« Nuit Noire en Anatolie » : un récit qui vous hantera [critique]

"Nuit Noire en Anatolie" : un récit qui vous hantera [critique]

Après 7 ans d’absence, Ishak revient dans son village natal. Il veille le chevet de sa mère dans ses derniers instants. Son retour dans ce cadre hostile et fermé d’esprit le tourmente. Alors, il se rappelle le drame qui l’a fait tout quitter : la disparition d’Ali… Nuit Noire en Anatolie nous raconte son histoire emplie de violence et de regrets. 

Une intensité sensible

Nuit Noire en Anatolie nous plonge au cœur d’un village aux mœurs anciennes et empreintes de l’héritage du totalitarisme. Les hommes sont forts et on ne peut pas les contredire. Ils vont chasser tous ensemble et ils font des arrangements malhonnêtes avec les gardes forestiers. Ils menacent leurs femmes de mort et ils se battent pour régler leurs conflits. Et pourtant, ils vivent dans des montagnes magnifiques. Ce paradoxe représente bien le film et son atmosphère. La violence inouïe des personnages secondaires et de l’histoire est mise en exergue avec la sensibilité du personnage d’Ali et l’impact que ça a sur Ishak. 

La sensibilité est au cœur de cette histoire. Tous la rejettent, mais ils ne semblent pas pouvoir y échapper. Alors ils sont de plus en plus violents, comme s’ils ne savaient faire que ça. Cette opposition est marquante et touchante, et on ne peut s’empêcher de se sentir révolté. Le film est poignant par son injustice et la destruction de chaque figure de beauté, voire même de pureté, qu’il nous présente. On en ressort bouche bée, marqué par cette histoire qui pourrait arriver à n’importe qui quand on y réfléchit bien. .

Une histoire de deuil et de culpabilité

Nuit Noire en Anatolie n’est pas une histoire de fantômes, mais elle s’en rapproche. Pas de jump scares, ni d’êtres surnaturels ici, mais la présence d’Ali qui pèse sur les épaules d’Ishak. On aurait presque l’impression qu’il est présent tout au long du film, même quand il a disparu. Il accompagne Ishak tout au long de son périple initiatique. Il est endeuillé, il se sent coupable de n’avoir rien pu faire. Ishak a nié son deuil pendant 7 ans, mais il lui saute maintenant au visage.

Le film nous emporte dans ce tourbillon de haine et de tristesse avec son personnage principal. Une descente aux enfers où l’on va avec lui de plus en plus bas, main dans la main. On ne peut pas décrocher ses yeux du désastre, alors qu’on sait qu’il va se produire, mais on continue malgré tout d’espérer.

Nuit Noire en Anatolie n’hésite pas à prendre son spectateur aux tripes avant de gentiment lui caresser le dos. On voit différentes personnes faire leur deuil à leur manière, avec une humanité poignante et sans misérabilisme. C’est presque une étude du sujet qui nous montre des émotions brutales sans tricher. Un voyage au cœur de sentiments humains viscéraux qu’on ne peut pas oublier. 

Des performances techniques magnifiques

Le cadre du film est merveilleux. Il nous plonge au cœur des montagnes majestueuses d’Anatolie, où la nature règne en maître. Cela nous offre des images toutes aussi belles et travaillées de sorte à en voir toute la beauté. On aime aussi la sincérité de ces images qui donnent, comme le film dans sa globalité, l’impression d’une vérité brute. 

Les performances d’acteurs sont toutes impressionnantes, et on se sent particulièrement emporté par un Berkay Ates magistral dans le rôle d’Ishak. Il porte le récit avec lui sans aucune difficulté et nous montre une palette d’émotions multiples qui offre une expérience viscérale. Autre point fort, la musique est absolument envoûtante.

Nuit Noire en Anatolie est un film magnifique duquel on ne ressort pas indemne. Il est d’une grande beauté dans toute la violence qu’il expose. Une aventure ensorcelante, à voir et à vivre. En salles le 14 février. 

Bande-annonce de Nuit Noire en Anatolie

Rédactrice cinéma, séries et jeux vidéo spécialisée dans la FGC.

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