Fonte du mont Blanc : faut-il s’inquiéter ?

Fonte du mont Blanc : faut-il s'inquiéter ?

Moins 2 mètres en 2 ans. D’après des études récentes, le mont Blanc aurait perdu 2,22 mètres de hauteur depuis 2021. De 4 807,81 mètres, son altitude est descendue à 4 805,59 mètres, ont annoncé les experts au début du mois. Le plus haut sommet de l’Europe occidentale serait-il en voie de perdre son titre ? Un constat alarmant dans le contexte de dérèglement climatique actuel. A-t-on raison de s’inquiéter ? Et quelles conclusions tirer de ces nouvelles mesures ?

Une fonte naturelle millénaire : entre vents et précipitations

La fonte du mont Blanc n’est pas nouvelle. En effet, si le rocher montagneux du géant culmine à 4 792 mètres, c’est l’épaisseur des neiges éternelles le recouvrant qui contribue à ses variations d’altitude. Dépendantes du cycle des saisons, du gel et du dégel, de la force du vent ou encore des précipitations, ces dernières peuvent s’accumuler ou fondre selon les années. Ainsi, une baisse d’altitude du plus haut sommet des Alpes n’est pas irrémédiable. Rien ne l’empêche, en principe, de reprendre de la hauteur l’année suivante. Christian Vincent, chercheur à l’Institut des Géosciences de l’environnement, déclarait d’ailleurs à ce sujet en 2021 :

Le sommet du Mont-Blanc est une crête de neige et de glace balayée par les vents continuellement. Cela génère une accumulation de neige ou au contraire, de l’érosion.

Ainsi, c’est à la fin de l’été que le mont Blanc atteint des sommets. En effet, les rafales violentes de la saison hivernale rabotent le « complexe dunaire ». Pouvant atteindre les 150 km/h, les vents se calment durant les beaux jours, permettant une accumulation plus importante de neige. Les variations de température, quant à elles, n’ont pas un impact significatif à ces hauteurs-là, d’après les experts.

Surveiller le mont Blanc : un travail de longue haleine au sommet de la technologie

Pour réaliser ces mesures, une technologie de pointe et une énergie humaine conséquente sont rassemblées tous les 2 ans. Depuis 2001, une équipe de géomètres experts et de volontaires sélectionnés gravit le plus haut sommet de France afin de collecter de précieuses données. Une succession de mesures qui permet aux scientifiques climatologues de mieux comprendre les phénomènes et leur évolution au cours du temps.

Expédition au sommet du Mont-Blanc, 14 septembre 2023, par Bruno Peyronnet

Pour cette 12ème édition, qui s’est déroulée du 14 au 17 septembre 2023, 22 personnes se sont mobilisées. Parmi elles, des ambassadeurs tels que Martin Fourcade, champion du monde de biathlon, et Liv Sansoz, championne du monde d’escalade. Une ascension de plus de 10 heures pour ces professionnels passionnés, fort d’une préparation physique rigoureuse. Ainsi, chacun d’entre eux doit être capable de faire face à l’hypoxie. Une situation dans laquelle l’oxygène disponible est réduit de 30 %, et ce durant 1 heure et demie voire 2 heures. Un phénomène à ne pas prendre à la légère, qui nécessite des temps d’acclimatation.

Chargés de 10 kg chacun, les membres de l’expédition sont pourvus d’un matériel technologique de pointe. L’évolution des techniques de mesure depuis les premières expéditions de la fin du XVIIIe siècle est considérable. Plus léger, l’équipement est constitué par exemple de GPS centimétriques, reliés aux antennes GPS des vallées et captant des satellites aussi bien américains que russes ou chinois. Par ailleurs, pour la première fois depuis le début des expéditions, un drone a pu être embarqué. Des outils onéreux, mais qui permettent une précision accrue et une collecte de données à l’instant t.

Les glaciers : une fonte qui inquiète davantage

Mais si la variation d’épaisseur des neiges éternelles du mont Blanc n’alarme pas les chercheurs, celle des glaciers européens et donc de ceux du Mont-Blanc inquiète davantage. Et l’homme n’y serait cette fois-ci pas pour rien.

La Mer de Glace, à Chamonix

Situés à plus basse altitude, les glaciers sont plus sensibles aux changements de température que les neiges éternelles. Ainsi, en 20 ans entre 2000 et 2020, ce serait un tiers de leur volume qui aurait disparu… Des chiffres peu rassurants, que les mesures de l’été 2022 dans les Alpes françaises ne viennent pas égayer. Avec une fonte quatre fois plus rapide que sur les 20 années précédentes, une perte de 5 à 7 % de la masse glaciaire a été observée par les glaciologues au sein de l’Espace Mont-Blanc. A ce titre, la Mer de Glace, plus grand glacier des Alpes, aurait reculé de 2 km en à peine deux siècles et perdu 120 mètres d’épaisseur en moins d’un siècle… D’après Christian Vincent:

« On a calculé  que tous les glaciers de taille moyenne qui culminent en dessous de 3 500 m d’altitude – et qui représentent trois quarts de la surface glaciaire en France – risquent de disparaître avant 2050. »

Si la fonte du mont Blanc n’est à priori pas une conséquence directe du dérèglement climatique, le massif alpin n’en reste pas moins très vulnérable. Avec une hausse des températures dans les Alpes de 2°C en l’espace de 30 ans seulement, la situation est critique. Les phénomènes de fonte ou de réchauffement sont accélérés, conséquence du bouleversement climatique actuel. Il apparaît urgent d’agir.

 

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