Victorine Meurent, peintre et modèle du 19ème siècle

Berangere Duquenne
Berangere Duquenne
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Victorine Meurent naît à Paris le 18 février 1844 dans une famille modeste. À 16 ans, elle s’inscrit comme modèle dans l’atelier du peintre Thomas Couture. C’est à cet endroit qu’elle aurait fait l’une des rencontres les plus importantes de sa vie : l’un des élèves de Couture qui porte le nom d’Édouard Manet. Il existe cependant une autre version de cette histoire : la jeune femme aurait fait la connaissance de l’artiste par l’intermédiaire du peintre Alfred Stevens, qui lui laissait son atelier à disposition.

En 1862, Victorine Murent pose pour la première fois pour Manet, pour un tableau intitulé Mlle V. en costume d’espada. Pendant onze ans, elle est le modèle privilégié du peintre. Elle apparaît dans des tableaux tels que La Chanteuse des rues, La Jeune Fille en rose (aussi appelé Une jeune dame en 1866) ou encore La Joueuse de guitare. Mais les deux tableaux les plus célèbres restent Le Déjeuner sur l’herbe et Olympia, peints tous les deux en 1863.

Le déjeuner sur l'herbe, Edouard Manet, 1863
Le Déjeuner sur l’herbe, Édouard Manet, 1863.

Victorine Meurent, le modèle d’Olympia

Victorine portait le surnom de « crevette » pour son corps mince. Dans Olympia, elle pose nue, sur un divan, accompagnée d’une femme noire qui lui tend un bouquet de fleurs.

À l’époque, peindre des nus était une pratique légitime et reconnue, sous couvert que le modèle s’inscrive dans un contexte mythologique ou symbolique. Dans Olympia, il n’en est rien.

L’œuvre de Manet choque. Elle met en scène, sans équivoque, une prostituée. Plusieurs indices convergent en effet vers cette hypothèse : tout d’abord, Olympia était un pseudonyme couramment utilisé par les prostitués ; par ailleurs, le chat noir est une allusion érotique, ainsi que le bouquet de fleurs offert, certainement envoyé par un amant.

De plus, l’assurance de cette femme est perçue comme une provocation. Elle a le regard droit, franc, qui ne s’excuse de rien et qui lui donne une confiance en elle qui ne correspond pas aux représentations qui étaient faites des prostituées à l’époque.

Olympia, Edouard Manet, 1863
Olympia, Edouard Manet, 1863.

Victorine Meurent, peintre à son tour

En 1875, Victorine Meurent se tourne vers la peinture. En effet, après avoir été modèle, elle veut passer de l’autre côté du pinceau. Elle prend des cours à l’Académie Julian et ses toiles rencontrent un véritable succès. En 1876, elle présente un de ses autoportraits au Salon des refusés, un lieu d’exposition qui apportait une visibilité aux artistes. La même année, Manet s’y fait refuser. Elle participe à six reprises à ce Salon.

Aujourd’hui, on identifie seulement deux toiles comme étant de la main de l’artiste : Le Jour des Rameaux et Le Briquet. Elles sont conservées dans les collections du Musée d’Art et d’Histoire de Colombes.

À la fin de sa vie, Victorine Meurent se dédie à la peinture animale, qui est en vogue et qui paye mieux. Elle quitte Paris pour s’installer à Colombes avec sa compagne Marie Dufour, pianiste. Elle donne des cours de guitare, instrument qu’elle joue depuis son enfance. À la mort de son ami Manet, elle demande à sa veuve l’argent que lui avait promis le peintre si l’un des tableaux pour lesquels elle avait posé rencontrait du succès. Elle ne reçut jamais de réponse.

 

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