L’archéologie a permis d’analyser des parfums de l’Égypte antique

Romain Lesourd
Romain Lesourd
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Qui a dit que l’archéologie ne servait qu’à analyser les trésors matériels ? Au nord de la nécropole de Deir el-Medina, sur la rive ouest de Louxor, près de Thèbes, a eu lieu une découverte surprenante. Dans un tombeau d’un architecte royal, une équipe d’archéologues a réussi à analyser des parfums qui datent depuis des millénaires.

Le tombeau d’un architecte reconnu

Le 15 février 1906, l’égyptologue italien Ernesto Schiaparelli et l’égyptologue britannique Arthur Weigall découvrent un tombeau. Et pas celui de n’importe qui. Certes, il n’abrite pas un pharaon, mais tout de même un architecte royal très connu au cours de la XVIIIe dynastie, qui symbolise pour de nombreux archéologues et historiens l’apogée de la civilisation égyptienne. Cet architecte, c’est Kha.

Kha est connu pour avoir été le responsable des travaux de nombreuses nécropoles. Il a commandé le chantier de la nécropole d’Amenhotep II, de Thoutmôsis IV et d’Amenhotep III. Ces trois noms sont ceux de grands pharaons de la XVIIIe dynastie égyptienne.

Au sein du tombeau, les archéologues Schiaparelli et Weigall retrouvent beaucoup d’objets, plus de 500, tous bien conservés : des statues, des aliments, de la vaisselle, du linge de maison et même les instruments et outils de travail de Kha. Le temps et la main humaine n’ont pas saccagé ce lieu de richesses. S’il y avait autant d’objets dans ce tombeau, c’est parce que Kha était enterré avec son épouse, Mérit. De nombreux biens lui appartenaient également.

La tombe de Kha et de Mérit lors de sa découverte le 15 février 1906 (source : Égyptophile).

« L’archéologie invisible » : l’opération qui a pour but d’étudier ce qui ne se voit pas

Parmi les objets retrouvés au sein de la tombe figuraient des amphores et de nombreux récipients. Une équipe de chimistes et d’archéologues a souhaité en analyser le contenu. Ils ont alors décidé de lancer des travaux non invasifs lors de deux campagnes, entre les mois de juillet et novembre 2019. Pour effectuer ces analyses, l’équipe a dans un premier temps enveloppé les objets dans des sacs à fermeture hermétique.

La deuxième étape consistait à analyser le contenu des objets, sans les toucher. On apporte alors un spectromètre de masse transportable. Cet outil peut caractériser les composés organiques conservés à l’état de traces dans un ou plusieurs objets.

Résultat, on connaît quelques ingrédients des parfums égyptiens !

Grâce aux analyses du spectromètre de masse transportable, on sait désormais ce que contenaient les objets. Encore une avancée considérable pour la science ainsi que pour la culture.

L’équipe d’archéologues et de chimistes a pu découvrir que les objets étudiés renfermaient en réalité du parfum. Les chercheurs notent la présence de triméthylamine et diméthylnitrosamine, substances spécifiques au poisson séché. En plus d’être utilisé pour le cosmétique, le poisson séché est essentiel au cours de l’Égypte antique, car il s’agit d’un mets apprécié.

De plus, les chercheurs ont décelé la présence de farine d’orge et de la résine aromatique de Styrax. À ceci s’ajoutent de la cire d’abeille et des huiles. Elles peuvent être utilisées au quotidien, comme lors d’une cérémonie funéraire.

Autant dire que l’archéologie n’a pas fini de nous surprendre. Et avec le dérèglement climatique ainsi que la fonte des glaces, d’autres découvertes curieuses commencent à être faites… Pour le meilleur comme pour le pire. 

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