Dans les années 1930, la Guyane accueillit de jeunes Amérindiens dans des pensionnats… Il s’agit des « homes catholiques ». Dedans, ces enfants furent coupés de leur culture, de leur identité, maltraités et traumatisés. Certains parlent aujourd’hui de « génocide culturel ».
« Dès l’âge de 6 ans, on m’a arraché à ma famille pour m’amener dans les homes indiens. J’ai passé 11 ans de ma vie dans ces homes, à Mana. Quand on y arrive à l’age de 6 ans, on ne sait pas pourquoi on est là. On ne sait pas pourquoi on est enlevé de sa famille, coupé de sa famille »
Alexis Tiouka, juriste spécialiste en droit humain et droit des peuples autochtones.
Encore tabou aujourd’hui, ce chapitre de l’histoire coloniale française est de plus en plus mis en avant. Tout commence dans les années 1930 avec le père Du Maine qui souhaite scolariser les enfants des peuples autochtones (Amérindiens et Bushinengés).
Les homes catholiques : un génocide culturel
Le père Du Maine accueille donc des enfants Kali’na (un des six peuples amérindiens de Guyane) au presbytère de Mana. Là-bas, ils sont forcés de prier :
« Ce formatage : se courber devant un curé, devant une religieuse… Vous savez comment on dit “bonjour“ dans les homes catholiques ? On dit : “Je vous salue Marie“ Je ne comprenais pas, à 6 ans, ce que ça voulait dire »
Alexis Tiouka
Il leur est impossible de pêcher, chasser, parler leur langue et leur culte. Et si au début, il leur était possible de dormir en hamac, ce dernier lien avec leurs racines leur est retiré. Si jamais, ces enfants refusaient de respecter les règles, punitions et humiliations les attendaient. Notamment celle appelée « Titus » qui consistait à taper les doigts avec une barre. Bien qu’il n’y ait, pour le moment, pas de témoignage relatant ce type de faits, il est possiblement question de violences sexuelles. En effet, les homes indiens ont existé aux États-Unis, au Canada, en Suède, au Groenland, etc.
Et dans chacun de ces cas, il a été question de violences sexuelles. C’est une des problématiques qui fut posées lors de la conférence « Autochtones et l’école : réparer l’injustice ? », organisé par l’Unicef France, l’Institut Louis Jouanet et l’Université de Guyane, en décembre 2022.
Mais comment ces homes catholique ont-ils pu s’imposer, alors que la loi de 1905 imposait la laïcité à l’école ? Eh bien parce-qu’en Guyane, cela ne s’appliquait pas. Ainsi, c’est la France qui finance ces pensionnats et les cultes y sont régis par une ordonnance royale du XIXe siècle.
Une parole qui se libère
Jusqu’à la fin du XX siècle, ce sont 2 000 élèves qui subissent les sévices de ces homes indiens. Actuellement, il n’en reste qu’un seul en activité, à l’Est, à Saint-Georges de l’Oyapock. Aujourd’hui, des témoignages sont disponibles, notamment au travers du livre d’Hélène Ferrarini, Allons enfants de la Guyane. Récemment, une conférence a vu le jour : « Autochtones et l’école : réparer l’injustice ? ». Au cours d’une journée consacrée à cette question, il a principalement été question de l’organisation d’une commission vérité afin de réparer l’injustice.
Les commissions vérités n’ont pas pour objectif de condamner les auteurs des blessures, mais de permettre une prise de conscience, donner une chance d’assumer ses actes et d’endosser sa responsabilité. Elle écoute les victimes également et reconnaît leur souffrance. Ainsi, c’est un échange permettant de remettre en question le fonctionnement d’un État à un moment donné.
Si les Homes catholiques ne sont plus, les enfants de l’intérieur ont accès limité à la scolarisation. Ainsi, dès l’âge de 10-11 ans, ces jeunes se rendent sur le littoral pour suivre leurs études et vivent dans des familles hébergeantes. Certains récits font froid dans le dos : maltraitances et humiliations, rappelant le sombre passé des pensionnats, de leurs ancêtres.
Sources :
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