas moins que certaines erreurs gigantesques furent commises. Et vous ? Quel ratage parmi tous ceux-là vous a le plus marqué ? 

 

A lire également – « Le regard de la haine » : quand Joseph Goebbels découvre que son photographe est juif 

A lire également – Presque 90 ans après sa mort, Marie Curie est toujours radioactive ! 

 

Sources :

 

Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.

10 Replies to “Les trois plus grands ratages de la propagande sous l’Allemagne des années 30

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *