Ludwig van Beethoven, né en 1770 en actuelle Allemagne, est un compositeur hors du commun. Sortant des codes classiques pour inspirer toute une génération de romantiques, son œuvre trouve une postérité égalée seulement par celle de Mozart.
L’enfance peu commune de Beethoven
Le père du jeune Beethoven, Johann van Beethoven, n’élève pas son fils comme n’importe quel père l’aurait fait. Lui-même musicien, il souhaite faire de son fils un virtuose, prenant exemple sur la famille Mozart. Wolfgang Amadeus Mozart, né 14 ans avant Beethoven, effectue en effet le Grand Tour dès ses six ans. Il s’agit d’un voyage dans toute l’Europe permettant de le présenter à la grande bourgeoisie du Vieux Continent. Johann van Beethoven n’a cependant pas la pédagogie du père de Mozart ; il se montre violent envers son fils et le brutalise, souvent sous l’emprise de l’alcool.
Van Beethoven se montre doué et prometteur. Mais malgré un tour aux Pays-Bas, il ne rapporte pas l’argent espéré par son père. À 11 ans, il devient l’élève de Christian Gottlob Neefe et découvre Bach et Dressler. L’année suivante, il commence à composer. À 17 ans, il rencontre Mozart à Vienne ; si ces deux ne forgent pas d’amitié, Mozart déclare tout de même :
« Faites attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde. »
Bon musicien, il ne va plus à l’école dès l’âge de 11 ans et ne reçoit qu’une éducation partielle, ce qui constituera un léger handicap par la suite. En 1789, il s’inscrit à l’université de Bonn, puis à celle de Vienne en 1792 sous la supervision du compositeur Haydn qui le prend sous son aile. Dernier représentant du classicisme viennois, il détournera par la suite les codes du genre.
Développement
Sa relation avec Haydn ne deviendra jamais fusionnelle. S’il existe bien un respect entre les deux hommes, aucun des deux ne souhaite être dans l’ombre de l’autre. On peut lire que Haydn jalousait son élève, mais aussi que Beethoven voulait s’affranchir de lui. Le maître déclarera tout de même en 1793 :
« Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez des pensées que personne n’a encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes. »
Haydn voit juste, et son élève s’affranchit vite des règles de la musique classique. Inspiré par la souffrance de la perte de sa mère et de ses désespoirs amoureux, il jette les bases du romantisme en musique. L’époque est en effet propice aux idées nouvelles : Beethoven est un contemporain de Goethe, bien que les deux ne s’entendent pas, et vit la Révolution française qui fait grand bruit sur le continent.
Surdité et âge d’or de Beethoven
Beethoven devient progressivement sourd. En 1796, les acouphènes commencent à le déranger. C’est en 1820 qu’il deviendra tout à fait sourd. C’est d’ailleurs cette surdité qui l’éloignera de la vie en société et qui forgera à tort sa réputation de misanthrope. Peu satisfait de son œuvre au tournant du XIXe siècle, il s’attelle à l’étoffer et commence à construire sa légende. De 1806 à 1808, il écrit avec acharnement. La première année, il écrit deux concertos, une symphonie et trois quatuors à cordes, la plupart destinés à un diplomate russe, Andreï Razoumovski.
Il se fâche cependant avec son principal mécène, à qui il reproche de baser son autorité sur le hasard de sa naissance. En 1808, il reçoit Jérôme Bonaparte, le plus jeune frère de Napoléon, placé sur le trône d’une province prussienne. Au sommet de son art, Beethoven crée la Septième et la Huitième Symphonie en 1812.
Déclin et décès
À la suite de la Huitième, Beethoven perd de sa superbe. Les œuvres qui suivent sont critiquées par ses contemporains, qui les jugent peu pertinentes du fait de la surdité de leur auteur. À la suite de sa perte d’audition totale, le compositeur utilise une baguette en bois pour ressentir les vibrations du piano. Ainsi, il composera en 1824 sa dernière très grande œuvre, la célébrissime Neuvième Symphonie. Sa création ouvrira une malédiction, dite « malédiction de la neuvième symphonie », qui voudrait que l’auteur d’une neuvième symphonie meure à la suite de sa composition. Les exemples notables sont ceux de Franz Schubert, Antonín Dvořák, Anton Bruckner et Gustav Mahler, tous décédés après avoir composé leur propre neuvième symphonie.
En 1826, Ludwig van Beethoven décède à Vienne des suites d’une double pneumonie ou d’une cirrhose alors qu’il écrivait sa Dixième Symphonie. Bien que sourd à la fin de sa vie, Beethoven aura su composer des œuvres monumentales, épiques et romantiques jusqu’à sa mort.
Sources :
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