Eh oui, ça peut vous sembler lunaire, mais c’est pourtant bien vrai : les statues grecques n’était pas blanches ! Avec le temps, leurs couleurs se sont en effet effacées. De plus, beaucoup ont préféré faire perdurer ce mythe de la blancheur… Chez Cultea, on vous explique !
Des statues grecques colorées
En réalité, on sait maintenant depuis longtemps que les statues grecques n’étaient pas blanches. En outre, les archéologues observaient déjà des traces de couleurs au XIXe siècle. De nos jours, cela est encore plus facile à démontrer. En effet, on a pu repérer des traces de peinture grâce à des lampes à ultraviolet. L’UV permet en effet de voir que des pigments se trouvent sur les statues. Combinez rayons X et infrarouges, et il est possible de retrouver la couleur.
Si les couleurs ont disparu, c’est très certainement à cause du temps. Et pourtant, les Grecs étaient très friands de couleurs et de dorures ! L’archéologue Philippe Jockey raconte :
« Pour que ces statues, ces sculptures, soient achevées, il fallait qu’elles soient peintes. D’abord pour approcher au plus près une forme d’imitation de la réalité, mais une sorte de réalité idéale. Ils peignent de manière idéale, avec une palette aussi riche que celle d’un Michel-Ange. Ça, c’est la grande grande découverte de ces toutes dernières années. »
L’archéologue allemand Vinzenz Brinkmann a mis au point en 2003 une exposition tentant de rétablir la vérité concernant ces couleurs disparues. Gods in Colour montre donc des reproductions de statues en taille réelle, et aux couleurs réelles. Ce dernier point est toutefois très controversé. En outre, Brinkmann a mal restitué l’intensité des couleurs. De plus, les Grecs ont sans doute utilisé des sous-couches et liants qui ne sont pas présents dans Gods in Colour. Enfin, la couleur sur les statues était loin d’être uniforme à l’époque…
Le « blanchiment » de ces statues
En fait, la disparition des couleurs a été loin d’en déranger certains. En effet, dans la Rome Antique, on souhaite associer les modèles grecs à la pureté. Dès lors, on utilise du plâtre pour copier les marbres d’origine. Le christianisme a également supprimé toutes couleurs, la blancheur était symbole de l’innocence et du sacré.
À la Renaissance, le même système se met en place. Alors qu’on découvre les copies romaines, on les re copie grâce aux plâtres blancs. L’idée ici était de contrer les couleurs barbares du Moyen-Âge et de se différencier de l’art Ottoman.
En 1764, Johann Winckelmann, fondateur de l’histoire de l’art, va encore plus loin et pose le principe d’une Grèce blanche. La couleur de ces statues devient même politique. En effet, Arthur de Gobineau théorise la supériorité de la race blanche en 1853. Et ce genre de paradigme se retrouve forcément dans l’art… C’est pourquoi par exemple Mussolini a beaucoup utilisé des statues monochromes dans sa propagande.
Beaucoup ont du mal à se faire à l’idée de statues grecques polychromes. L’image d’une statue blanche est en effet très ancrée dans notre culture. Et pourtant…
Les statues grecques n’ÉTAIENT pas … eût été plus juste !!!