Voici un film qui séduira les adeptes de la photographie. Helmut Newton, l’effronté propose un portrait de l’un des photographes les plus célèbres et les plus controversés au monde. Dommage que tout cela soit si gentil, si sage pour un auteur tel que Newton.
Synopsis : Helmut Newton, l’un des photographes les plus influents de son époque, a consacré une grande partie de son œuvre à célébrer les femmes. Dès 1960, il est un précurseur controversé, mettant en scène des femmes libres et affranchies des codes sociaux. C’est au tour de ces femmes photographiées par Newton de tirer son portrait. À travers leurs regards se révèle un pionnier à l’humour insolent, en lutte contre le puritanisme. De son enfance dans l’Allemagne nazie à un Paris iconique immortalisé par ses photographies, elles retracent la vie d’un génie épris de liberté.
Trop sage pour un mauvais garçon ?
Helmut Newton a photographié des femmes. Toute son œuvre repose sur des portraits érotiques, sexy, fantasmés et provocants. Génie pour certains, sexiste pour d’autres ; Gero Von Boehm livre un premier portrait cinématographique de ce photographe effronté. Un portrait qui se veut parfaitement représentatif du style si particulier de Newton.
C’est précisément le problème de ce Helmut Newton, l’effronté : le portrait d’un artiste aussi controversé est trop sage, trop hagiographique. Le film mentionne bien évidemment certaines des photographies les plus problématiques de son auteur, mais tout semble le valoriser. Les personnes interviewées (Grace Jones, Charlotte Rampling, Claudia Schiffer…) rappellent constamment, tout le long de l’œuvre, qu’Helmut Newton est génial, qu’il sait mettre à l’aise ses modèles, est d’une immense gentillesse… Traits de caractère qui devraient dans tous les cas être attendus de chaque photographe.
Helmut était par ailleurs souvent l’objet de scandales. Et pourtant, tout cela ne fait l’objet que d’un petit commentaire lors d’un entretien. Le souci étant que le film ne délivre pas plusieurs points de vues. Il existe bien une scène où Susan Sontag critique le photographe et le qualifie de misogyne, mais cette remarque n’ouvre pas davantage le débat et ne semble qu’anecdotique.
Un portrait trop valorisant !
Tout le documentaire est à l’avantage du photographe. Pourtant, il aurait été beaucoup plus intéressant de plonger pleinement dans la polémique et le scandale. Renforcer la polémique n’aurait nullement donné une mauvaise image à Newton, cela aurait même rendu son portrait bien plus passionnant, plus provoquant, parfaitement à l’image de l’artiste.
Aussi, pourquoi attendre la seconde moitié du long-métrage pour narrer le passé d’Helmut Newton ? D’autant plus que son adolescence en tant que Juif survivant à l’Allemagne Nazie, de même que l’ouverture de son parcours professionnel ne sont évoquées que lors de quelques courtes séquences.
Heureusement, il reste la (re)découverte de ses œuvres, qui ne nous laissent clairement pas indifférents. Mais la déception reste immense pour tous ceux qui auraient aimé connaître davantage la vie d’Helmut Newton et comprendre tous les secrets de son œuvre.
Malgré les bonnes intentions de son réalisateur, Helmut Newton, l’effronté laisse un goût amer. Le film ne prend pas le risque de se plonger pleinement dans les problématiques courantes de la vie du photographe et préfère se consacrer à une diapositive de ses œuvres, toujours commentées de manière valorisante, sans offrir de point de vue divergent. Pas si effronté que cela finalement…
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