Le festival de la bande dessinée d’Angoulême 2024 a de quoi mettre des étoiles dans les yeux. Après tout, l’organisation a réussi le tour de force de réunir Moto Hagio, Shin’ichi Sakamoto, Hiroaki Samura et Rintaro pour sa 51ème édition. Mais la présence de ces géants du manga ne doit pas nous faire oublier que la sélection angoumoisine met également en valeur des mangakas français. Toute une nouvelle génération d’artistes biberonnés à la culture asiatique se retrouve donc le temps du festival, pour présenter des œuvres hybrides franco-japonaises.
Le manga français présent à Angoulême
- Jeronimo Cejudo est un jeune auteur qui a signé chez Ankama pour sa première série Ripper. Il était l’invité du festival pour une rencontre manga autour du thème « Dessiner l’action ». Il a pu revenir avec le public sur l’envers du décor de Ripper, sa mise en scène, son dessin, son travail avec ses assistants.
- Yoann Vornière (alias Yo-One) est lui aussi un jeune mangaka français. Auteur de Silence, chez Kana, sa rencontre avec le public portait sur « Créer une série : méthodes, ambitions et personnalité ». Un échange qui a permis d’apprendre, entre autres, que Yo-one a commencé dans la BD, qu’il a auto-édité une première œuvre complète, Sois heureux ou meurs en essayant, et qu’il travaille sans assistants.
- Tony Valente est également présent au festival pour les 10 ans de Radiant. Sa conférence, qui portera sur l’anniversaire de l’œuvre, aura lieu le 28 janvier à 10h30. L’artiste, qui a travaillé aussi bien la BD chez Soleil que le manga chez Ankama, est le pionnier de cette nouvelle génération de mangakas français invités à Angoulême. Très en avance sur son temps, il marque les prémices d’un tournant éditorial, puisqu’il est le premier mangaka français à être publié au Japon. Sans oublier que Radiant a également connu sa propre adaptation en animé par la NHK.
- Sylvain Repos est quant à lui l’auteur de Yojimbot chez Dargaud. Il mènera une conférence le 28 janvier à 14h15 sur « Le manga de sabre, un genre tranchant ». L’occasion de revenir sur son œuvre hybride entre la BD et le manga et de parler des nombreuses références qui l’ont inspiré.
L’édition française de mangas à un tournant
Avec un tel engouement pour le manga, ce n’était qu’une question de temps avant que les maisons d’édition ne se décident à éditer des mangas originaux 100 % made in France. Après tout, les ressources sont juste là : une génération entière d’artistes ayant baigné dans la culture nippone et prêts à se lancer à leur tour dans l’aventure. Une génération arrivée à maturité, après avoir longtemps digéré les codes du manga et qui est désormais prête à passer de l’autre côté de la page. Alors si, pendant de longues années, on a plutôt vu des publications de classiques japonais traduits, il semble que désormais le vent tourne légèrement.
En effet, dans la partie cachée du festival, le Marché International des Droits, le futur de l’édition est déjà en route. Et parmi les nombreuses discussions, rencontres et annonces faites par les professionnels, on ne peut s’empêcher de remarquer une demande de plus en plus importante de mangakas français. Logique, quand on pense à la masse de productions qu’il va falloir aligner pour satisfaire les nouvelles plateformes de mangas, de webtoons et les nouvelles collections chez tous les grands groupes d’édition…
Le festival d’Angoulême nous permet, grâce à sa programmation, de faire le lien entre plusieurs générations d’artistes. Dans cette 51ème édition, se croisent les grands maîtres et les jeunes talents, les aînés qui ont laissé une empreinte indélébile dans le manga et ceux qui en écriront les futures pages. Un équilibre plein de passion pour mettre à l’honneur le manga dans toute sa diversité et sa riche histoire.
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