Quand on pense à l’Eglise, on imagine souvent le conservatisme et la pudeur. Toutefois, ce ne fut pas toujours le cas. Saviez-vous qu’au XVème siècle, un futur pape écrivit un roman érotique ? Avant de devenir le pape de l’Eglise catholique que l’on connaît sous le nom de Pie II, Enea Silvio Piccolomini était un écrivain et humaniste qui appréciait les histoires sulfureuses.
Un individu, deux vies : homme de lettres avant de devenir le pape Pie II
Enea Silvio Piccolomini, de son vrai nom, naquit en 1405 en Italie. Il côtoya dès son plus jeune âge le milieu des humanistes. Il emménagea à Sienne et Florence et commença d’abord par honorer le souhait de son père en suivant une formation de droit. Puis il décida de se concentrer sur ses véritables passions, l’art et la littérature.
Il devint donc un homme de lettre et participa au début de la Renaissance en Europe. Il travailla comme secrétaire pour le pape Félix V et effectua quelques missions diplomatiques pour l’empereur Frédéric III du Saint-Empire romain germanique, qui le félicita pour ses ouvrages poétiques et romanesques. En effet, avant de devenir pape, Pie II était un écrivain célèbre. Parmi ses oeuvres, on peut trouver un roman des plus surprenants pour un futur pape, un livre érotique.
Un écrit romantique scandaleux
En effet, en 1444 il écrivit un récit d’amour érotique intitulé Historia de duobus amantibus, se traduisant par L’Histoire de deux amants. L’intrigue racontait la rencontre de Lucrèce, une jeune bourgeoise mariée de Sienne, et Euryale, un membre de la délégation du duc d’Autriche, de passage dans la ville. Ils tombèrent amoureux et s’envoyèrent des lettres enflammées. Les missives amenèrent à la consommation de cette amour que l’écrivain détailla dans des descriptions très claires et imagées. Toutefois, leur idylle s’acheva quand le duc et sa suite repartirent de la ville. Lucrèce retourna donc à sa vie d’épouse et Euryale, à sa vie à la cour.
Une histoire charnelle sur un amour interdit ! En voici un extrait pour vous donner une petite idée de la teneur des propos de notre futur pape :
« Qu’il y a-t-il de plus beau, de plus resplendissant que ce corps ? […] Ô noble poitrine, ô seins qui s’offrent à la caresse, est-ce vous que je touche, vous que je tiens, vous sur lesquels tombent mes mains ? Ô douces formes, ô corps parfumé, est-ce bien toi que je tiens ? »
C’est en 1446 qu’il rejoignit l’Eglise catholique comme évêque, puis cardinal, avant de devenir le pape sous le nom de Pie II en 1458. A l’inverse de son roman, ses six années de règne jusqu’en 1464, l’année de sa mort, furent très conservatrices.
Alors, ce livre est-il inspiré de sa vie ? On ne le saura malheureusement jamais, mais le pape Pie II a changé radicalement de vie. On a du mal à imaginer les termes érotisme et pape ensemble, et pourtant, c’est possible. Connaissez-vous Hans Scharff, une autre homme qui concilia les contradictions ?
Sources :