Présentée comme la « femme la plus laide du monde », les habitants du Hampshire se pressaient pour la voir en chair et en os… Retour sur l’histoire de la tristement célèbre Mary Ann Bevan.
Si, aujourd’hui, vous souhaitez sortir pour vous divertir, vous n’avez que l’embarras du choix. Cinémas, bars, parcs d’attractions, festivals, concerts… Et cela sans parler de tout ce que vous pouvez avoir depuis chez vous (télévision, SVOD, jeux-vidéo, etc.)
Mais il fut un temps où la mode était aux foires itinérantes, où l’on trouvait stands de boxe, jeux de hasard et autres manèges. Ces foires sillonnaient la Grande-Bretagne, s’arrêtant dans toutes les villes, petites comme grandes. Et l’une des attractions phares était le spectacle de « monstres », également appelé « Freak Show ». Ces spectacles voyeuristes étaient si populaires qu’ils rapportaient des sommes d’argent colossales aux propriétaires des attractions, mais également aux « monstres » eux-mêmes. Ces « monstres » étaient des hommes et des femmes triés sur le volet, choisis pour leurs difformités physiques hors du commun. C’est là qu’intervient la fameuse Mary Ann Bevan.
Mary Ann Bevan : la « femme la plus laide du monde »
Mary Ann Bevan naît le 20 décembre 1874 à Londres. Elle grandit au sein d’une famille nombreuse (huit enfants au total) de la classe moyenne britannique. En 1894, après avoir obtenu son diplôme, celle-ci commence à officier comme infirmière. En 1903, elle épouse Thomas Bevan, avec qui elle aura quatre enfants. La famille vit alors de façon heureuse et prospère à Londres. Toutefois, en 1906, Mary Ann se découvre une maladie extrêmement rare, que les médecins de l’époque ne connaissent pas vraiment : l’acromégalie.
Cette maladie, causée par une hypersécrétion d’hormones, implique (entre autres) une augmentation du volume des muscles et des organes, ainsi qu’un épaississement des os chez les adultes ayant terminé leur croissance.
Mais la maladie deviendra le cadet des soucis de Mary, puisqu’en 1914, son époux meurt d’une attaque cérébrale, la laissant seule pour élever leurs quatre enfants. En parallèle, celle-ci a perdu son emploi, la poussant à faire tous les petits boulots possibles afin de subvenir aux besoins de sa famille. Recouverte de dettes et en désespoir de cause, elle répondra à une annonce lue dans les journaux :
« Recherche : La femme la plus laide. Rien de repoussant, de mutilé ou de défiguré… Bon salaire garanti et long engagement pour la candidate retenue. Envoyez une photo récente. »
La carrière de « monstre »
L’annonce en question avait été placée dans plusieurs journaux par Claude Bartram. Ce dernier était à l’époque l’agent européen du cirque américain Barnum & Bailey. Bartram venait tout juste de rentrer au Royaume-Uni après un long voyage qu’il avait entrepris pour trouver les « monstres » de la nouvelle saison du cirque. Revenu bredouille, il décida alors de faire paraître la fameuse offre d’emploi. En quelques jours seulement, Bartram est inondé de candidatures.
Parmi elles, on retrouve bien évidemment celle de Mary Ann Bevan. Celle-ci est à l’époque femme de ménage. Un métier qui ne lui permet évidemment pas de donner l’éducation qu’elle souhaiterait à ses enfants. Une situation qui changea radicalement en postulant pour ce nouveau job des plus atypiques.
« Elle m’a dit qu’elle n’aimait pas l’idée de se mettre en exposition, elle était timide et ne voulait pas être séparée de ses enfants. Je lui ai dit qu’elle gagnerait 10 £ par semaine pendant un an, les frais de voyage et tout l’argent de la vente de cartes postales d’elle-même, afin qu’elle puisse assurer l’éducation de ses enfants. Elle a hésité mais a finalement accepté. »
Claude Bartram
Le succès de Mary Ann Bevan
Mary commença donc à se produire en Grande-Bretagne, gagnant sa vie grâce à sa laideur. Le succès ne se fit pas attendre et, très vite, elle se vit proposer un emploi par Barnum & Bailey aux USA. Elle resta ainsi avec ce cirque en Amérique pendant les deux années suivantes.
À son retour au Royaume-Uni, celle-ci avait gagné près de 20 000 livres sterling. Une petite fortune à l’époque, puisque cela serait comparable à 500 000 livres sterlings aujourd’hui. Cela n’empêcha par Mary de reprendre la route avec une foire itinérante se produisant dans tout le sud de l’Angleterre. Ses enfants étant désormais en pension et recevant enfin l’éducation qu’elle souhaitait, elle n’hésita pas à retourner aux États-Unis pour 12 mois supplémentaires.
Une fois à l’abri financièrement, Mary décida de prendre sa retraite. À partir de là, les détails de sa vie ne sont que peu référencés. Il semble toutefois qu’elle se soit vite ennuyée lors de sa retraite, se tournant alors vers l’alcool pour compenser ce manque. Regrettant son succès d’antan, ses voyages et la publicité qui l’entourait, elle fit également quelques mauvais choix en matière d’investissements. Elle dilapida ainsi une partie de son argent… Mary mourut le 26 décembre 1933, de mort naturelle.
Bien que l’histoire de Mary Ann Bevan ne soit aujourd’hui plus très connue, elle reste dans les mémoires comme l’un des plus célèbres cas d’acromégalie. Une femme qui aura fait de son handicap une force, afin de subvenir à ses besoins, ainsi qu’à ceux de ses enfants…
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Sources :
- Wikipédi – Mary Ann Bevan
- Webarchive – Death of the world’s ugliest woman
- historyofyesterday – The Beauty forced into ugliness by a disease
- Daily Echo – The woman who made, and lost, a fortune from being ugly
- Vincent Pécoil – The Freak Show, exposer l’anormalité (page 8)
- Wikipédia – Freak Show
- CHU de Lyon – Acromégalie ou adénome somatotrope
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