17 ans après 28 semaines plus tard, la célèbre saga horrifique lancée en 2002 par Danny Boyle fait son grand retour sur les écrans. Le cinéaste anglais et son scénariste Alex Garland sont de retour derrière 28 ans plus tard avec pour mission de redonner vie une nouvelle fois aux zombies anglais. 28 ans plus tard est un film étonnant, tantôt agaçant, tantôt complètement dingue d’un point de vue formel.
28 ans plus tard : un film totalement libre
En 2002, 28 jours plus tard est venu remettre au goût du jour les films de zombies. Danny Boyle proposait un film nerveux, punk, vif, qui sortait des carcans habituels du genre pour devenir une véritable référence contemporaine. Avec 28 ans plus tard, Boyle veut conserver l’essence de sa licence : proposer une lecture différente du genre, prendre des risques et envoyer tout ce qu’il a sous le capot. En ça, qu’on aime ou non 28 ans plus tard, c’est un film d’une liberté maximale.
Danny Boyle tente à peu près tout ce qui lui passe par la tête. Forcément se côtoient des fulgurances géniales et quelques ratages d’anthologie, permettant à 28 ans plus tard de s’affranchir des codes et des conventions hollywoodiennes avec beaucoup de provocation.
Le cinéaste britannique retrouve ici son énergie punk et son style viscéral. Il alterne ainsi des séquences gores inventives et quelques beaux morceaux de poésie au milieu d’un carnage ambiant oppressant. Filmé à l’IPhone, 28 ans plus tard renoue avec l’imagerie crasseuse des précédents volets. Le grain à l’image, cette caméra tremblante, ces effets de zooms et de flous propres à la licence sont ici aussi à même de donner une véritable identité visuelle à 28 ans plus tard.
Difficile de bouder son plaisir devant certaines séquences d’action absolument géniales dans lesquelles Danny Boyle s’amuse comme un gosse et met en place des procédés techniques astucieux. Certains y verront une forme de vantardise, voir un stratagème ostentatoire, mais force est de constater l’envie de Danny Boyle de surprendre son assistance, par exemple, à travers des travellings circulaires cocaïnés.
Face à cette liberté plastique totale, certains dispositifs tombent à l’eau, et font l’effet de désagréables pétards mouillés. En fait, certains processus scénaristiques ne sont pas toujours crédibles. C’est par exemple le cas de cette séquence de mise au monde d’une infectée. Une scène qui lorgne vers l’excellent L’Armée des morts de Zack Snyder, sans réussir à l’égaler, tout en pompant comme il se doit du côté de Sans un bruit. C’est aussi le cas de tout le segment avec Ralph Fiennes, auquel on a des difficultés à adhérer.
Et faut-il parler de cette séquence finale totalement WTF dans laquelle notre jeune protagoniste croise la route d’un gang de rockers anglais ninjas albinos excentriques ? Là encore, difficile d’en vouloir à Danny Boyle tellement cette séquence respire son cinéma et un vent de liberté totale. Mais est-ce que cette séquence a réellement sa place dans 28 ans plus tard ? On vous laissera juger.

On regrettera simplement que l’intrigue de 28 ans plus tard soit la plus paresseuse de la trilogie. Un troisième volet plus brouillon, dont les intrigues partent un peu dans tous les sens, et qui, paradoxalement, raconte moins que ses prédécesseurs. On se retrouve ainsi au cœur d’un récit assez classique d’apprentissage, puis d’affranchissement. Le récit d’un gamin qui cherche à se libérer du joug d’un père aimant, mais autoritaire.
Là où 28 ans plus tard séduit, c’est aussi dans sa représentation d’une Angleterre malade, délaissée par le reste du monde, mise en quarantaine pour faire face à un virus mortel. Une vision presque politisée du virus, sorte d’allégorie bon marché du Brexit. On appréciera également l’idée de placer l’intrigue dans un décor naturel, campagnard, loin de la dimension urbaine des deux précédents volets. Un terrain de jeu différent qui permet d’apporter des mises en situation inédites au sein de la trilogie.
Bref, tout ça pour dire que 28 ans plus tard est une œuvre qui va diviser, tantôt géniale, tantôt décevante. Mais on est obligé de souligner la vivacité et l’envie avec lesquelles Danny Boyle a mis en boîte 28 ans plus tard. Sa liberté, son côté punk, son irrévérence anglaise et son excentricité n’ont en tout cas pris aucune ride !
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