Qui était Eunice Newton Foote ? Il s’agit ni plus ni moins que de la scientifique qui, en 1856, découvrait les gaz à effet de serre. Qui était elle et quelle fut son expérience ?
Eunice Newton Foote, femme de sciences
Eunice Newton Foote est la fille d’un agriculteur, cousin éloigné de Isaac Newton. Elle est née le 17 juillet 1819 dans le Connecticut aux Etats-Unis. Eunice étudie à New Yorkdans une école pour jeunes filles qui dispense des enseignements scientifiques. La Troy Female Seminary (aujourd’hui la Emma Willard School), puis la Rensselear School.
En 1841, elle épouse le juge et mathématicien Elisha Foote. Militante des droits des femmes, Eunice signe en 1848 la Declaration of Sentiments, attestant de la première convention des droits des femmes Etats-Uniennes.
Une découverte consciente
On a longtemps attribué la découverte des gaz à effet de serre à l’irlandais John Tyndall, qui démontre en 1859 l’absorption des rayonnements infrarouges par le CO2. Mais Eunice Newton Foote l’avait déjà démontré en 1856. L’expérience consistait en une pompe à air et quelques thermomètres au mercure. Elle a placé différents gaz (vapeur d’eau, CO2, hydrogène) dans deux cylindres en verre, puis les a laissé au soleil. Par la suite, elle a pu constater que le CO2 (dioxyde de carbone) chauffait plus que les autres gaz quand il est exposé au soleil. Elle publia cette découverte dans l’American Journal of Science and Arts, dans un article intitulé « Circonstances affectant la chaleur des rayons du soleil ». Eunice conclut ainsi l’article en élaborant sur les conséquences globales de cette découverte :
“Une atmosphère composée de ce gaz donnerait à notre Terre une température élevée ; et si comme certains le supposent, a une période de notre histoire, l’air a été mélangé avec une plus grande proportion de CO2 qu’à présent, une température plus élevée a du nécessairement en résulter. »
Des travaux éclipsés… ou plagiés ?
On peut supposer que sa découverte a été éclipsée par sa place de femme scientifique. Lorsqu’elle fait parvenir ses travaux à la conférence annuelle de l’Association américaine pour l’avancement des sciences de 1857, ses résultats sont produits par un collègue masculin. Mais au final ils ne sont pas conservés dans les actes de la réunion.
Si la découverte est éclipsée, ce n’est peut-être pas directement du fait que Eunice est une femme… Mais parce qu’elle pratique en amateur. Cela étant dit, lorsqu’on était une femme scientifique aux Etats-Unis au XIXe siècle, on était un peu obligée de pratiquer en amatrice.
Les historiens se questionnent encore quant à la version de John Tyndall. Celui-ci avait-il eu accès aux travaux de Newton Foote ? Il était effectivement éditeur du British Philosophical Magazine, un journal qui a par plusieurs fois republié des articles du American Journal of Science and Arts. Dont un article du mari de Eunice, Elisha Foote, qui a été publié en même temps que celui de Eunice. Donc il n’est pas improbable que Tyndall ait plagié le travail de Newton Foote.
Dans tous les cas, on peut parler d’un effet Matilda, comme pour de nombreuses autres scientifiques, comme Mileva Einstein.
Nota Bene : « L’effet Matilda » désigne le déni ou la minimisation récurrente et systémique de la contribution des femmes scientifiques à la recherche, dont le travail est souvent attribué à leurs collègues masculins.
C’est donc le travail des historiens d’enquêter à la recherche des différentes versions de l’histoire, pour nous permettre de rendre justice aujourd’hui aux oubliés d’hier. Comme le fait Google en mettant Eunice Newton Foote à l’honneur avec son Doodle du 17 juillet 2023 ou le court métrage Eunice sorti en 2018.
Sources :
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