L’art et la politique n’ont jamais fait bon ménage, encore moins lorsqu’il est question d’un régime totalitaire. Avec Vienna Falls in line (Vienne se met au pas), le pays de naissance d’Adolf Hitler revient sur les œuvres d’art, artistes et différentes institutions artistiques qui sont nés ou ont été influencés et orientés (ou non) par le nazisme et ses représentants.
Jusqu’au 24 avril, le Wien Museum MUSA joue la transparence en exposant ses réserves d’art nazi. Des oeuvres inédites y sont observables, sur plusieurs sortes de supports. Des sculptures aux peintures néoclassiques en passant par des documents d’archives, Cultea revient sur l’impact d’une telle exposition. Quel est le message que l’Autriche veut véhiculer en se confrontant à son lourd passé ?
L’art : Instrument du pouvoir
L’art, c’est l’universel. C’est la traduction du réel, et la représentation du monde la plus personnelle. Mais, que se passe-t-il lorsque cette ambition entrave la propagande que tente de véhiculer un pouvoir qui désire s’élever ? Vienna Falls in Line met en lumière l’impact et les conséquences de l’emprise du pouvoir dans l’art. Pour ce faire, elle mêle artistes et institutions qui ont joués un rôle dans la propagande nazie et ceux qui ont milité pour un art libre.
Sous le troisième Reich, une séparation entre l’art dit « nazi » et l’art « dégénéré » s’est petit à petit installée. L’art nazi comprenait l’art qui servait à la construction d’une identité nationale et qui aidait à mettre l’accent sur les aspirations du gouvernement. À contrario, l’art dégénéré était tout ce qui pouvait apparaître comme étant « anti-allemand » et dangereux.
L’art a été utilisé dans le combat politique d’Adolf Hitler pour faire naître un sentiment d’appartenance chez les individus. En effet, il était considéré comme le moyen le plus efficace pour unir un peuple autour d’une société qui se voulait fondée sur la race. En Autriche, le contrôle s’est ainsi effectué après son rattachement au Reich, le 12 mars 1938. Les artistes devaient alors s’enregistrer auprès de la « Chambre des beaux-arts du Reich ». Cette dernière s’assurait que les productions étaient conformes aux dictats imposés par Berlin.
Une exposition brute et primitive
En organisant l’exposition, le challenge des conservateurs a été au sujet de la disposition. En effet, il était important de ne donner aucune « aura » aux œuvres. Ainsi, les tableaux et documents sont brutalement disséminés. Ils ne sont pas ici pour être glorifiés comme le sont les compositions artistiques dans les expositions classiques. La disposition montre au contraire qu’ils sont déjà prêts à retourner aux placards, une fois l’exposition achevée.
« Pour nous, il était clair qu’il ne s’agissait pas d’une présentation artistique classique… Cela devait faire un peu bazar », explique Ingrid Holzschuh, l’une des commissaires qui a conçu le projet après des années de recherche.
L’exposition met l’accent sur la progressive disparition des artistes juifs et avant-gardistes considérés comme « dégénérés ». De plus, elle porte un regard éminemment critique sur les élites formées par la politique d’Adolf Hitler, ainsi que la propagande véhiculée.
Découvrir Vienna Falls in Line
Visiter l’exposition au Wien Museum Musa, dans la capitale autrichienne, est possible jusqu’au 24 avril 2022. Elle dure en moyenne 40 minutes. Le prix des tickets oscille entre la gratuité pour les moins de 18 ans, à un tarif de 5 euros pour les 18-25 ans résidant dans l’union européenne et 7 euros pour les adultes.
Toute apologie du IIIe Reich est très sévèrement sanctionnée en Autriche. Se confronter à son passé est donc le moyen pour le pays d’approfondir ses connaissances des faits passés pour mieux arbitrer ses décisions futures.