Voilà le genre de films pour lesquels on se rend en festival. Présentée lors du Champs-Elysées Film Festival 2023 et réalisée par Patric Chiha, La bête dans la jungle est une proposition de cinéma aussi radicale que fascinante, où les années survolent les protagonistes sans les affecter…
Synopsis : Durant 25 ans, May et John se rendent dans la même boîte de nuit, guettant ensemble l’arrivée d’un événement mystérieux, censé changer leur vie. Mais quelle est cette chose qui doit arriver ? De 1979 à 2004, ce « couple » improbable l’attend de manière obsessive. Les années les survolent alors, passant de l’élection de Mitterrand aux attentats du World Trade Center, en passant par la chute du mur de Berlin…
Une fable à mi-chemin entre le drame et le fantastique
La bête dans la jungle est une proposition filmique très difficile à catégoriser, tant celle-ci jongle entre les genres. Adapté d’une nouvelle d’Henry James, le film pioche dans le fantastique et le mélodrame, sans oublier un certain regard sur l’évolution de la société et les relations humaines. Cette œuvre ressemble ainsi à plein d’autres et à rien d’autre en même temps, parvenant toujours à trouver l’équilibre entre l’onirisme et le mélodrame. Un point grandement aidé par la mise en scène, mais également par ses comédien.ne.s parfaitement exploité.e.s.
Nul besoin de présenter Anaïs Demoustier, déjà bien établie dans le cinéma français et dont le talent n’est plus à démontrer. Celle-ci offre au film un équilibre entre douceur et rudesse, parfaitement adapté au récit. On ne peut également que souligner l’interprétation magistrale de Tom Mercier. Celui-ci offre au film une interprétation en apparence minimaliste, mais où l’on sent un véritable souci du détail pour donner vie au personnage de John. Soulignons au passage que ce personnage devait initialement être interprété par le regretté Gaspard Ulliel. Si l’on déplore amèrement de ne pas avoir pu découvrir sa performance dans un film aussi puissant, on se réjouit toutefois de découvrir un nouveau talent prometteur. Enfin, mention spéciale à Béatrice Dalle, dont la courte présence et l’interprétation offre à son personnage une aura mystique hors-du-commun.
La bête dans la jungle : une expérience à vivre, mais qui va diviser
Comme nous l’évoquions dans l’introduction, La bête dans la jungle est une proposition de cinéma extrêmement radicale. Aussi bien dans sa narration que dans sa mise en scène. Cela implique deux choses :
- C’est une expérience filmique à vivre et à ressentir, raison pour laquelle nous ne développerons pas outre-mesure, afin de vous laisser profiter de l’expérience sans trop en savoir.
- Ce film va probablement diviser les spectateurs. En effet, toute proposition forte de cinéma ne peut pas faire l’unanimité. Ainsi, peu importe votre bagage cinématographique, ce film risque de déclencher des réactions viscérales, qu’elles soient positives ou négatives. C’est le fardeau de ce genre d’œuvres.
La bête dans la jungle est typiquement le genre de films pour lesquels les festivals de cinéma sont importants. Une proposition de cinéma émouvante, bien mise en scène et qui ne ressemble à rien d’autre. Un véritable coup de cœur de ce CEFF 2023.
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