Le massacre des éléphants, d’hier à aujourd’hui

Le massacre des éléphants, d'hier à aujourd'hui 

Le massacre des éléphants est un phénomène dramatique qui n’a jamais pu être endigué depuis des décennies. Si l’on pourrait croire que les préoccupations concernant ce désastre sont récentes, il n’en est rien. En effet, ces massacres sont dénoncés depuis plus d’un siècle

1898 : la presse alertait déjà sur le massacre des éléphants 

Si l’on se penche sur la presse d’il y a plus d’un siècle, on constate sans peine que le massacre des éléphants d’Afrique était déjà une préoccupation. Commençons par un chiffre simple : au milieu du XIXe siècle, on comptait sur ce continent environ 20 millions d’éléphants. Puis vint la colonisation… Le braconnage commença alors très vite, et à une vitesse alarmante.

Ainsi, déjà en 1898, Le Petit Journal évoquait le problème en des termes sans équivoque. Dans un article parlant de la rareté d’un cadeau de l’empereur Menelick fait au tsar de Russie (deux défenses d’éléphant), on pouvait lire ceci :

Pour apprécier la munificence d’un tel cadeau, il faut savoir qu’on ne voit presque plus — autant vaut dire jamais — de ces défenses énormes de vieux éléphants, qu’on rencontrait encore naguère et avec lesquelles, il y a un siècle, Houdon put tailler trois christs de 1 mètre 10 de hauteur. La faute en est au développement de plus en plus important du commerce de l’ivoire, qui pousse les chasseurs à massacrer inconsidérément l’éléphant d’Afrique, sans distinction d’âge ni de sexe, au risque d’aboutir, sous peu, à la destruction complète de l’espèce.

À peine trois ans plus tard, en août 1901, Le Constitutionnel évoqua l’hécatombe des éléphants d’Afrique en ces termes :

« Après nous, la fin du monde ! » Ainsi raisonnent certains commerçants européens qui s’acharnent à tuer les éléphants d’Afrique pour se procurer leurs défenses. L’ivoire, c’est de l’or, et on tue, on tue avec rage. Quand il n’y en aura plus, eh bien ! on changera de commerce ; en attendant, nous emplissons nos escarcelles.

Theodore Roosevelt à côté d'un éléphant abattu - Cultea
Theodore Roosevelt à côté d’un éléphant abattu ©️ Library of Congress

Enfin, le 3 janvier 1910, c’est Le Journal qui dénonce le massacre de « pas moins de 50 000 à 60 000 éléphants ». La responsabilité du roi Léopold de Belgique, alors décédé, est pointée du doigt par le quotidien. Indirectement, ce sont les effets néfastes de la colonisation européenne sur le continent africain qui sont dénoncés. Selon l’auteur de l’article, Léopold :

« donna jadis le branle à ce vandalisme, en décrétant que la moitié de l’ivoire livré par les indigènes appartiendrait à l’État, à titre d’impôt en nature ».

Une note plus optimiste de l’article ajoute toutefois que la disparition du souverain pourrait ouvrir la voie à une diminution des massacres. Une réflexion qui, un siècle plus tard, ressemble malheureusement à un vœu pieux.

Un véritable crime organisé 

Le problème du massacre d’éléphants semble aujourd’hui inextricable. Et cela est en grande partie dû à la nature mafieuse du commerce illégal autour du trafic d’ivoire. En effet, la plupart des braconniers n’agissent pas de façon indépendante.

Au fil des décennies, les groupes criminels ont su habilement s’adapter aux évolutions juridiques et sociétales pour continuer le braconnage. Le problème ne concerne d’ailleurs pas que les éléphants et s’étend bien au-delà de l’Afrique.

Le massacre des éléphants, d'hier à aujourd'hui - Cultea

Ainsi, ces réseaux complexes de braconniers continuent de narguer les autorités, qui peinent à endiguer ce phénomène. Pire, plusieurs défenseurs des animaux ont été tués par les braconniers au cours des dernières années. On estime même qu’entre 2003 et 2013 plusieurs centaines de gardes-forestiers ont été tués par des trafiquants. Il faut dire que le braconnage pèse très lourd d’un point de vue économique.

Si l’on en croit le Fonds international pour la protection des animaux, ce trafic représenterait environ 15 milliards d’euros par an. On comprend dès lors que tous les moyens soient déployés par les trafiquants pour que le réseau perdure.

L’impact sur les populations d’éléphants 

Au milieu du XIXe siècle, on dénombrait environ 20 millions d’éléphants. Au début du XXe siècle, ces populations étaient estimées entre 3 et 5 millions. Un déclin inquiétant, qui ne s’est pas arrangé depuis. Entre 1979 et 1987, les éléphants, qui n’étaient que 1,3 million, passèrent à 600 000 individus… Une véritable hécatombe, en un délai de seulement 8 ans, sur une espèce déjà très fragilisée.

Ce massacre en moins d’une décennie d’autant d’éléphants poussa (enfin) la communauté internationale à réagir. Ainsi, en 1989, le trafic d’ivoire fut interdit quasiment partout dans le monde. Malgré tout, encore aujourd’hui, ce trafic perdure.

On considère aujourd’hui que 20 000 éléphants sont braconnés chaque année. Un phénomène contre lequel beaucoup d’ONG et de gardes-forestiers continuent de lutter. Malgré tout, après plus d’un siècle d’alertes sur ce drame écologique, les populations d’éléphants restent aujourd’hui très fragiles. 

 

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