« Dans la cuisine des Nguyen » : une comédie aussi rafraichissante que pertinente !

Bienvenue « Dans la cuisine des Nguyen », ou l’histoire d’une Cendrillon répondant au nom d’Yvonne qui ne rêve pas tous les soirs du prince charmant, mais plutôt de Delphine Seyrig !

Dans la cuisine des Nguyen : le regard rafraichissant d’un amoureux du musical ! 

Tout commence derrière le rideau explosif d’une cascade de plumes rose bonbon dévoilant dans les rues du Paris d’Audrey Hepburn une Yvonne Nguyen (campée par la phénoménale Clotilde Chevalier) virevoltant entourée d’une armée colorée de danseurs en chantant ses rêves d’une gloire à venir.

Un rêve, un songe, qui le temps d’un battement de cils, nous ramène brusquement, non pas dans les rues pavées fantasmées de la capitale, mais plutôt à l’autre extrémité du RER A à Torcy où Yvonne est repartie revivre auprès de sa mère (Anh Tran Nghia). Non, nous ne sommes pas sous une pluie artificielle en compagnie de Gene Kelly, cependant Dans la cuisine des Nguyen garde avant tout la féerie d’une sucrerie acidulée que l’on voudrait infinie !

Synopsis : Yvonne Nguyen, jeune femme d’origine vietnamienne, rêve d’une carrière dans la comédie musicale au grand dam de sa mère qui préférerait la voir reprendre son restaurant en banlieue. L’intimité de la cuisine, entre plats familiaux et recettes traditionnelles, leur permettra-t-elle enfin de communiquer, se comprendre et s’accepter ?

Le brio de la mise en scène de Stéphane Ly-Cuong repose alors sur cette capacité folle à jouer avec les genres du film musical. Une suite parfaitement logique quand on sait que c’est ce même réalisateur qui fut l’homme derrière le Cabaret Jaune Citron avec en tête d’affiche… Clotilde Chevalier elle-même (et encore dans le rôle d’Yvonne Nguyen) ! 

Stéphane Ly-Cuong se place alors dans la lignée du spectacle musical à la sauce frenchie en multipliant les clins d’œil aux Misérables et à l’univers de Jacques Demy ou en saluant les étoiles qui ont fait la renommée, il fut un temps, de Hollywood ! Un héritage pleinement assumé par le metteur en scène qui derrière tout ce pastiche n’oublie néanmoins jamais d’apporter sa propre pierre à ce genre encore trop boudé en France.

En somme une œuvre hybride, à la croisée de ces grandes figures qui ont su façonner l’art de la comédie musicale, mais qui à la fin ne crie qu’un nom : celui de son réalisateur !  

Les paillettes et les plumes ont aussi leur mot à dire ! 

Qu’est-ce qui fait la force d’œuvres telles que Wicked, La Mélodie du Bonheur ou encore The Rocky Horror Picture Show ? Le propos.

Dans la cuisine des Nguyen est donc l’histoire de l’enfant intérieur en chacun de nous. L’histoire d’une jeune femme qui rêve de faire carrière sans pourtant connaitre la success-story d’un ou d’une artiste qui par un coup de baguette magique se retrouve au sommet de sa gloire (oui, oui, c’est à la mode au cinéma en ce moment).

On se plonge donc dans l’histoire d’Yvonne, qui enchaine les petits boulots où elle chante devant un public restreint. Qui croit à chaque audition que c’est peut-être la bonne, avant qu’on ne lui dise que son métissage franco-vietnamien est un véritable frein pour jouer Marie-Antoinette. Et qui à plus de trente ans, doit revenir vivre chez sa mère propriétaire d’un restaurant vietnamien anciennement karaoké. Une petite douceur d’1h30 qui derrière son humour débridé charrie ce propos, cette idée sur notre propre société.

Dans la cuisine des Nguyen dresse alors le portrait, en s’évitant la facilité d’une vision manichéenne, d’un monde du showbiz ingrat où l’âgisme, le racisme ordinaire et l’épuisement en général sont très loin d’être des mythes.

Un propos fort, mais presque secondaire tant le cœur du film se retrouve en la relation orageuse entre Yvonne et sa mère. Avec son duo d’actrices, Stéphane Ly-Cuong dessine les contours de la fresque poignante d’une relation mère fille profondément impactée par le déracinement et les deuils. Le parcours d’Yvonne, plus que l’ascension d’une étoile, prend alors la forme d’un retour vers ses racines. Un ricochet ainsi symbolisé la danse des mains en cuisine d’Yvonne et sa mère, bien plus virtuose que le bal de leurs paroles. 

Dans la cuisine des Nguyen est ainsi un film à la simplicité redoutable. Une œuvre somme saluée par la beauté des décors, des lumières et d’une caméra virevoltante au service de son cœur : le duo d’actrices campé par les merveilleuses Clotilde Chevalier et Anh Tran Nghian. Un film de Stéphane Ly-Cuong avec en plus au casting les géniaux Thomas Jolly, Linh-Dan Pham et Leanna Chea, au cinéma le 5 mars prochain ! 

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