L’histoire de l’ascension et de la chute de Rome fait incontestablement partie des meilleurs épisodes de notre civilisation. Principalement connu du point de vue politique et militaire, ce récit nous présente principalement pour « héros » ces empereurs romains sages ou fantasques. Mais en dehors de récits de leurs vies et de rares bustes, que savons-nous vraiment d’eux ? À quoi pouvaient-ils ressembler ? C’est à cette question qu’un artiste a tenté de répondre, avec l’aide de nos amis Photoshop et les intelligences artificielles.
En effet, l’artiste tunisien Haroun Binous s’est amusé à recréer les visages des plus grands empereurs romains qu’ait connus Rome ! Il a pour cela utilisé des bustes antiques, des logiciels à base d’intelligence artificielle et un peu de Photoshop pour arrondir les angles ! Vous retrouverez ci-dessous une large sélection issue de son travail. Notez d’ailleurs que les portraits sont rangés chronologiquement. Enfin, veuillez agréer que tous les empereurs romains ne sont pas présents et que l’article s’appuie sur les excellents travaux d’Haroun Binous.
Auguste (-27 à +14)
On a souvent tendance à considérer Jules César comme le premier empereur de la dynastie des Julio-Claudiens. Mais en réalité, ce dernier possédait le titre de dictateur, et non d’empereur ! Après son assassinat, son fils adoptif Octave fonde l’Empire romain, en 27 avant J.-C. Il adopte alors le nom Auguste. Ses nouvelles fonctions, en tant qu’empereur, sont immenses. En effet, il a le pouvoir sur la ville de Rome et toutes ses armées. De plus, il possède le droit de faire les lois ou de mettre son veto pour s’opposer à celles-ci. Enfin, il a tout pouvoir sur le Sénat, dont il peut demander un changement total de sa composition.
Son règne est époustouflant, puisqu’il apporte la stabilité politique après le déluge. En effet, il met fin à la guerre civile et démarre l’ère de prospérité connue comme la « Pax Romana ». Ainsi, il annonce un avenir radieux pour Rome et fait l’objet d’un culte dans tout l’Empire pour les décennies à venir.
Tibère (+14 à 37)
Tibère est le fils adoptif d’Auguste et, en cela, le prétendant légitime au « trône ». À la mort de son père en 14 après J.-C., il prend les commandes de manière assez naturelle. Et pour cause, cela faisait douze ans qu’il était mêlé à la vie politique romaine en tant que proconsul et chef militaire majeur des armées de Rome. Son règne est marqué par une volonté de stopper l’expansion de l’Empire pour se concentrer sur la fortification des territoires déjà conquis. Pour cela, il s’appuie beaucoup sur son neveu Germanicus. Mais ce dernier, qui devait être l’héritier de Tibère, meurt avant lui en l’an 19 !
Bien que très impopulaire chez les historiens et chroniqueurs de son siècle, Tibère aura été un politicien sage et prudent. Il s’éteint à l’âge de 78 ans, laissant sa place au fils de Germanicus : Caligula !
Caligula (37 à 41)
Caligula s’est fait critiquer par tous les chroniqueurs de son époque. On évoque alors un jeune homme ambitieux et prometteur à ses débuts, qui aurait sombré dans la dictature à cause d’une maladie. De plus, on l’accuse de débauche, puisque ce dernier aurait des relations sexuelles avec sa propre sœur, Drusilla… Il existe aujourd’hui des centaines de travaux différents en psychologie, sociologie, histoire et sciences humaines cherchant à savoir s’il était vraiment fou et, si oui, pourquoi.
Les années qui suivent sont bien sombres. En effet, le souverain était extravagant et dépensier. Il crée de nouveaux impôts abusifs et gaspille l’argent, conduisant à une crise financière. Pire encore, à cause des caisses vides, une courte famine démarre. Pour achever le tableau, il finit par se disputer avec le Sénat. Dans la série des nombreux assassinats que l’on constate durant sa dernière année de règne, le sien finit par arriver inexorablement. Ainsi s’achève son histoire, tué à 28 ans par sa garde prétorienne et des sénateurs.
Claude (41 à 54)
Claude naît dans l’actuelle ville de Lyon en 10 avant J.-C. À cause de difficultés motrices et de locution, on préfère le garder à l’écart de la politique. Lorsque les prétoriens font la peau à Caligula, il est propulsé sur le trône, sans expérience. Et pourtant, l’homme se révèle passionné et efficace. Il s’investit du mieux qu’il peut et part même à la conquête de nouveaux territoires. Ainsi, il prend l’actuelle Bretagne, une partie du Maghreb et des zones de l’actuelle Autriche. Étant lui-même originaire de Gaule, il ouvre la citoyenneté romaine à de nombreuses cités en dehors de « l’Italie ». Un fait que ses contemporains lui reprocheront fermement.
Son quatrième mariage le contraint à adopter le fils de sa femme, Néron. La mère de Néron, ambitieuse pour son enfant, fait empoisonner le souverain en 54. Le règne de Néron viendra mettre un terme à la dynastie des Julio-Claudiens.
Hadrien (117 à 138)
Le règne d’Hadrien, issu de la dynastie des Antonins, ressemble beaucoup à celui de Tibère. En effet, il rompt avec l’expansionnisme pour privilégier la paix et la consolidation des acquis. Homme de lettres, il est passionné de poésie et de philosophie. Malade durant les trois dernières années de sa vie, il se résout à préparer deux futurs successeurs : Lucius Verus et Marc Aurèle. Cela ne plaira pas beaucoup, mais qu’importe, il s’éteint et laisse la place à deux empereurs.
Lucius Aurelius Verus (161 à 169)
Premier du binôme dirigeant, Verus est un homme plus passionné par la luxure que la politique. En effet, il laisse la gestion à Marc Aurèle, tandis qu’il se complaît entre débauche et campagnes militaires. Durant ces dernières, il ne fait pas grand-chose, si ce n’est laisser ses légats commander… Il tombe malade et meurt lors d’un voyage de campagne militaire contre les « Germaniques » de l’époque.
Marc Aurèle (161 à 180)
Le vrai empereur de cette période est un militaire vertueux et efficace. Tout son règne est marqué par la guerre contre les « Germaniques ». De plus, une pandémie touche massivement son Empire durant 15 ans, provoquant des millions de morts. Les historiens tendent à donner un bilan se situant entre 10 et 30 % de la population qui en aurait péri. Vous l’aurez compris, le règne de Marc Aurèle n’est pas marqué par la joie. Il incarne plutôt une époque sombre annonçant un déclin certain.
Commode (180 à 192)
Beaucoup connaissent Commode comme le tyran sans morale dans le film Gladiator de Ridley Scott. Dans les faits, son règne est en dents de scie. Il sait se montrer généreux avec la plèbe en dépensant sans compter lors des disettes par exemple. En revanche, il concentre le pouvoir au maximum, comme un despote. À la fin de son règne, il en vient même à la mégalomanie en changeant les noms des mois de l’année et de la ville de Rome… Après de nombreuses tentatives d’assassinat, il se fait tuer par un esclave dans son bain. À sa mort, on le condamne à l’oubli.
L’instabilité politique d’alors conduit à une nouvelle guerre civile.
Caracalla (211 à 217)
Né lui aussi à Lyon, Caracalla s’inscrit dans la dynastie des Sévères. Sa première décision en tant qu’empereur est d’assassiner son binôme et frère cadet Geta. Son règne est marqué par un accroissement militaire et une volonté de faire la guerre à tout-va. Ainsi, il fait campagne contre les Germaniques, les Parthes (Perses), ainsi que la ville d’Alexandrie.
Le fait notable de sa carrière politique est sans aucun doute l’Édit de Caracalla, qui étend la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire. Il meurt assassiné lors d’un attentat.
Geta (211)
Jeune frère de Caracalla, Geta n’aura pas l’occasion de faire grand-chose puisque son frère l’assassine au bout de 10 mois de règne. Il affichait cependant un caractère plus doux et plus posé que son l’empereur, lui valant la préférence du Sénat.
Macrin (217-218)
D’origine berbère, Macrin est d’abord préfet des prétoriens sous Caracalla. Il est historiquement le premier chevalier à accéder au trône. Il ramènera la paix dans le monde en guerre qu’avait laissé Caracalla.
Gordien Ier (238)
Gordien ne reste qu’un an au pouvoir et passe son temps sur les champs de bataille.
Claudius II le Gothique (268 à 270)
Issu de la cavalerie, Claudius II est un empereur-soldat. Il tient son surnom, « le Gothique », du temps qu’il passa au cours de son règne à écraser le peuple germanique (« goth ») lors de ses campagnes.
Quintillus (270)
Frère de Claudius II, Quintillus aura seulement régné entre 15 et 50 jours…
Aurélien (270 à 275)
Troisième montant sur le trône durant l’année 270, Aurélien termine les combats de ses prédécesseurs. En effet, il est celui qui ramène l’équilibre dans la force. Ainsi, il réunifie l’Empire romain et consolide les victoires militaires face aux barbares. On se souvient de lui comme d’un réformateur. Il meurt assassiné.
Tacite (275 à 276)
Suite aux assassinats répétés d’empereurs, personne ne veut le titre… Ainsi, l’armée demande au Sénat de voter pour désigner quelqu’un. C’est donc le président du Sénat, Tacite, qui prend le trône. Durant son année de règne, il se rend en Asie mineure pour terminer d’achever les Goths. Il y parvient mais meurt sur le trajet du retour vers Rome.
Dioclétien (284 à 305)
Son début de règne est marqué par les dernières grandes guerres contre les barbares de l’est, les Germaniques, les usurpateurs d’Égypte et les peuples originaires de l’actuel Iran. Il installe ensuite une paix durable. Il s’attèle à bâtir le plus grand système bureaucratique et administratif de l’histoire de Rome. Dioclétien est un grand réformateur, et son œuvre contribue à stabiliser la structure économique et militaire romaine.
Lors de son règne, il tenta des réformes économiques et politiques encore jamais vues. Tantôt catastrophiques, tantôt fructueuses, Dioclétien aura eu le mérite de tenter des approches nouvelles. Il offre ainsi à Rome une vraie stabilité après un siècle de difficultés.
Constantin le Grand (306 à 337)
Règne phare de l’histoire que celui de Constantin ! Réformateur également, il mène une politique orientée vers la stabilité politique, militaire et, petite nouveauté, religieuse. Dans ce sens, il promulgue la liberté de culte avec l’édit de Milan en 313. Par la présente, il met fin à la persécution des chrétiens, dont il deviendra plus tard un saint majeur. Il affirme d’ailleurs plus tard son autorité dans le domaine religieux et montre un intérêt pour l’Orient. Ainsi, il fonde une nouvelle capitale : Constantinople. Cette dernière est bâtie sur les restes de l’ancienne Byzance.
Constantin II (337 à 340)
En tant que second fils de Constantin, il accède à la tête de l’Empire avec ses frères. Dans les faits, c’est un partage de pouvoir géographique qui est réalisé. Ainsi, Constantin II hérite de la Bretagne, de la Gaule et de l’Hispanie. Par jalousie et convoitise, il décide d’aller conquérir les territoires de ses frères. Il entre en Italie en 340 avec la ferme intention d’atteindre Rome. Son frère, alors en campagne ailleurs, décide de lui envoyer ses meilleurs hommes pour le stopper. Constantin II meurt dans une embuscade au nord-est de l’Italie.
Julien II l’Apostat (360 à 363)
Dernier de notre liste, Flavius Claudius Julianus est né à Constantinople et est principalement connu comme un apostat. En effet, son œuvre majeure fut de vouloir rétablir le polythéisme dans l’Empire romain. Pourtant éduqué comme un chrétien, il produit durant sa vie de nombreux écrits très critiques à l’égard du christianisme. Dans les faits, il défend la tolérance en autorisant toutes les religions. Il abolit ainsi les mesures allant à l’encontre du paganisme ou de la confession juive. Il ne cherche jamais à privilégier une religion ou une autre.
Ces magnifiques portraits des empereurs romains nous permettent de visualiser un peu mieux l’humanité de ces hommes divinisés par des siècles d’histoire. Les progrès en intelligence artificielle nous permettent désormais de nous rapprocher un peu plus du passé. Plus que des photos, il est d’ailleurs possible de réaliser des courts extraits vidéo de ces figures historiques. Un exemple ci-dessous :
13 Replies to “Un artiste modélise les visages de plusieurs empereurs romains !”