La Fête du cinéma est littéralement la meilleure période de l’année pour s’isoler dans une salle obscure ! Un temps propice à la découverte de nos grosses sorties estivales comme M3GAN 2.0 ou 28 ans plus tard, tout en étant l’occasion de découvrir des films plus singuliers, plus intimes… Comme Le Bonheur est une bête sauvage ! Chez Cultea, nous avons à cœur de parler de cinéma en son tout, du dernier blockbuster au plus expérimental des films d’auteurs. Et c’est pourquoi nous vous invitons à aller voir ce film très touchant.
Le Bonheur est une bête sauvage : le deuxième film de Bertrand Guerry !
Qu’arrive-t-il au cinéma français ? Le temps est-il enfin venu pour cet art transgénérationnel francophone d’enfin quitter les salons bourgeois parisiens pour se concentrer sur ce que certains appellent avec dédain « La Province » ? C’est en tout cas, un effet de « mode » salutaire qui semble se confirmer depuis les succès de films comme Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand (2023) ou encore Vingt Dieux de Louise Courvoisier (2024).
Au centre de ces films ? Un thème. Celui d’une jeunesse en feu, attachée à son territoire à la manière d’Anaïs dans Se souvenir des tournesols (2025) réalisé par Sandrine Mercier et Juan Hidalgo, tout en étant pleine de rêves et d’ambitions comme le souligne le touchant Ollie d’Antoine Besse (2025). Un portrait presque trop commun pour ces films que Bertrand Guerry revisite dans une fable tirée d’un mélange (un peu trop dilué) des univers de Michel Gondry et Wes Anderson.
Synopsis : » Un ours est aperçu sur l’île d’Yeu. Sous l’œil de la lune, les habitants de l’île, tous plus hauts en couleur les uns que les autres, partent à sa recherche. Durant une semaine, une quête collective du bonheur revêt des atours magiques et cocasses sur le manque et l’absence grâce à l’éloge des forces de la nature et des humains. »

Le film, à la photographie parfaite, nous plonge alors dans le roman d’apprentissage de Tom (Sacha Guerry) qui, à l’âge de 19 ans, va bouleverser le quotidien de son île d’Yeu natale. Le jeune homme en est certain, l’heure est venue pour lui de prendre le large vers la capitale au grand désespoir de sa tante Jeanne (Sophie Davout), perdue depuis 10 ans dans le brouillard d’une dépression causée par la disparition de son défunt mari.
Le titre du film prend par conséquent tout son sens. Le Bonheur est une bête sauvage n’est pas l’histoire des prémisses de la success story de Tom en route vers les planches étoilées du sol parisien. C’est au contraire un récit, aux allures de songes anamorphiques, d’une simplicité folle. À hauteur d’homme, mais surtout à celui d’une femme : Jeanne.
Le bonheur, ce n’est peut-être PAS une bête sauvage après tout…
Le charme de l’écriture de Bertrand Guerry et Sophie Davout réside dans les détails. Des petits points, à la manière d’une baignade improvisée ou d’un phrasé au jeu approximatif, qui rendent l’expérience humaine au cinéma tangible et surtout réaliste. Le Bonheur est une bête sauvage, c’est avant tout l’histoire universelle de comment l’humain fait face au deuil, au vide laissé par le départ précipité des êtres auxquels on tient.
Le départ de Tom pour Paris prend par conséquent la forme d’un catalyseur plutôt qu’une fin en soi. L’île d’Yeu devient ainsi la métaphore d’une plage de naufragés retenus par les fantômes. Jeanne s’enveloppe dans le fantôme de son époux et arpente l’île et, plus précisément, la ville de Saint-Sauveur en refusant obstinément de la quitter. Babette (Myriam Lengaine), tenancière de l’épicerie locale, refuse de suivre les envies de sa fille qui rêve d’escapades au soleil, tandis que l’oncle de Tom (Chris Walder) se contente de la routine d’un petit déjeuner millimétré devant un jardin où reposent fièrement les ruines d’un voilier abandonné.

L’île que Florian Martin, directeur de la photographie, filme n’a alors rien de réel. C’est au contraire une altération de l’archipel de la série Lost où le réalisateur préfère la poésie à l’horrifique. Où la caméra se perd dans une nuit américaine où la « Bête », mise à l’honneur dans le titre et synopsis du film, n’est autre que le soi intérieur qui cherche à retrouver un sens à sa vie.
La philosophie dans Le Bonheur est une bête sauvage ressemble en somme en tout et pour tout, selon les dires du réalisateur, à celle du psychopédagogue et spécialiste de la résilience Bruno Humbeeck. La résilience est une aptitude essentielle quand il s’agit de surmonter les traumatismes et épreuves. Une capacité extraordinaire dans laquelle l’émerveillement joue un rôle central. La quête du bonheur passe donc par la recherche de ce nouvel éclat merveilleux.
Une leçon bien enseignée par Le Bonheur est une bête sauvage. Un long-métrage fantaisiste, avec de nombreuses faiblesses certes (des séquences musicales trop importantes, une fantaisie trop survolée ou un jeu des acteurs et actrices à la pointe de l’artificiel), qui néanmoins résume le mieux l’essence de la vie. Une sorte de micmac opaque et parfois ennuyeux, mais enchanteur par ses défauts. Le Bonheur est une bête sauvage, un film de Bertrand Guerry, écrit avec Sophie Davout au cinéma le 2 juillet 2025.
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