Voilà un film à (re)découvrir de toute urgence ! Réalisé par Takashi Yamazaki et sorti en 2023, Godzilla Minus One est une œuvre saisissante, oscillant entre le drame intimiste et la destruction de masse. Ici, le monstre emblématique est représenté dans toute sa violence, pour nous offrir une œuvre grandiose et profondément politique.
Synopsis : dans un Japon ravagé qui se remet difficilement de la Seconde Guerre mondiale, une créature gigantesque émerge au large de Tokyo. Koichi, un kamikaze déserteur ayant perdu son honneur, voit ici l’opportunité de racheter sa lâcheté durant la guerre. En effet, contrairement au reste de l’armée, Koichi a déjà eu affaire à ce monstre nommé Godzilla. Mais cette première confrontation a laissé un traumatisme…
Godzilla Minus One est sortie de façon ultraconfidentielle en France fin 2023, pour une durée de seulement deux jours. Fort heureusement, celui-ci revient en salles pour deux semaines, du 17 au 31 janvier 2024. Et s’il y a bien un film à ne pas manquer en ce début d’année 2024, c’est bien celui-là !
Godzilla Minus One : quand le monstre retrouve sa symbolique politique
En devenant un monstre iconique de la pop-culture, Godzilla a eu tendance à s’édulcorer. Il faut dire qu’au fil des décennies, la créature a connu bon nombre d’interprétations, plus ou moins réussies. Pourtant, il est une chose dont il faut se rappeler et que ce nouveau film traite avec bro : Godzilla est une créature profondément politique.
En effet, le monstre fut créé comme une métaphore des destructions nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki. Il fut ainsi, pour le peuple Nippon, l’un des moyens d’exorciser ce traumatisme. Après quoi, la créature fut surtout utilisées pour des films de divertissement et du combat de kaijū, perdant progressivement sa substance dénonciatrice, malgré quelques tentatives pour raviver cette flamme…
Mais Godzilla Minus One vient remettre l’église au milieu du village. En effet, le film prend place tout de suite après la Seconde Guerre mondiale, offrant un contexte extrêmement rude aux événements du film. Dans ce Japon en reconstruction, les personnages tentent de survivre comme ils le peuvent, tout en se battant contre les traumatismes subis durant la guerre. Ainsi, Minus One s’impose non pas comme un simple film de monstre, mais comme une fable profondément humaine. Mais la créature rôde, rappelant que le pire peut survenir à n’importe quel moment…
De surcroît, l’aspect politique et dénonciateur ne se retrouve pas qu’en sous-texte ou dans la mise en scène. En effet, le film se permet divers discours profondément engagés. Cela se ressent tout particulièrement lors du troisième acte, où le statut des soldats japonais lors de la Seconde Guerre mondiale fut remis en question. Le film n’hésite pas à rappeler à quel point la vie humaine n’a eu aucune valeur lors de ce conflit, particulièrement pour le Japon qui envoyait des kamikazes faire un maximum de dégâts dans des opérations suicide. Ainsi, qu’il soit métaphorique ou frontal, le discours politique est au cœur du film, lui offrant une puissance sans pareille.
Intimiste, violent et radical… Mais toujours accessible
Avant d’être un film de monstre, Minus One est une œuvre à échelle humaine. L’histoire frôle parfois le huis-clos, pour nous amener au plus proches des personnages, au point où l’on oublie presque la créature. Mais l’horrible réalité finit par nous rattraper, rendant le film d’autant plus impactant… Car si Godzilla Minus One est avant tout axé sur ses personnages, quand le monstre débarque, fini de rigoler !
La créature a rarement (si ce n’est jamais) été aussi injustement violente. La mise en scène nous offre un aperçu de l’horreur que nous pourrions vivre contre un monstre pareil. Face à un réalisme aussi saisissant, difficile de ne pas regarder le reste des productions Godzilla avec un œil un peu amusé. La violence de la créature et la radicalité de la mise en scène en font un monstre, un vrai… Une créature face à laquelle toute échappatoire est un leurre. Et quand Godzilla décide d’utiliser son souffle atomique, il le fait toujours avec une violence détachée à glacer le sang.
Pour autant, malgré cette radicalité de la mise en scène, le film reste une œuvre accessible au plus grand nombre. Certes, l’aspect « drame intimiste » risque de laisser les spectateurs en simple quête d’action sur le côté. Mais si vous souhaitez découvrir un film puissant et original, alors vous êtes au bon endroit.
Godzilla Minus One est plus qu’un simple film de monstre… C’est une œuvre qui interroge la nature humaine et la capacité de l’homme à surmonter ses pires cauchemars. Porté par des personnages attachants, ce film se dresse non seulement comme un hommage à la créature, mais également comme une réflexion sur ce qu’elle représente. Le film est probablement l’un des meilleurs de 2023 et si vous l’avez manqué, on ne peut que vous conseiller de le rattraper.
2 Replies to “« Godzilla Minus One » est une œuvre politique, radicale et époustouflante [critique]”