Aujourd’hui, tout le monde se rappelle de Marie Curie. Mais peu de gens se souviennent de Ștefania Mărăcineanu. Pourtant, elle fut une pionnière dans les recherches concernant la radioactivité.
Ștefania Mărăcineanu est née il y a 140 ans, le 18 juin 1882, à Bucarest. On sait peu de choses de sa jeunesse, si ce n’est qu’elle vécut une enfance assez difficile. En 1907, elle s’inscrit à l’Université de Bucarest pour en ressortir en 1910 avec diplôme en sciences physiques et chimiques.
Elle commença par la suite sa carrière en tant qu’enseignante à l’École centrale des filles de Bucarest. Durant cette période comme professeure, elle obtint une bourse du ministère roumain des Sciences. Elle décida alors de poursuivre des recherches supérieures à l’Institut du radium à Paris.
A cette époque, l’Institut du Radium parisien s’apprêtait à devenir l’épicentre mondial dans l’étude de la radioactivité, le tout sous la direction de la physicienne Marie Curie (qu’on ne présente plus). Mărăcineanu commença alors à travailler sur sa thèse de doctorat, avec pour sujet le polonium (élément découvert par madame Curie).
Ștefania Mărăcineanu : l’inconnue de la radioactivité
Jamais nobélisée ni reconnue à sa juste valeur, Ștefania Mărăcineanu fut pourtant un élément indispensable aux recherches sur la radioactivité.
Une fois à Paris, Mărăcineanu s’inscrit à l’Université de la Sorbonne à Paris pour y obtenir son doctorat en physique. Diplôme qu’elle obtint en seulement deux ans (bigre !). Après avoir travaillé durant quatre ans à l’Observatoire de Meudon, elle rentra en Roumanie pour y fonder le premier laboratoire de son pays dédié à l’étude de la radioactivité.
Au cours de ses recherches sur la demi-vie du polonium, elle remarqua que cette « demi-vie » semblait dépendre du type de métal sur lequel il était placé. Elle se demanda alors si les rayons alpha du polonium n’avaient pas transformé certains atomes du métal en isotopes radioactifs. Ses recherches assidues conduiront à ce qui fut probablement le premier exemple de radioactivité artificielle.
En 1935, Irène Currie, fille de Marie Curie, ainsi que son mari Frédéric Joliot, reçurent un prix Nobel commun pour leur découverte de la radioactivité artificielle. Mărăcineanu ne contesta pas la paternité (ou maternité) de ce prix Nobel. Toutefois, elle demanda que son rôle dans cette découverte soit reconnu à sa juste valeur. Ce travail fut notamment reconnu par l’Académie des sciences de Roumanie en 1936, où elle fut élue directrice de recherche. Toutefois, elle n’obtint jamais de reconnaissance mondiale pour cette découverte.
Jamais nobélisée et quasiment oubliée de l’histoire scientifique, Ștefania Mărăcineanu fut pourtant une des figures les plus éminentes des recherches sur la radioactivité. Un fait qui n’enlève évidemment rien au travail acharné et révolutionnaire des autres chercheurs nobélisés (notamment la famille Curie). Toutefois, il est dommage que l’Histoire ait aussi peu retenu le nom de Mărăcineanu. Une injustice légèrement corrigée par Google, qui a décidé de la mettre à l’honneur en le 18 juin 2022 dans plusieurs pays (Roumanie, Allemagne, Royaume-Uni…)
Sources :