Qui était Robert Oppenheimer ?
Robert Oppenheimer était un scientifique bien plus qu’intelligent. Il s’intéressait à tout, de la littérature aux sciences, en passant par l’apprentissage des langues. Il était impressionnant, et encore plus lors du « projet Manhattan », où il a finalisé la bombe atomique. Bien qu’au début il était assez timide et pas très doué en matière de relations humaines, il a fini par convaincre de nombreux scientifiques de rejoindre ce projet. Une des principales motivations qu’il donnait était que les Allemands étaient en avance sur les États-Unis concernant les armes nucléaires.
Était-il un « deuxième Einstein » ?
En plus d’avoir mené à bien le projet de la bombe atomique, Oppenheimer a théorisé de nombreuses situations scientifiques, notamment dans le monde de l’espace. Il a notamment théorisé les trous noirs en 1939, alors impossibles à voir sans le télescope à rayons X qui n’existait pas encore. Et même s’il réfutait les théories d’Albert Einstein qui dataient de 40 ans en arrière, les deux scientifiques s’entendaient relativement bien et s’aidaient mutuellement.
Il y avait cette possibilité effrayante que Hitler soit le premier à posséder la bombe atomique, et que le fascisme triomphe en Europe.
Kai Bird – Historien et auteur de American Prometheus: The Triumph and Tragedy of J. Robert Oppenheimer
Des regrets
Les sentiments d’Oppenheimer au sujet de la bombe atomique étaient contradictoires. D’un côté, il éprouvait des remords à l’idée de lâcher une bombe atomique sur une ville innocente. Mais de l’autre, il calculait les probabilités pour que la bombe obtienne le meilleur résultat possible. Anne Wilson Marks, sa dernière secrétaire, rapporta ces paroles :
« Ces pauvres gens, pauvres gens. ». Elle l’arrêta et lui demanda de quoi il parlait, et il répondit : « Eh bien, on sait désormais que la bombe fonctionne, et on s’apprête à l’utiliser sur une ville japonaise, principalement sur des femmes, des enfants et des vieillards, parce qu’il n’y a pas d’autre cible possible. La puissance de la bombe est telle qu’on ne peut pas se contenter d’une cible militaire, il faut détruire une ville entière… »
Robert Oppenheimer
Il connaissait alors pertinemment les conséquences douloureuses autour de cette bombe. Mais cela ne l’a jamais empêché de la lâcher.
Le début de la fin d’Oppenheimer
C’est à cause de ses sentiments de culpabilité qu’Oppenheimer a essayé de dissuader la création de la bombe à hydrogène. La bombe à hydrogène est bien plus puissante et dangereuse que la bombe atomique. Mais personne ne l’a écouté. Les personnes influentes ne l’ont jamais pris au sérieux, notamment à cause de son parti politique. En effet, il a longtemps été accusé d’avoir fait partie du Parti Communiste (PC). Les États-Unis, qui étaient alors contre tout parti politique de gauche, l’ont soupçonné de trahison. D’autant plus que les scientifiques qui étaient engagés politiquement étaient mal vus. Et parce que plusieurs membres de sa famille en ont fait partie, il a longtemps été espionné. Des milliers de données ont été collectées par le FBI, mais aucune réelle preuve n’a été retrouvée quant à son adhésion au PC. C’est donc à partir de 1954 qu’Oppenheimer va subir de longues auditions. Pendant un mois, Oppenheimer va se voir poser des questions sur toute sa vie, regroupées dans 7 000 pages de ses données collectées. Il va faire face à une injustice en n’ayant que son avocat comme défense, les autres « juges » étant choisis par Strauss.
Lewis Strauss (joué par Robert Downey Junior dans le film) était le président de la Commission Atomique de l’Énergie. Oppenheimer a alors perdu beaucoup de crédibilité, et son statut de figure intellectuelle. Néanmoins, il fut récompensé par le prix Enrico-Fermi en 1963. Mais les soupçons qui pèsent sur lui ne se sont jamais dissipés, même jusqu’à sa mort en 1967.
De la réalité au film, il n’y a qu’un pas
C’est en 2005 que Kai Bird et Marty Sherwin ont sorti la biographie d’Oppenheimer. Mais ce sera en 2021 que Christopher Nolan va les contacter pour écrire un script adapté de leur biographie. Il a été convaincu en lisant American Prometheus: The Triumph and Tragedy of J. Robert Oppenheimer. Nolan a passé quelques mois à essayer d’écrire un script et d’en faire un film. Les deux auteurs étaient ravis, mais Marty Sherwin meurt deux semaines plus tard des suites d’un cancer. À la grande surprise de Bird, Nolan a parfaitement respecté chaque élément de la vie d’Oppenheimer.
Le film de Nolan sert donc maintenant à éduquer les jeunes générations à propos des armes nucléaires. En sortant de la séance de cinéma, on passe de longs moments à se questionner sur la dangerosité de la bombe atomique. Les langues se dénouent sur le véritable dessein de la bombe. Le film nous permet aussi d’en savoir plus sur la vie de Robert Oppenheimer.
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