Doit-on dire « Comédie musicale » ou « Film musical » ?

Doit-on dire « Comédie musicale » ou « Film musical » ?

Depuis l’existence de la musique et des chansons dans les films, le terme de ce genre cinématographique est ambigu. Alors « comédie musicale » ou « film musical » ?

Les origines de la « comédie musicale » en Angleterre et aux États-Unis

En effet, les « comédies musicales » sur scène sont apparues en premier, à la fin du XIXe siècle en Angleterre, avec The Black Crook. Composées de musique/chants et/ou de danse, elles mettent souvent en scène des histoires d’amour dramatiques. Elles se développent au début du XXe siècle avec le jazz et des numéros dansants novateurs, comme les claquettes.

Relevant du burlesque, la « comédie musicale » a gardé le mot « comédie », car le burlesque était un genre léger. Néanmoins, les comédies musicales peuvent traiter de sujets très sérieux, comme des périodes historiques. On attribue maintenant ce genre de spectacle à Broadway, grand quartier musical de New York City.

Le point principal de la comédie musicale est bien évidemment la musique. Car sans musique, pas de chants, ni de danses. Grâce à ce genre théâtral, de nombreux compositeurs ont pu se faire un nom.

Ainsi, des collaborations inédites ont pu voir le jour. C’est le cas notamment des compositeurs Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II. Ce duo mythique va alors réinventer le genre musical. Ils ont créé ensemble plusieurs pièces musicales qui vont ensuite être adaptées au cinéma, comme The Sound of Music et The King and I. Il était déjà fréquent que plusieurs compositeurs soient mélangés dans des pièces. On pouvait alors entendre Irving Berlin et George Gershwin dans le même spectacle.

Souvent incohérents au début, les scénarios vont peu à peu faire sens grâce au cinéma. Les histoires auront une réelle intrigue à dénouer. Le genre musical se laisse alors influencer par ce qui l’entoure. Comme par exemple le mouvement hippie qui va déclencher le Flower Power dans la grosse pomme. Le style musical de la comédie musicale est donc sans cesse renouvelé. Mais depuis quelques années, les spectacles se suivent et se ressemblent, suivant les modèles des gros succès précédents.

The Sound of Music à Broadway en 1959.

La comédie musicale en France

Le genre théâtral se fait bien plus discret en France. Pourtant déjà bien présent dès les années 1920, les spectacles français connaîtront moins de succès. Il se fait une place avec le célèbre Starmania de Luc Plamodon, et les autres « machines à tubes » de Michel Berger et France Gall fonctionnent aussi bien. Mais depuis le succès foudroyant du spectacle musical Notre-Dame de Paris sorti en 1998, les sorties se succèdent les unes après les autres.

Depuis les années 2000, les acteurs français enchaînent les tournées, reprenant des histoires classiques. Les comédies musicales françaises les plus connues sont Le Roi Arthur, Mozart : l’Opéra Rock, Roméo et Juliette, Robin des Bois et tant d’autres. Elles se font maintenant une place dans le spectacle français. Le dernier succès en date est actuellement en tournée. Il s’agit de la dernière adaptation de Starmania de Thomas Jolly (Richard III, Henri VI), qui a remporté plusieurs prix. Ces succès fulgurants ont également permis de créer des écoles de comédie musicale, comme l’Académie Internationale de comédie musicale créée par Pierre-Yves Duchesnes.

Lilya Adad dans le rôle de Cristal, Starmania, Thomas Jolly.

Maintenant que le terme « comédie musicale » a été éclairci, le « film musical » n’en est pas moins compliqué.

Les débuts du « film musical » aux États-Unis

Parce que l’on sait que le premier film musical reconnu au cinéma est The Jazz Singer, ce n’est pas à cause de lui que l’on confond « film musical » et « comédie musicale ». Tout d’abord, on appelle un « film musical » une « comédie musicale », tout simplement parce que les premiers films musicaux ont été souvent adaptés des représentations théâtrales. Comme par exemple la pièce Show Boat d’Oscar Hammerstein II qui a été adaptée plusieurs fois à l’écran.

Les débuts des « vraies comédies musicales américaines » arrivent avec Busby Berkeley. Le chorégraphe américain nous dévoile ses chorégraphies monstrueuses, comme Footlight Parade par exemple. Suit en 1935 le duo incontournable de claquettes : Fred Astaire et Ginger Rogers. Les deux stars vont produire une vingtaine de films ensemble, et apparaissent à l’écran pendant dix ans. Leur complicité est telle que l’on ne se lasse jamais de les voir danser harmonieusement.

Jouant souvent un couple, il nous en faut peu pour succomber à leurs charmes. C’est avec les succès de The Wizard of Oz ou Gone With The Wind que la comédie musicale au cinéma se déploie. C’est principalement chez la production Metro-Goldwyn-Mayer que les gros films musicaux se réalisent. On y retrouve souvent les mêmes vedettes, telles que Gene Kelly, Judy Garland, Audrey Hepburn, Cyd Charisse, Julie Andrews et toujours notre cher Fred Astaire.

Les films musicaux se succèdent également et crèvent l’écran, comme West Side Story, Grease, Easter Parade, Mary Poppins, Carmen Jones My Fair Lady… Après s’être peu à peu éteints, les films musicaux reprennent de plus belle, notamment depuis La La Land de Damien Chazelle

Judy Garland et Gene Kelly dans The Pirate de Vincente Minelli.

Les films musicaux en France

Contrairement aux comédies musicales, on trouve moins de films musicaux en France. Les plus connus sont principalement presque tous issus de la filmographie de Jacques Demy, qui nous a introduit Peau d’Âne ou encore Les Demoiselles de Rochefort. Depuis, certains films musicaux français ont réussi, mais peu restent. Depuis la reprise de Damien Chazelle, on peut difficilement considérer un autre cinéaste que Demy en tête de liste. D’autant plus que ces succès français emploient des acteurs américains vedettes, nous prouvant que les talents français se font rares.

Ainsi, la confusion entre « film musical » et « comédie musicale » est juste une fusion d’un même mot pour deux genres différents. Une seule qualification est plus simple, puisqu’au final les deux genres se rejoignent. Au grand dam des fans de « comédies musicales », qui tiennent au terme exact des représentations sur scène. 

Françoise Dorléac et Catherine Deneuve dans Les Demoiselles de Rochefort

Sources :

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