Trois ans après le déplorable Jurassic World : Le Monde d’après, Colin Trevorrow laisse sa place au talentueux Gareth Edwards pour mettre en scène Jurassic World : Renaissance. Exit Chris Pratt et Bryce Dallas Howard, remplacés au pied levé par Scarlett Johansson et Mahershala Ali.
On pensait que ce quatrième volet de Jurassic World (septième de la franchise Jurassic Park) allait enfin insuffler un vent de fraîcheur dans une licence dont la qualité ne fait que décroître depuis des années. Après tout, Gareth Edwards est le petit génie derrière les excellents Monsters (2010) et Rogue One (2016) et les plutôt cools Godzilla (2014) et The Creator (2023). Et on espérait réellement que ce cinéaste, aux visions toujours rafraîchissantes au sein d’un système hollywoodien redondant, allait pouvoir magnifier ce Jurassic World : Renaissance. On s’était trompé. Mais d’une force !
Où est passé Gareth Edwards ?
Dès la séquence d’ouverture, on sent que quelque chose cloche. Comment croire à la crédibilité d’une scène aussi stupide ? Sans trop vous spoiler, on suit un scientifique qui travaille sur la modification génétique d’un dinosaure. Celui-ci mange une barre énergisante type Mars ou Twix (l’être humain pas le dinosaure). Et quelle bonne idée à notre petit scientifique ? Balancer l’emballage de sa sucrerie dans le labo. Bon, déjà, quel scientifique, en combinaison intégrale, jette par terre son déchet dans un environnement stérilisé ? Aucun.
Et comme par hasard, ce petit bout de papier va se loger dans une porte coulissante. Le petit papier va faire buguer la porte, puis l’ensemble du complexe (un emballage qui met en pause tout un complexe, on est dans Star Wars ou quoi ?) et permet au méchant dinosaure hybride de s’échapper (oui, parce qu’il y a encore un dinosaure génétiquement modifié). Générique. Jurassic World : Renaissance est lancé…
Voilà un petit aperçu du niveau de stupidité de Jurassic World : Renaissance. Et tout le reste du film est à l’image de cette première scène. Jurassic World : Renaissance est un film usé, dévitaminé, essoufflé, qui n’a plus rien à raconter. Pourtant, la volonté de changer de casting et de réalisateur devait être synonyme de renouveau. Avec cette démarche, Universal envoyait un message : proposer de la nouveauté dans l’univers de Jurassic Park. Il n’en sera jamais rien.
Jurassic World : Renaissance utilise les poncifs de la licence, sans nouvelle idée. C’est assez aberrant de voir Gareth Edwards se rater à ce point-là. Le cinéaste n’a aucune nouvelle idée, aucune nouvelle vision, et se contente de recycler les clichés déjà amenés il y a plusieurs décennies par Steven Spielberg. Gareth Edwards n’a tellement pas d’intention qu’il refait l’iconique séquence des vélociraptors avec les gamins dans la cuisine de Jurassic Park, le suspense en moins, le rythme en moins, et les vélociraptors en moins. Sérieux ?!
Ironiquement, Renaissance porte extrêmement mal son nom, tant le métrage est une proposition recyclée, qui peine même à divertir. Trop long, sans âme, le film enchaîne les séquences insipides et éculées. Les ressorts émotionnels ne fonctionnent jamais, la faute à des personnages stéréotypés, mal définis, aux intrigues passablement inintéressantes. Des figures classiques de l’univers Jurassic Park : le scientifique plein d’état d’âme, la guerrière indépendante, le géant pharmaceutique avare, la joyeuse petite famille… Franchement, où se trouve la renaissance dans tout ça ?
Jurassic World : Renaissance, encore une promesse non tenue
Autre frustration par rapport à ce Jurassic World 4, l’absence d’une promesse que Universal ne veut pas nous offrir. Déjà, Jurassic World : Le Monde d’après passait à côté de son véritable concept : mettre en scène les dinosaures dans un milieu urbain. Plutôt que de prendre son courage à deux mains, Colin Trevorrow ramenait son intrigue sur une énième île peuplée de dinosaures. Eh bien, là, c’est pareil. Encore une fois Renaissance passe à côté d’un concept qu’on n’a encore jamais vu et pourtant extrêmement excitant : mettre en scène les dinosaures en pleine rue. Pire, Gareth Edwards fait machine arrière et trouve une justification bancale pour expliquer l’absence des dinosaures dans l’espace des humains.
Mais pourquoi ? Pourquoi ne pas proposer de nouveaux ressorts dramatiques et horrifiques en confrontant les dinosaures à un environnement urbain ? C’est incompréhensible. En une séquence vide de toute substance, Gareth Edwards présente un vieux brachiosaure à l’agonie, (allégorie de la licence elle-même ? En train de mourir lentement aux yeux de tous ?) dans une rue, pour justifier sa volonté de ramener, une fois de plus, son intrigue dans une jungle équatoriale.
Pourquoi ne pas changer le terrain de jeu de Jurassic Park pour une fois ? Pourquoi ne pas placer le danger directement dans notre espace, dans nos villes, dans nos rues, pour créer une dimension horrifique nouvelle et inédite ? L’audience se retrouve alors une fois de plus plongé dans la jungle épaisse d’une quelconque île et franchement on n’en a plus rien à secouer de savoir comment elle s’appelle.

Jurassic World : Renaissance est un film mécanique, qui s’articule paresseusement autour d’une double intrigue (qui finira évidemment par ne faire plus qu’une). D’un côté, une petite famille innocente parachutée dans l’enfer des dinosaures. De l’autre, notre équipe de soldats et de scientifiques. Difficile de faire un montage plus mécanique que la proposition de Gareth Edwards. On passe, péniblement et sporadiquement d’une intrigue à l’autre, qui sont globalement les mêmes d’ailleurs, à savoir quitter cette île en vie. Impossible de faire plus soporifique…
Si seulement l’assistance était réveillée par quelques mises à mort savoureuses. Mais là encore, dans ce domaine, Jurassic World : Renaissance est un pétard mouillé. Gareth Edwards met en scène des mises à morts programmatiques… Des morts tellement prévisibles qu’il est aisé de deviner l’ordre des décès sans l’ombre d’un doute… Des décès qui manquent d’impact, de ressorts horrifiques et qui sont pour la plupart mis en scène en hors champ… La faute aussi, à l’absence d’impact émotionnel de nos personnages. Franchement, le public se tamponne de savoir qui va vivre ou mourir tant il est difficile de s’attacher à ces nouveaux héros, pastiches des anciens…

Et faut-il s’arrêter sur ce nouveau dinosaure génétiquement modifié ? Une idée qui remonte déjà au premier Jurassic World il y a dix ans de ça. Cette nouvelle bestiole n’a plus grand-chose d’un dinosaure. Sorte de vision cauchemardesque parodique, on atteint le paroxysme de la gêne quand ladite créature change de taille d’une scène à l’autre, voir même d’un plan à l’autre. Comment est-ce possible de rater à ce point sa compréhension de l’espace et le gigantisme de sa créature ?
Comment un dinosaure peut-il être introduit comme une forme immense, plus grande qu’un immeuble, capable d’attraper un hélicoptère, pour ensuite tenir sur un petit ponton en bois ? C’est absurde ! Et ne parlons pas non plus de la dernière séquence avec Mahershala Ali, totalement lunaire, totalement stupide, tant, là encore, la manière de gérer l’espace n’a aucun sens.
On ne sauvera que deux petits éléments de Jurassic World : Renaissance. La séquence aquatique avec le Mosasaurus, plutôt divertissante et suffisamment fluide pour proposer un tout petit peu de nouveauté ; et Scarlett Johansson ainsi que Mahershala Ali, beaucoup plus charismatiques et impactants que Chris Pratt et Bryce Dallas Howard. Bref vous l’aurez compris, on est très énervé. S’il vous plaît, laissez nos dinosaures et nos souvenirs de jeunesse tranquilles. Merci…
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