L’Orient-Express : l’histoire du train de légende

Début 2023, À Rome, la célèbre villa Médicis proposait une mostra spéciale intitulée ORIENT-EXPRESS et Cie : itinéraire d’un mythe moderne. Photos d’archives, campagnes publicitaires et plans de construction des wagons accompagnent une plongée passionnante dans l’histoire du train qui révolutionna les voyages internationaux. L’occasion de revenir sur cette légende du rail, témoin de son temps.

Les origines de l’Orient-Express

Aujourd’hui, peu sont familiers de l’acronyme CIWL. Pourtant, la Compagnie internationale des wagons-lits est à l’origine d’un mythe qui marqua les esprits et inspira films et romans durant presque un siècle : le célèbre Orient-Express. Ce train, créé en 1883, relia Paris à Constantinople jusqu’en 1977. Il fut le premier d’une lignée de prestigieux services ferroviaires dont firent notamment partie le Train Bleu, la Flèche d’Or et le Sud-Express.

La villa Médicis proposait aux visiteurs un parcours à travers l’histoire du train. De sa création, avec des plans de construction, des dessins techniques, des cartes… À sa promotion, faite d’affiches publicitaires au goût délicieusement vintage et de coupures de presse italienne de La Stampa et du Messaggero de 1929, vantant les mérites du voyage. À noter aussi, un élégant reportage du magazine américain LIFE, présentant le travail du photographe Jack Birns.

L’Orient-Express, une matière première artistique

À la fin du XIXe siècle, parvenir à relier différentes villes d’Europe en train est un tour de force diplomatique. C’est aussi un moyen d’inspirer artistes et écrivains voyageurs. La CIWL l’a bien compris. Et pour le voyage inaugural de l’Orient-Express en 1883, son directeur – Georges Nagelmackers – convie à bord journalistes, diplomates et hommes de lettres. Ces derniers racontent leur périple et contribuent, volontairement ou non, à la mythologie du train de luxe.

Mythologique, l’Orient-Express l’est aussi grâce au roman homonyme d’Agatha Christie. Le livre fut adapté ensuite au cinéma à deux reprises. Une première fois, magistralement, par Sidney Lumet en 1974, avec une pléiade d’acteurs de légende, parmi lesquels Sean Connery, Lauren Bacall, Jean-Pierre Cassel, Ingrid Bergman et Jacqueline Bisset. Et une deuxième fois, de manière à peu près oubliable, par Kenneth Branagh en 2017, caprice lucratif de la 20th Century Fox.

Anecdotes et mémoires

L’exposition raconte, images d’archives à l’appui, les détails de la construction et de la maintenance de l’Orient-Express. Ateliers à Milan, Rome et Saint-Denis ; blanchisserie, luxe et restauration (vin y compris)… Tout est évoqué. Un encart historique rappelle également que c’est à bord d’une des voitures de la compagnie que fut signé l’armistice de Rethondes en 1918. Et que dans cette même voiture, Hitler exigea que soit signé celui de 1940.

Icône glamour, l’Orient-Express a vu défiler autant d’artistes que d’amoureux du voyage. Certains racontaient, d’autres contemplaient. Si bien que, sans y être jamais montées, les jeunes générations connaissent ce train légendaire.

Ainsi, l’Orient-Express doit sa mémoire aux artistes qui le racontèrent. Et aujourd’hui, à l’image de Blaise Cendrars qui conta merveilleusement son voyage à bord du Transsibérien, et à qui sa fille demanda un jour s’il l’avait vraiment pris, on peut apposer la réponse qu’il fit, forte de sens : « Qu’est-ce que cela peut bien faire, puisque je vous l’ai fait prendre à tous ! » 

Sources :

• Orient-Express et Cie : itinéraire d’un mythe moderne – Villa Medicis
• Le Crime de l’Orient-Express – Télérama
• L’Orient-Express : tout l’art du voyage dans un train – SNCF