« La Sirène » est une plongée saisissante au cœur du siège d’Abadan (CEFF 2023)

"La Sirène" est une plongée saisissante au cœur du siège d'Abadan (CEFF 2023)

Alors qu’Élémentaire a fait revenir le géant Pixar sur le devant de la scène, nous vous proposons aujourd’hui d’évoquer un film d’animation indépendant : La Sirène ! Présentée en juin lors du Champs-Élysées Film Festival en compétition officielle, cette pépite animée nous plonge en 1980, au cœur du siège d’Abadan, lors de la guerre Iran-Irak.

L’horreur de la guerre, au travers de l’animation

La Sirène fait partie de ces films se servant de l’animation comme catalyseur pour parler des sujets les plus durs… Ici, les conditions des habitants d’Abadan, assiégés par l’armée irakienne.

En résulte un film d’une grande puissance visuelle, où l’animation permet de montrer la plus grande violence sans la moindre concession. Malgré sa nature de film d’animation, La Sirène parvient à paraître plus réel et tangible que bien d’autres œuvres cinématographiques. Un aspect grandement aidé par la multitude de détails et d’idées visuelles brillantes.

De surcroît, le métrage bénéficie de plusieurs séquences d’une incroyable puissance visuelle et narrative. On pense notamment à la première plongée dans un champ de bataille, ainsi qu’à l’acte final.

La Sirène : un parcours initiatique plus vrai que nature

Ici, pas d’intrigue complexe ni de développement poussé des personnages. Le film est avant tout un voyage initiatique, où le protagoniste (Omid) et ses proches cherchent à survivre, dans une ville devenue un enfer à ciel ouvert. Si cela peut parasiter la narration en termes de rythme, le film y gagne grandement en réalisme. Ainsi, chaque personnage, même tertiaire, est toujours aussi réaliste qu’attachant, parfois alors même qu’il n’a que quelques secondes de temps d’écran.

Là est toute la force du film. Tous ses protagonistes sont plus vrais que nature, malgré leur nature animée et leur design minimaliste. La Sirène prend également un parti très intéressant avec ses personnages. En effet, aucun d’entre-eux n’entre réellement en conflit, malgré l’horreur de la situation. Au contraire, la bienveillance est de mise. Un choix judicieux, venant contraster avec l’ambiance mortifère qui pèse sur la ville.

Toutefois, si la guerre est admirablement retranscrite, on ne peut que regretter l’absence de contexte historique en début de film. En effet, la guerre Iran-Irak est malheureusement un épisode très peu connu en France. Un point qui ne manquera pas de perdre les spectateurs les moins avertis. Certes, La Sirène est remis dans son contexte historique en fin de film. Mais peut-être eut-il été judicieux de le faire lors du premier acte, afin de ne pas perdre les non-initiés. Toutefois, si l’on omet ce bémol, La Sirène reste une œuvre d’une grande solidité, qui n’a pas démérité son prix lors du prestigieux Festival d’Annecy.

Une fois encore, le Champs-Élysées Film Festival a tapé juste en prenant dans sa sélection officielle un film de grande qualité. Nous ne pouvons donc que vous inviter à découvrir cette petite pépite de l’animation. 

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Journaliste, photographe et réalisateur indépendant, écrire et gérer Cultea est un immense plaisir et une de mes plus grandes fiertés.

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