« The Substance » : est un film radical et passionnant [critique]

"The Substance" : est un film radical et passionnant [critique]

Après l’excellent Revenge sorti en 2018, la cinéaste française Coralie Fargeat est de retour avec son deuxième long-métrage : The Substance. Film déroutant, impressionnant, perturbant, The Substance est une proposition horrifique étonnante, emmenée par Demi Moore, Margaret Qualley et Dennis Quaid. Le récit raconte comment un produit expérimental permet à son utilisateur de conserver une sorte de jeunesse éternelle.

The Substance : un film coup de poing

Avec The Substance, Coralie Fargeat veut proposer une œuvre contemporaine, très ancrée dans notre société du paraître, cherchant à dénoncer la superficialité d’un système corrompu par l’apparence. C’est la thématique principale du film : l’apparence. La cinéaste place son récit au plus près de sa protagoniste féminine, incarnée par Demi Moore. Cette dernière est une star de la télévision. Mais maintenant qu’elle a dépassé la cinquantaine, elle se fait doucement mais sûrement raccompagner vers la sortie…

"The Substance" : est un film radical et passionnant [critique]

Avec The Substance, Coralie Fargeat veut mettre en scène la pression qu’une femme doit subir pour se conformer aux attentes extérieures, aux règles superficielles mais bien réelles de l’esthétique, de la beauté plastique, du dictat du corps. Revenge, le précédent film de Fargeat abordait déjà ces thématiques dans une moindre mesure. Dans ce précédent métrage, Matilda Lutz incarnait déjà la femme parfaite, sexualisée et objectivée par des hommes. Elle se retrouvait obligée de lutter pour sa survie face à l’hégémonie de la masculinité toxique.

Véritable film de genre, The Substance aborde donc la condition de la femme à Hollywood. Le film dépeint avec beaucoup de radicalité un milieu où la femme n’est plus propriétaire de son propre corps, un milieu dans lequel le paraître prend le pas sur le reste, où l’esthétique du corps est plus importante que tout autre questionnement moral.

The Substance

Pas ce biais, Coralie Fargeat propose une première partie totalement dingue. Très esthétique, la première partie du long-métrage est un grand huit sexy, très clippé, où la cinéaste film la plastique hallucinante de Margaret Qualley sous tous les angles. Très sexy, très portée sur le corps, sur les formes, sur le sexe, cette première partie cherche à mettre en exergue la superficialité d’un milieu mais aussi d’une époque.

Ou comment le sexe est devenu l’attraction la plus vendeuse du XXIème siècle. La réalisatrice met alors en scène un crescendo génial, à grand renfort de gros plans perturbants, visant à accentuer le mal-être grandissant du personnage de Demi Moore. Avec The Substance, Coralie Fargeat aborde des thématiques universelles autour du corps, du temps qui passe, de la vieillesse, mais par le point de vue de la femme, dans une société qui lui met toujours davantage la pression, encore plus dans l’industrie de la télévision et du cinéma. L’idée de prendre Demi Moore comme sorte de miroir de la réalité accentue encore davantage ces thématiques.

Une proposition radicale

Surtout, The Substance est une proposition qui ne prend aucune pincette. C’est un film radical, sans concession, qui n’a peur de rien, ni du retour de son public. Parce que si The Substance aborde des sujets qui touchent l’intégralité des femmes modernes, Coralie Fargeat préfère rester dans une forme de symbolisme permanent. Parce que par sa radicalité, The Substance flirte sans arrêt avec le ridicule, le grotesque.

"The Substance" : est un film radical et passionnant [critique]

Sans arrêt dans l’excès, le film tombe parfois dans une forme de radicalité inattendue dans une production hollywoodienne de cet acabit. Coralie Fargeat semble avoir eu carte blanche pour proposer une aventure totalement hallucinante qui prend des risques. Et le récit trouve sa quintessence dans une conclusion dantesque, presque cartoonesque, qui emprunte autant au body horror de John Carpenter et de David Cronenberg qu’à Elephant Man. Une conclusion sans compromis, en roue libre totale, excessive, radicale et d’une puissance évocatrice impressionnante. Une fin qui fait presque pitié, une descente aux enfers gore, sanguinolente, affligeante, sans aucun espoir de rédemption.

Très marquée au niveau visuel et sonore, cette œuvre propose une esthétique forte. Préférant le ressenti à l’intellectualisation, The Substance est un film moderne, qui entraîne ses spectateurs dans un grand huit sensoriel efficace et esthétiquement renversant. Aidé par une bande-son techno géniale, The Substance est un métrage extrêmement moderne qui préfère faire passer ses messages par le ressenti, par l’émotion, que par l’intellectualisation de son écriture.

On peut aussi y voir parfois un parallèle avec le mouvement MeToo qui a renversé Hollywood. Le personnage de Dennis Quaid est évidemment une caricature de Harvey Weinstein et de son fonctionnement d’agresseur misogyne. Miroir de la réalité, The Substance plonge ses personnages dans le milieu hollywoodien et son fonctionnement sans pitié pour les actrices et les femmes.

The Substance

Du body horror à l’ancienne

En plus d’aborder des thématiques très modernes, The Substance est un savoureux film d’horreur. Violent, acerbe, gore, The Substance utilise des effets pratiques pour diriger son récit. Loin des CGI et des images de synthèse, le film propose des masques, des maquillages, des prothèses, qui offrent un rapport très organique avec le corps, la beauté, la sexualité et la destruction progressive de la jeunesse. Coralie Fargeat a un rapport très biologique avec sa mise en scène. Ce qui est un plus quand on offre au public un film qui parle du corps et de transformation.

En plus d’être un récit très contemporain, The Substance est donc une expérience sensorielle. Le son, le mixage son et la sound track prennent également beaucoup de place dans le long-métrage. Offrant une connexion viscérale, physique et organique avec les personnages et leur récit.

The Substance est donc un film généreux, sans concession, définitivement radical, surtout dans sa dernière partie. Le génie et le stupide se côtoient parfois dans cette œuvre passionnante, qui porte un regard acerbe sur notre société moderne du paraître et du superficiel. 

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