Les comédies musicales : une vraie thérapie du bonheur !

Les comédies musicales : une vraie thérapie du bonheur !

Nous sommes tous et toutes, quoi qu’il arrive, reliés à la musique. La musique fait partie de nos vies, nous l’entendons quotidiennement. Mais des études ont récemment montré que les musiques de comédies musicales provoquaient plus de bonheur, qu’on les connaisse ou non. 

Les scientifiques nous expliquent tout

Tout d’abord, l’étude scientifique se base sur les émotions provoquées par le cerveau, et non par le cœur. Les musiciens qui étaient persuadés que les émotions se créaient par le cœur, faisant ainsi découler les émotions, n’en croyaient pas un mot. C’est à partir de là qu’a été créée l’imagerie cérébrale.

« Je me souviens que lorsque nous commencions à parler de nos travaux d’imagerie cérébrale de la perception musicale à des musiciens et compositeurs, au milieu des années 1990, une très grande méfiance ou circonspection était alors exprimée par les artistes, qui ne voyaient pas en quoi l’analyse du fonctionnement cérébral allait leur donner de quelconques clés de compréhension sur leur art et sa pratique. »

Hervé Platel.

L’imagerie cérébrale permet de calculer les effets de l’art sur notre cerveau. Cela joue donc sur notre humeur, ainsi que la création d’émotions. Les scientifiques se sont plus particulièrement attardés sur la musique. Chantée ou non, la musique fait travailler différents endroits de notre cerveau. En écoutant de la musique, nous faisons travailler notre cortex cérébral, qui contient l’aire de Broca et l’aire de Wernicke. La première est associée à la production de mots parlés, tandis que la seconde à la compréhension de ceux-ci. Néanmoins, les paroles et les musiques sont traitées par d’autres zones du cerveau. C’est pourquoi l’on peut se souvenir seulement des paroles sans la musique, et de la musique sans les paroles. C’est également grâce à cela que la répétition nous conforte, nous rassure. En effet, c’est grâce au biais cognitif que nous apprécions de nouveau une œuvre déjà entendue.

Pourquoi les comédies musicales nous rendent plus heureux.ses ?

Les répétitions se retrouvent dans les comédies musicales. En effet, les leimotiv, thèmes musicaux associés à des personnages d’une œuvre, se retrouvent tout au long de celles-ci. Ainsi, en entendant de manière répétée une mélodie déjà entendue, nous nous rassurons en reconnaissant la musique. Nous devenons alors familiers avec l’œuvre musicale.

« La répétition de thèmes musicaux existe depuis que la comédie musicale existe », explique Patrick Niedo, danseur, professeur de danse en France et au Broadway Dance Center de New York dans les années 1980-1990 et auteur du livre de référence Hello, Broadway ! « C’est un moyen pour les compositeurs de « marteler » une mélodie afin que les spectateurs [ne soient pas assaillis] par trop de mélodies. »

Le statisticien Jacob Jolij a donc calculé des battements de cœur qui devenaient plus ou moins rapides selon les musiques écoutées. Tandis que certains connaissaient ou reconnaissaient une œuvre musicale, d’autres les entendaient pour la première fois. Et pourtant, le résultat était plutôt similaire. Ainsi, les musiques à tonalité majeure, associées au bonheur dans une œuvre, provoquent réellement de la joie chez l’auditeur.ice. On peut donc facilement monter jusqu’à 150 battements du cœur par minute ! Et ce sont surtout les numéros dansants qui provoquent encore plus d’engouement de la part de l’auditeur.ice. À contrario, les musiques en tonalité mineure, associées à la tristesse, faisaient redescendre le battement cardiaque. Les musiques écrites en tonalité mineure nous provoquent moins de bonheur que celles en majeure.

« Dans une comédie musicale, la tristesse ou l’émotion est provoquée sans aucun doute par la musique, mais aussi par la situation décrite et exposée. L’histoire joue aussi un grand rôle, car une comédie musicale est avant tout une pièce de théâtre. Si l’on peut jouer sur la corde sensible musicale du plus grand nombre, on se doit aussi de proposer un livret ou des paroles des chansons qui sont les deux autres éléments de l’émotion. »

Patrick Niedo, professeur de danse et danseur. 

L’exemple de West Side Story, la plus grande des comédies musicales

West Side Story, qu’est-ce que c’est ?

West Side Story est une comédie musicale d’abord créée en 1957 à Broadway, puis adaptée au cinéma en 1961. Elle restera alors cinq années d’affilée au cinéma à Paris. L’adaptation originale est une collaboration entre Robert Wise (La Mélodie du Bonheur), Jerome Robbins, et Leonard Bernstein. Elle remet en scène un Shakespeare des temps modernes, avec des problématiques de l’époque. On retrouve en tête d’affiche Natalie Wood et Richard Beymer dans les rôles principaux de Maria et Tony :

Dans le West Side, bas quartier de New York, deux bandes de jeunes s’affrontent, les Sharks de Bernardo et les Jets de Riff. Un ex des Jets, Tony, s’éprend de Maria, la soeur de Bernardo.

En effet, au lieu de finir en double suicide comme le très classique Roméo et Juliette, nous suivons deux jeunes adultes qui tombent amoureux. Au commencement, ils ne doivent pas tomber amoureux. Non pas à cause d’une rivalité royale, ou de conflits familiaux. Cette fois-ci, le conflit est l’immigration. En effet, dès les années 1950, les Portoricains commencent à s’installer en Amérique, lieu de notre intrigue. Provenant de deux ethnies différentes, les tourtereaux doivent se séparer. Mais leur amour est bien plus fort, voyant au-delà de l’ethnie et des origines différentes. Le succès est tel que les spectateurs sont charmés par cette adaptation moderne, donnant un souffle nouveau sur le genre cinématographique.

En 2021, le grand réalisateur Steven Spielberg a réinventé cette comédie musicale en gardant les mêmes numéros musicaux. Avec les évolutions des matériaux, le résultat est encore plus bluffant et regorge de couleurs chatoyantes. Mais ce qui surprend le plus, autant dans l’ancienne que dans la nouvelle version, ce sont les numéros dansants. Ils sont tout aussi importants que les musiques que l’on peut écouter.

West Side Story sur les auditeurs.ices

Les différents tests d’écoute ont été réalisés sur trois musiques principales : la rencontre entre Tony et Maria sur Dance at the Gym, la chanson d’amour de Tony pour Maria, et la musique la plus connue : I like to be in America. Pour le premier morceau, le battement par minute s’élève à 108. La musique varie entre les différents rythmes, un coup rapide, puis un coup lent. La deuxième musique, en mineure et bien plus lente, diminue le BPM à 89 seulement ! Le temps de profiter de la lenteur du moment rempli d’amour. En revanche, le titre phare de la comédie musicale fait grimper en flèche le rythme cardiaque ! C’est avec 158 BPM que les portoricains gagnent notre cœur. En effet, les instruments nous entraînent dans une danse folle et effrénée dans les quartiers de l’Amérique.

« West Side Story est évidemment le produit de son époque. Les auteurs ont voulu raconter la guerre des gangs qui sévissait à Los Angeles et à New York au début de leur écriture en 1955, et ce même si l’idée d’un Roméo et Juliette des temps modernes germe depuis fin 1948 dans la tête de Jerome Robbins. »

Patrick Niedo.

Ainsi, les numéros dansés de manière frénétique séduisent plus les auditeurs, qui semblent entraînés directement dans les chorégraphies. Ceci explique donc pourquoi les battements du cœur s’accélèrent.

« Le statut très spécial de Porto Rico ajoute encore plus d’incompréhensions dans le thème de West Side Story. Les Portoricains ont un passeport américain […] pourtant le peu d’aides que ce territoire a obtenu en 2017 de la part du gouvernement fédéral américain après [le passage de l’ouragan] Maria en dit long sur la considération qui lui est portée » ajoute l’auteur d’Hello, Broadway ! En réadaptant West Side Story, Steven Spielberg a choisi d’en livrer une version plus politique que le film de 1961 ou le livret de 1957. Les questions soulevées dans West Side Story sont-elles si atemporelles que leur recontextualisation est possible pour un nouveau public ? La réponse est oui. Au-delà de la sociologie, du racisme, du déchirement actuel de nos sociétés occidentales, c’est l’histoire d’amour entre Tony et Maria qui est universelle, comme hors du temps. On pense souvent aux thèmes difficiles voire tristes et pathétiques de West Side Story, mais le thème principal est l’amour entre deux êtres ; un amour impossible mais plus fort que tout. »

Patrick Niedo.

Alors, si les comédies musicales nous séduisent toujours autant malgré leur ancienneté dans le monde du cinéma, c’est grâce à la légèreté. Les personnages sont souvent insoucieux de chanter leurs émotions, et la plupart du temps, elles mettent en scène l’amour. D’autant plus que la répétition de ces numéros chantés et dansés nous donnent de l’anticipation, ce qui est une forme d’impatience et donc d’excitation. Les auditeurs se retrouvent confrontés à du bonheur, concentré en un seul film. Les deux adaptations cinématographiques de West Side Story sont à retrouver sur Prime Video pour l’originale, et sur Disney+ pour celle de Spielberg. 

« West Side Story », Steven Spielberg.
« West Side Story », Steven Spielberg.

Sources : 

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