Maria Anna Mozart, la sœur ainée du célèbre compositeur autrichien, était elle aussi une jeune prodige de la musique. Dès très jeune comme son frère, elle tenait des représentations et captivait les différents publics de l’Europe entière. Mais ses talents ont vite été éclipsés par ceux de son petit frère Wolfgang Amadeus et son histoire est bien moins populaire. Revenons donc sur la vie de la jeune prodige.
La jeune fille qui sera surnommée « Nannerl » nait en 1751 après trois autres bébés qui n’ont tristement pas survécu à la petite enfance. Très tôt, elle suit les traces de son père musicien et s’initie à la musique. Son père musicien à la cour du prince-archevêque de Salzbourg remarque le talent de son enfant. A 7 ans, la petite Nannerl joue déjà des pièces complexes au clavecin et au piano-forte.
A l’âge de 10 ans, elle démontre une oreille et une virtuosité sans égales, et c’est d’ailleurs à ses côtés qu’un jeune garçon, dont la célébrité dépassera sa postérité, fera ses premiers pas dans la musique. La sœur ainée révélera d’ailleurs plus tard dans ses écrits que le jeune Mozart s’amusait à deviner les notes jouées par sa sœur.
« Il s’amusait souvent, longuement à rechercher les tierces qu’il produisait toujours avec le consentement d’un enfançon dévorant une pâtisserie. »
Leur père voyant le talent de ses petits Mozart décide de consacrer sa vie à l’éducation musicale de ses enfants.
Les deux prodiges jouent souvent à quatre mains sur le même clavier et Nannerl contribue plus ou moins à l’éducation musicale de son frère en lui montrant le bon exemple, étant plus disciplinée et rigoureuse que le futur génie encore jeune.
En octobre 1762, alors que Nannerl a 11 ans et Wolfgang seulement 6 ans, la fratrie Mozart se produit ensemble au Palais Collalto à Vienne, la jeune Nannerl s’installe au clavecin et son frère Wolfgang Amadeus est au violon. Les deux prodiges font alors une performance qui va marquer le début d’une tournée européenne passant dans 80 villes. De Londres à Munich, en passant par Bruxelles et Paris, toutes les critiques applaudissent les performances des deux virtuoses. Eh oui, Maria Anna attire aussi l’attention. Un journal publié à Augsbourg en 1763 écrit même :
« Imaginez une petite fille de onze ans, jouant les sonates et concertos les plus difficiles des plus grands compositeurs sur son clavecin ou son piano-forte, avec une précision, avec une incroyable légèreté, avec un goût parfait. »
Maria Anna Mozart, une prodige éclipsée par un nouveau prodige
Mais rapidement, les talents de son petit frère deviennent une priorité dans la famille. En effet, quelques mois avant la tournée européenne, en janvier de la même année, Wolfgang compose sa première mélodie à seulement 6 ans. Le jeune garçon, qui arrive déjà à improviser au violon, au piano et à l’orgue, est d’ailleurs capable d’identifier n’importe quelle note grâce à son oreille absolue. Que ce soit le son du piano ou bien d’une horloge mécanique, le garçon arrive toujours à retrouver la note. Un tel génie à un si jeune âge attire toute l’attention, ne faisant de l’ainée plus qu’un personnage de second plan.
Et ça, la petite fille le ressent bien. Elle entend les applaudissements plus enthousiastes des spectateurs quand son frère joue et remarque que son père privilégie l’enseignement de son fils. Quand les enfants Mozart attrapent le typhus en 1765, leur père demande de répéter six messes pour la guérison de Wolfgang, mais seulement une pour celle de Nannerl. La petite Maria Anna est donc délaissée, ce qui l’attriste et provoque un sentiment de solitude.
En 1769 , la carrière de l’ainée s’arrête. En effet, la jeune fille de 15 ans a atteint l’âge auquel une fille de bonne famille doit se marier. Elle ne repartira donc plus avec son père et son frère en tournée. Quelques années plus tard en 1784, elle épousera un magistrat de 47 ans qui avait été choisi par son père. Une union dont elle n’était pas satisfaite comme le révèle une lettre échangée avec son frère. Il semblerait qu’Anna Maria était amoureuse d’un autre homme nommé ranz A. d’Yppold. Elle aura tout de même trois enfants avec son mari.
Mais bien qu’elle soit mère au foyer, la prodige n’oublie pas pour autant la musique. Nannerl continue de jouer du piano-forte et pratique environ 3 heures chaque jour. Parfois, elle invite des connaissances afin de faire de petits concerts improvisés. Le Dr. Deborah Gatewood, responsable Expositions & Éducation à la Fondation Mozarteum de Salzbourg, révèle d’ailleurs que la mère ne se serait pas arrêtée au simple dégourdissement de ses doigts sur un piano, puisqu’elle aurait aussi composé des morceaux.
« Nous savons que Nannerl a composé au moins quelques morceaux car son frère la complimente sur ses compositions dans des lettres. En revanche, nous ne savons pas si elle a composé pour lui. »
Après la mort de son frère à l’âge de 35 ans elle sera réquisitionnée pour identifier ses œuvres inachevées. Après sa contribution, Maria Anna retombera dans l’oubli et ce n’est qu’en 1825 qu’elle sera retrouvée presque muette et incapable de jouer. Quatre ans plus tard, à l’âge de 78 ans, elle mourut dans la même ville qui l’avait vue naitre.
Mais son écriture soignée reste gravée dans le Notenbuch offert par son père, témoignant de son talent inexploité mais aussi de son influence sur l’un des plus célèbres compositeurs.
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