La monnaie est utilisée partout et par tous. Elle se décline en de multiples formats (billets, pièces, monnaie virtuelle…). Si aujourd’hui elle est incontestablement au centre de nos sociétés, ce ne fut pourtant pas toujours le cas dans l’histoire de l’humanité. Retraçons donc l’histoire de la monnaie sous toutes ses formes.
A quoi sert la monnaie ?
Définition
Avant tout, revenons à la base. Le mot monnaie vient étymologiquement du latin : moneta. C’est un instrument d’échange qui a 3 fonctions :
- Réserve de valeur : les acheteurs et vendeurs ont besoin de conserver le fruit de leur travail, tout en garantissant que la valeur de leur fortune sera la même dans le temps. Les individus souhaitent épargner leur argent pour des achats futurs.
- Évaluation de la valeur : la monnaie est un moyen de comparer la valeur des différents biens.
- Intermédiaire des échanges : la complexité du monde moderne fait que le système de troc n’est pas le plus adapté. De ce fait, on a besoin d’un intermédiaire d’échange que tous les individus acceptent en échange de biens et des services, ou comme paiement de leur travail.
Les conditions
La monnaie doit aujourd’hui remplir plusieurs conditions pour être considérée comme telle.
- Elle doit être standardisée, pour qu’on puisse évaluer sa valeur.
- Elle doit être acceptée.
- Sa base ne doit pas se détériorer.
- Elle doit être divisible.
- Elle doit être aisée à transporter.
- Sa valeur doit être garantie par une institution.
Le troc : précurseur de la monnaie
En quoi cela consiste ?
Avant la création de la monnaie, les objets s’échangeaient grâce au troc. Les marchandises diverses comme les animaux pouvaient être utilisées pour des échanges en tous genres. Ainsi, on pouvait (par exemple) acheter des vases en échange d’une chèvre sauvage. En 3000 avant JC, On échangeait notamment de l’orge et du métal (pas encore frappé).
En 1300 av JC, ce sont les coquillages qui sont utilisés en Asie, Afrique, en Europe… Les premiers à utiliser cette monnaie étaient les Chinois. Ces coquillages étaient appelés les cauris. Leur valeur était déterminée par rapport à la loi de l’offre et de la demande. Ainsi, si la demande de coquillages était forte, alors leur valeur grimpait fortement.
À l’inverse, une faible demande pouvait ruiner les plus grands marchands. Cette forme de monnaie fut délaissée en raison de son caractère périssable et de la difficulté pour les transporter en cas de grosses sommes d’argent.
Image de cauris
Ses limites
Ce qui n’était pas considéré à l’époque, c’était que l’offre pouvait ou non correspondre à la demande. Il fallait donc faire en sorte de trouver un objet qu’on acceptait contre le nôtre. Réciproquement, cela devait être la même chose pour la personne avec qui on échangeait. C’est ce qu’on appelle la double coïncidence des désirs.
La monnaie sous forme de métaux
Un moyen de représenter le souverain
Avant la mise en place des moyens de paiement que l’on connaît aujourd’hui, la monnaie était réellement faite de métaux précieux. Ils étaient généralement frappés du blason du roi ou d’un quelconque symbole de la royauté environnante. Ces inscriptions étaient un moyen de garantir la valeur de la monnaie.
Celle-ci n’avait pas encore de valeur faciale. On se basait sur la valeur du métal au poids. Le monnayage était beaucoup utilisé en tant que symbole de la royauté. Notamment durant l’empire romain, jusqu’au VII siècle après JC. On pouvait voir représenté l’empereur actuel ou celui de Constantinople. Pareil pour les rois barbares, qui prirent même la peine d’inscrire leur nom en monogramme.
Une pièce à l’effigie de Jules César
Les Romains suivirent cette tendance lorsque Théobalde 1er décida de frapper une monnaie à son nom en 568. On peut prendre l’exemple des pièces utilisées en Lydie entre 610 et 560 avant JC. Elles étaient composées d’argent et d’or : c’est ce qu’on appelle l’électrum. Elles furent frappées avec le symbole d’un lion et utilisées comme intermédiaires d’échange. À cette époque, les métaux étaient favorisés, car ils garantissaient une valeur d’échange. Dans le monde musulman, c’est le dinar d’or qui s’introduit en 692 et qui sera démocratisé dans toute la Méditerranée.
La perte de son monopole
Si la monnaie n’était frappée que sous l’ordre du roi de manière centralisée, ce ne fut pas le cas partout ni tout le temps. Lors du règne des Mérovingiens en Gaule par exemple, ce n’était plus l’Etat qui détenait le pouvoir de frappe. Si bien que l’on décomptait des milliers d’ateliers de monnayage dans toute l’Europe.
Une monnaie mérovingienne
Cependant, seuls les plus aisés qui pouvaient y avoir accès. Les paysans devaient se résoudre à utiliser le troc qui, comme on l’a vu, était un système beaucoup trop complexe. La monnaie avait à l’époque une valeur en poids. Le problème est qu’on a vite compris que les métaux précieux n’étaient pas si abondants que ça. On a donc dû les remplacer par des métaux moins nobles.
Une monnaie moderne
L’évolution de la théorie économique
A partir du XVI siècle, on voit émerger les théories économiques qui remettent en cause la valeur de la monnaie et sa dépréciation. De Copernic à David Hume en passant par John Locke, la théorie économique est claire : l’entrée d’une nouvelle monnaie, déprécie l’autre en réduisant sa valeur. Ce qui entraîna une montée de la méfiance vis-à-vis de la création monétaire.
Le début de la monnaie scripturale
Un siècle plus tard est né le processus de création monétaire bancaire. Les aristocrates et bourgeois placent leur fortune d’or dans les coffres-forts des orfèvres, qu’ils payent et qui leur délèguent un certificat. Par la suite, la démocratisation va créer un véritable circuit économique où les orfèvres accepteront d’être payés et de recevoir des certificats de dépôts (comme des billets).
Les enseignes des orfèvres deviendront ce que l’on appelle des banques de dépôts. Le certificat de dépôt devint ainsi l’ancêtre du billet de banque. Un système qui existait d’ailleurs déjà en Chine dès le VIII ème siècle. Dans le même temps en 1685, les colons français au Canada inventent la monnaie fiduciaire. C’est avec la Révolution Française qu’est instaurée la Banque de France, qui met en place un système monétaire basé sur sa valeur faciale et non intrinsèque.
Un exemple de certificat de dépôt
Le début des monnaies internationales
C’est en 1750 que l’impératrice Marie-Thérèse de Habsbourg fait frapper une monnaie qui sera diffusée dans les colonies anglaises, espagnoles, et en Afrique orientale. Cela deviendra vite une monnaie à l’échelle mondiale. Une véritable révolution pour l’époque…
La monnaie d’aujourd’hui
Les nouveautés du XX siècle
Il faut attendre le XX siècle pour voir arriver les moyens de paiement que l’on connait aujourd’hui. Les prémices virent toutefois le jour sous Napoléon III en 1865. Les chèques ne se sont généralisés qu’à partir des années 1960. Et ce n’est qu’en 1957 qu’est lancée la carte bleue en France. La monnaie est désormais bien plus qu’un jeu d’écriture (monnaie scripturale) qui peut être transformé en billet à tout moment (monnaie fiduciaire).
Les accords de Breton Woods : le pivot de l’économie moderne
En 1944, ce sont les accords de Breton Woods qui témoignent au dollar un statut de monnaie internationale, lui donnant un statut dominant les autres. Le dollar est convertible directement en or et aucune autre devise ne le peut. On peut donc échanger directement des dollars contre de l’or.
A l’époque, les États-Unis disposaient des trois quarts de l’or mondial et furent l’un des seuls pays qui ne fut pas impacté trop fortement par la guerre. Cependant, en 1971, le Président Nixon décide devait mettre fin à ce système pour contrer l’inflation. Malgré tout, le dollar reste une monnaie utilisée à l’international et de nouvelles monnaies s’imposent sur la scène internationale comme l’euro et le yuan. Mais la fin des accords de Breton Woods marque un tournant dans l’économie mondiale. Car désormais, le système monétaire n’est plus calqué sur une valeur (celle de l’or). Rendant les jeux d’argent et d’inflation beaucoup plus délicats.
Le logo de la libra : crypto-monnaie créée par Facebook
L’argent du futur
Le système monétaire tend aujourd’hui à se virtualiser, pour le meilleur comme pour le pire. La première monnaie virtuelle aurait vu le jour en 1999, sous le nom de monnaie Flooz. D’un autre côté, on considère que la monnaie numérique fut elle créée aux alentours des années 2010. La différence entre ces deux types de monnaies n’est pas encore bien définie.
La crypto-monnaie est apparu à la fin du XX siècle par l’intermédiaire de l’entreprise américaine DigiCash, sans succès. A partir de 2009, une nouvelle crypto-monnaie est créée : le Bitcoin. Bien plus tard, on aura le Litecoin, le Monero ainsi que l’Etherum. Reste à savoir comment ces monnaies influenceront l’économie mondiale dans les prochaines années. Il n’est d’ailleurs pas impossible que nos monnaies nationales se mettent à la page, puisque celles-ci circulent de plus en plus de façon virtuelle.
Et vous ? Vous avez plutôt envie envie de retourner à l’ère de vos ancêtres en réalisant du troc ? Ou plutôt d’investir dans le Bitcoin ? On constate qu’aujourd’hui la dématérialisation de la monnaie est de plus en plus présente. D’ailleurs, les pièces et les billets ne représentent plus que 15% de la monnaie en circulation.
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Sources :
- group.bnpparibas : Une brève histoire de la monnaie
- Wikipédia – Histoire de la Monnaie
- herodote.net : 650 av. J.-C. à nos jours – Brève histoire de la monnaie
- universalis.fr : Histoire de la monnaie
- https://www.pearson.ch/download/media/9782744076374_TC.pdf
- bitcoin.fr : Histoire de la monnaie des origines au Bitcoin – Episode 1
7 Replies to “Comment est-on passé du troc de marchandises à la monnaie virtuelle ?”